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Lors de son interrogatoire le 10 juillet Ă Milan, dans le cadre des audiences prĂ©liminaires Ă son jugement, lâancien PDG dâEni, Paolo Scaroni, a dit « ne rien savoir sur ce prĂ©tendu versement de pots-de-vins Ă lâAlgĂ©rie de la part de Saipem », a rĂ©vĂ©lĂ© hier le quotidien Ă©conomique italien Il Sole 24 Ore.
« Je ne savais rien du paiement prĂ©sumĂ© de pots-de-vin Ă lâAlgĂ©rie par Saipem, sur laquelle je nâavais aucun pouvoir de direction », câest ainsi que lâancien PDG dâEni a rĂ©pondu au juge du parquet de Milan, Alessandra Clemente, lors de son audition prĂ©liminaire de vendredi, pour lâaffaire de corruption internationale dont il est accusĂ©. Cette audition fait suite Ă la fermeture, en janvier dernier, de lâenquĂȘte pour corruption internationale oĂč est impliquĂ© lâancien PDG de la multinationale pĂ©tro-gaziĂšre italienne Eni, puis Ă son renvoi au procĂšs le 12 fĂ©vrier dernier, ainsi que sept autres personnes, aprĂšs la rĂ©union des preuves contre lui. Paolo Scaroni aurait Ă©tĂ© au courant du versement de 198 millions dâeuros Ă des responsables politiques algĂ©riens par sa filiale Saipem, pour lâobtention dâun marchĂ© de 8 milliards de dollars. Une mise sur Ă©coute, en 2013, de Paolo Scaroni, de son responsable de communication de lâĂ©poque, Gianni di Giovanni, ainsi que lâancien ministre du dĂ©veloppement Ă©conomique, Corrado Passera, rĂ©vĂšle que M. Scaroni connaissait et admettait les 198 millions dâeuros payĂ©s Ă un responsable politique algĂ©rien. « Je suis Ă©galement dâaccord quâils sont en quelques sortes des pots-de-vin donnĂ©s Ă des responsables politiques algĂ©riens », aurait dit par tĂ©lĂ©phone Scaroni Ă Corrado Passera en 2013.
Une « hypothÚse infondée »
Selon la presse italienne, lâancien PDG dâEni estime, lors de son interrogatoire, que sa connaissance de ces prĂ©tendus pots-de-vin nâest quâune hypothĂšse formulĂ©e par le parquet de Milan, mais « quâavec le temps, le parquet se serait rendu compte quâil nây a aucune preuve du paiement de pots-de-vin au ministre algĂ©rien de l’Energie », et donc « ne croit plus Ă cette hypothĂšse accusatrice, infondĂ©e compte tenu de la reconstitution de l’incident fait par les magistrats de Milan titulaires du dossier ».
Sâagissant de sa non responsabilitĂ© directe dans lâaffaire, il affirme « quâen sa qualitĂ© de PDG dâEni, il nâavait aucun pouvoir de direction sur Saipem ». Paolo Scaroni est pourtant poursuivi par la justice italienne en vertu la loi 231 du 2001 qui prĂ©voie « la responsabilitĂ© administrative des entreprises pour des crimes commis par leurs administrateurs ».
Affaire en cours
La justice italienne avait ouvert en septembre dernier une enquĂȘte sur lâentreprise financiĂšre Paolo Scaroni Trust, par laquelle auraient transitĂ© les 198 millions dâeuros en direction de lâentreprise Pearl Partener dirigĂ©e par Farid Beedjaoui, qui est sous mandat d’arrĂȘt  dâInterpol depuis avril 2014.
La justice milanaise a entendu, les 2 et 3 dĂ©cembre 2014, lâancien dirigeant de Saipem Contracting AlgĂ©rie, Tullio Orsi, qui a apportĂ© les preuves de lâimplication de son ancien PDG, Paolo Scaroni, ainsi que de Pietro Varone, responsable de lâunitĂ© des affaires On Shore de Saipem SA entre 2005 et 2008.
Dâautres personnes sont appelĂ©es Ă comparaitre devant la justice milanaise. Il sâagit en lâoccurrence de : Alesandro Bernini (Directeur des Finances dâEni, puis de Saipem), Antonio Vella (responsable de Eni Afrique du Nord), ainsi que les deux intermĂ©diaires algĂ©riens Farid Bedjaoui et Samir Ouraied.
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