Les dirigeants africains ont entĂ©rinĂ© dimanche Ă Kigali lors du sommet de l’Union africaine le principe d’une taxe sur les importations afin de ne plus reposer sur les aides extĂ©rieures pour son financement.
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Le financement des activitĂ©s de lâUnion africaine constitue un vĂ©ritable dĂ©fi, compte tenu du fait que prĂšs de 75 % du budget de lâorganisation provient des financements extĂ©rieurs.
Le budget de lâUA jusque lĂ financĂ© aux Ÿ par des aides extĂ©rieures
En outre seuls 7 % des Ătats membres payent effectivement leurs cotisations, dĂ©plore-t-on. Les responsables africains ont donc dĂ©cidĂ© dâinverser la tendance Ă lâoccasion de leur 27e  sommet qui se tient dans la capitale rwandaise.
La nouvelle taxe de 0,2%, doit s’appliquer Ă toutes les importations des 54 Etats membres de l’Union, Ă l’exclusion de certains biens de premiĂšre nĂ©cessitĂ© qui restent Ă dĂ©terminer.
Le mode de financement de lâorganisation, jusque lĂ assurĂ© aux trois quarts par des aides extĂ©rieures, avait avancĂ© significativement lors du sommet de Johannesburg, il y a un an, au cours duquel les membres avaient entĂ©rinĂ© le principe dâun financement Ă 100% par les Ătats, dont 75% pour les programmes de lâUA et 25% pour le fonds Paix et SĂ©curitĂ©. Il restait Ă prĂ©ciser comment rĂ©unir ces financements.
Selon le ministre rwandais de lâEconomie, Claver GatĂ©tĂ©  «les chefs dâĂtats de lâUnion africaine ont pris une dĂ©cision. Ils ont pris la dĂ©cision que les Africains, les pays membres devraient financer Ă 100 % les activitĂ©s opĂ©rationnelles de la commission de lâUnion africaine ».
La taxe sur les importations permettra Ă lâUA de lever 1,2 milliard usd
La nouvelle taxe sur les importations «permettra de gĂ©nĂ©rer environ 1,2 milliard de dollars», a-t-il soulignĂ©. Ce qui signifie quâ«en rĂ©alitĂ© cela apportera encore plus dâargent que ce qui est actuellement gĂ©nĂ©ré». «Ce montant sera connu dâavance et facile Ă obtenir, il sera recueilli par les autoritĂ©s fiscales de chacun de nos pays », a-t-il expliquĂ©.
Dans cette perspective, lâUnion africaine serait entiĂšrement autonome avec un surplus de moyens.
Cependant, le principal dĂ©fi est de passer de la parole aux actes et peut-ĂȘtre envisager des sanctions pour les mauvais payeurs.
Les nombreux retards et dĂ©fauts de paiement de leurs contributions par les Etats membres «affectent sĂ©rieusement le fonctionnement de l’Union africaine», a-t-il regrettĂ©.
Le budget 2016-2017 de l’UA s’Ă©lĂšve Ă 781 millions de dollars, hors opĂ©rations de maintien de la paix. Sur cette somme, les Etats membres ne financent que 212 millions, contre 569 millions de dollars par les donateurs Ă©trangers (Union europĂ©enne, Etats-Unis, Chine, Banque mondiale), soit prĂšs de 73% du budget.
De son cĂŽtĂ©, le reprĂ©sentant d’Oxfam auprĂšs de l’UA, DĂ©sirĂ© Assogbavi, a mis en garde contre les problĂšmes de mise en Ćuvre. «Il faut absolument que cette taxe soit prĂ©levĂ©e Ă la source, directement par ou pour l’Union africaine, sinon elle ne sera jamais appliquĂ©e», a-t-il soulignĂ©.
Le principe de taxes sur les billets d’avion, les nuits d’hĂŽtel et les SMS sur tĂ©lĂ©phone portable, avait Ă©tĂ© dĂ©jĂ entĂ©rinĂ©  en 2014 sur proposition de l’ancien prĂ©sident nigĂ©rian Olusegun Obasanjo, mais nâa jamais Ă©tĂ© concrĂ©tisĂ©.