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Pétrole : L’Algérie a “déjà exploité plus de 60 % de ses réserves prouvées”, prévient la Banque mondiale

Par Lynda NACER 6 décembre 2025
Employés de l’ENTP manipulant du matériel de forage sur un site pétrolier en Algérie.
Techniciens de l’ENTP en opération sur un site de forage pétrolier en Algérie, un secteur stratégique pour l’économie nationale. (DR)

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La Banque mondiale tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié le 4 décembre 2025, l’institution pointe les failles du modèle économique algérien, pris entre l’épuisement des réserves pétrolières et le coût croissant du changement climatique. Continuer comme avant n’est plus une option, prévient le document.

Les hydrocarbures pèsent plus de 90 % des exportations algériennes de biens. Mais “le pays a déjà exploité plus de 60 % de ses réserves prouvées”, souligne le rapport. Pire, la consommation domestique augmente, grignotant année après année les volumes disponibles à l’export. La demande mondiale de pétrole devrait atteindre son pic vers 2030, puis décliner. L’offre, elle, continue de progresser. Double pression sur les prix, double menace sur les revenus de l’État.

Le constat est d’autant plus préoccupant que l’économie algérienne dispose de peu d’alternatives. Les exportations hors hydrocarbures ne représentent que 3 % du total. Une dépendance qui rend le pays vulnérable à chaque soubresaut du marché pétrolier. Les recettes publiques suivent la même logique : quand le baril vacille, le budget trinque.

La facture climatique explose

Entre 2000 et 2015, les catastrophes naturelles ont coûté 545 milliards de dinars au pays. Les inondations représentent 70 % de cette facture. La Banque mondiale projette que, selon ses estimations, “ces pertes pourraient atteindre en moyenne 0,7 % du PIB par an, soit le double du coût historique moyen”.

Les températures ont grimpé de 1,5 à 2°C depuis les années 1960. Les précipitations ont chuté de 10 à 20 % dans le Nord-Ouest et les Hautes Plaines, les régions les plus touchées. D’ici 2100, le thermomètre pourrait encore grimper de 2 à 4°C. Les projections tablent aussi sur une baisse continue des pluies.

Ces bouleversements climatiques frappent un pays déjà sous tension hydrique. L’agriculture, secteur stratégique pour la sécurité alimentaire, subit de plein fouet la multiplication des sécheresses. Les zones littorales, où se concentre l’essentiel de la population, ne sont pas épargnées par les épisodes de fortes pluies.

Le piège du MACF européen

L’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) en 2026 complique encore la donne. Bruxelles imposera des droits additionnels sur les importations à forte intensité carbone. Sont visés : les engrais, le fer, l’acier et le ciment. Justement les produits qui constituent l’essentiel des exportations algériennes hors hydrocarbures.

Le dispositif européen vise à éviter les fuites de carbone, ces délocalisations d’industries polluantes vers des pays aux normes environnementales moins strictes. Mais il pénalise du même coup les exportateurs des pays tiers. L’Algérie, principal fournisseur de gaz de l’Europe du Sud, se retrouve face à un dilemme : verdir sa production ou perdre des parts de marché.

Seule note positive dans ce tableau : “l’Algérie a enregistré en 2024 la deuxième plus forte réduction mondiale du torchage de gaz”, note le rapport. Cette pratique, qui consiste à brûler le gaz naturel extrait lors de la production pétrolière, représente un gaspillage économique et une source majeure d’émissions. Une avancée significative. Mais le chemin vers la diversification économique reste long.

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