Maghreb

Tunisie: les chefs d’entreprises pourraient observer une grève générale, selon l’UTICA

Par Maghreb Émergent 31 octobre 2017
Les industries électriques ont augmenté leurs exportations.

 La masse salariale a connu une hausse vertigineuse de plus de 3 milliards de dinars, entre l’exercice 2016 et celui de 2018.

 

La présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui a annoncé que les chefs d’entreprises tunisiens pourraient observer une grève générale ou encore fermer leurs unités de production, si le gouvernement poursuit sa démarche d’augmentation excessive des taxes imposées aux sociétés, pour la mobilisation davantage de recettes fiscales.
Intervenant lors d’une rencontre tenue au siège de l’organisation patronale, sur la LF 2018, elle a réitéré que « l’UTICA se retirera du Document de Carthage en cas d’adoption de la Loi de Finances 2018 dans sa version actuelle par l’ARP et décrétera l’escalade dans ses prochaines positions ».
Elle a, par ailleurs, regretté que les propositions avancées par l’organisation patronale, pour la LF 2018, n’ont pas été prises en considération, notamment en ce qui concerne la restructuration des entreprises publiques, la réforme du système de compensation et l’amélioration du climat des affaires.
« L’entreprise tunisienne n’a plus de souffle pour continuer à travailler dans des conditions pareilles », a-t-elle martelé.
De son côté, Habiba Louati, ancienne secrétaire d’Etat chargée de la fiscalité et des prélèvements et actuelle membre du Think Tank, « Solidar Tunisie », a souligné que tous les acteurs économiques et les responsables dans les différents domaines sont unanimes à déclarer que la LF 2018 est dépourvue de toute vision claire.

D’après elle, cette Loi de Finances n’a aucun objectif, à l’exception de la mobilisation des recettes afin de combler le déficit budgétaire engendré par une hausse faramineuse des dépenses de l’Etat, contre une augmentation moindre des ressources.
Dans ce cadre, elle a proposé aux différents acteurs économiques, représentants de la société civile et députés actifs dans la commission de Finances, à s’asseoir à la table de dialogue et à réfléchir ensemble sur les alternatives possibles qui seront en mesure de mobiliser des recettes au profit de la trésorerie de l’Etat, loin de la taxation de l’entreprise organisée et du recours à l’endettement extérieur.
Elle a rappelé, à ce propos, que les ressources propres de l’Etat ne représentent aujourd’hui que 70% du budget, alors qu’elles étaient auparavant à hauteur de 83%.

Pour sa part, le président du Directoire d' »Amen Bank », Ahmed Karam, a souligné que l’actuelle LF, comme celles qui l’ont précédée, est dépourvue d’audace au niveau des mesures et qu’elle se limite à chercher des niches de prélèvement d’impôt.
« Si nous continuons sur cette voie, nous risquons d’aller directement vers l’impasse », a-t-il mis en garde.
Partant, le responsable a estimé qu’il y a des solutions alternatives pour la collecte des recettes qui serviront au financement du budget de l’Etat. Il s’agit de recouvrer les dettes fiscales, de maitriser les dépenses de compensation, en ciblant au mieux les personnes nécessiteuses, de mettre en application les dispositions fiscales adoptées par l’ARP et qui instaure la transparence (telles que les caisses enregistreuses), et enfin d’oser la privatisation.

« La privatisation a sauvé le pays en 1986. A cet époque, le gouvernement avait privatisé 130 entreprises, ce qui a permis de drainer des ressources supplémentaires à la trésorerie, mais aussi de garantir la pérennité des sociétés et de préserver des milliers de postes d’emploi », a-t-il rappelé. Quant à l’expert comptable, Walid Ben Salah, il a évoqué deux grandes défaillances qui sont à l’origine du déséquilibre financier du budget de l’Etat. Il s’agit de la masse salariale, laquelle a connu une hausse vertigineuse de plus de 3 milliards de dinars, entre l’exercice 2016 et celui de 2018, et la pression fiscale qui ne cesse d’étouffer les acteurs économiques.

Partageant le même point de vue, Nafaa Naifer, membre du bureau exécutif de l’UTICA, chargé de la commission économique, a indiqué que la pression fiscale figure parmi les causes de la perte de confiance des chefs d’entreprises, d’où la baisse des investissements, de la production et par conséquence des impôts collectés au profit de trésorerie de l’Etat.
« Notre vrai problème en Tunisie, c’est que nous ne nous attaquons pas directement aux origines de nos maux, mais nous cherchons toujours les solutions de facilité », a conclu Naifer, invitant les responsables gouvernementaux à concevoir des solutions réelles pouvant redresser la situation économique du pays.

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