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PPI : le ministère du Commerce recadre l’ABEF et réduit la portée de l’exemption

Par Lynda NACER 23 novembre 2025

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Les banques algériennes peuvent exceptionnellement domicilier sans documents jusqu’au 31 décembre, selon une note de l’ABEF du 20 novembre. Mais un communiqué du ministère du Commerce publié ce dimanche 23 novembre vient sérieusement restreindre la portée de cette mesure.

Trois jours. C’est le temps qu’il aura fallu au ministère du Commerce extérieur pour doucher les espoirs nés de la note de l’Association des Banques et Établissements Financiers (ABEF). Le 20 novembre, l’ABEF annonçait que les banques pouvaient, à titre exceptionnel jusqu’au 31 décembre 2025, domicilier des factures d’importation sans exiger le Programme Prévisionnel d’Importation (PPI) pour les « besoins propres » des entreprises, ni l’autorisation préalable pour les importations destinées à la revente.

Détail qui a son importance : l’ABEF précise dans sa lettre avoir “saisi le Ministère du Commerce Extérieur et de la Promotion des Exportations à ce sujet” avant de publier sa note. Autrement dit, elle pensait avoir l’aval du ministère. Le 23 novembre, le communiqué officiel vient pourtant rectifier le tir. Et la correction est brutale.

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Une exemption réduite aux seuls frais de fret

Selon le communiqué ministériel, “l’exception annoncée par l’ABEF ne concerne que les frais de fret (FRET)”. Point final. Toutes les importations, qu’il s’agisse de revente, d’équipements, de matières premières, restent soumises au PPI, à l’autorisation préalable et au programme d’encadrement en vigueur. Le ministère précise même que “les entreprises doivent continuer d’appliquer strictement les règles habituelles pour tout ce qui n’est pas le fret”.

Autrement dit, la bouffée d’oxygène espérée n’en est pas vraiment une. L’exemption ne concerne qu’un aspect très limité des opérations d’importation : la domiciliation des frais de transport maritime ou aérien inclus dans les factures. Tout le reste -la marchandise elle-même, les équipements industriels, les pièces de rechange, les consommables continue d’être coincé dans les méandres administratifs du PPI.

Un malentendu ou un recadrage politique ?

Difficile de savoir si l’ABEF a interprété trop largement une directive ministérielle floue, ou si le ministère a décidé de faire marche arrière face à une mesure jugée trop permissive. La lettre de l’ABEF du 20 novembre parlait pourtant clairement d’importations “destinées à la couverture des besoins propres (fonctionnement et/ou équipement)” et d’importations “destinées à la revente en l’état”, sans aucune mention restrictive sur les seuls frais de fret.

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Le ministère, lui, rectifie publiquement et écrit noir sur blanc que l’exception ne vaut que pour le fret. Une correction publique qui ressemble à un désaveu. Et qui laisse les opérateurs économiques dans le flou le plus total. Ceux qui auraient commencé à préparer des dossiers de domiciliation sans PPI pour leurs équipements ou leurs matières premières vont devoir tout recommencer.

Les industriels pris entre deux feux

Pour les entreprises algériennes, c’est un nouveau coup dur. Le témoignage d’Oussama Hamouche, opérateur économique employant plus de 300 personnes, reste d’actualité : “Établir un planning d’importation peut prendre cinq mois, alors que nos usines ont commencé à manquer de matière première”. Avec cette clarification ministérielle, l’asphyxie continue. Les délais de validation du PPI, les blocages administratifs, l’impossibilité d’ajuster rapidement les importations aux besoins réels de production; tout cela demeure.

L’exemption sur les frais de fret peut certes faciliter quelques démarches bancaires, mais elle ne règle rien au problème de fond. Les industriels qui espéraient pouvoir enfin importer leurs intrants de production ou leurs équipements sans passer par des mois de procédures devront patienter. Jusqu’à quand ? Le 31 décembre approche, et aucune solution structurelle n’est annoncée.

Entre la note de l’ABEF et le communiqué du ministère, on assiste à une confusion qui en dit long sur l’improvisation dans la gestion de ce dossier. Les opérateurs économiques, eux, attendent toujours qu’on les laisse simplement travailler.

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