Alors que le ministre des Finances propose une titularisation suite à un seul examen final, il est désavoué par le chef du gouvernement qui propose des recrutements en deux vagues, en 2016 et 2017.
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Les enseignants stagiaires marocains, qui revendiquent leur titularisation, ont provoquĂ© en fin de semaine dernière une mini-crise au sommet du gouvernement. Les explications du ministre des Finances et de l’Economie Mohamed Boussaid Ă une lettre de deux partis de l’opposition sur la gestion du dossier des enseignants stagiaires ont provoquĂ© une violente rĂ©action du Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane.Â
Dans un communiquĂ© publiĂ© dimanche 3 avril, Benkirane dĂ©savoue son ministre des Finances et recadre le dĂ©bat sur la crise des enseignants stagiaires, dont la dernière manifestation Ă Rabat a Ă©tĂ© violemment rĂ©primĂ©e, avec beaucoup de blessĂ©s. Le communiquĂ© qualifie d' »initiative individuelle entreprise sans concertation avec le chef du gouvernement » la lettre de Boussaid, datĂ©e du 30 mars 2016, aux prĂ©sidents des groupes parlementaires du PAM et de l’USFP Ă la Chambre des conseillers. Les prĂ©sidents des deux groupes parlementaires ont demandĂ© au ministre « dans quelle mesure les procĂ©dures techniques et administratives permettent d’organiser un seul examen final puis de recruter les candidats en deux tranches ? », une Ă la rentrĂ©e et l’autre en janvier 2017. Le ministre de l’Economie a, dans sa rĂ©ponse, expliquĂ© qu' »un dĂ©cret fixant les modalitĂ©s de l’examen, ainsi que la rĂ©partition des postes entre les deux annĂ©es budgĂ©taires est nĂ©cessaire ». Autrement dit, l’option envisagĂ©e et acceptĂ©e par les enseignants stagiaires, qui seraient plus de 20.000 au Maroc, d’un seul examen final reste possible.
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Benkirane désavoue son ministre des Finances
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Mais, ce n’est pas l’avis de Benkirane, selon qui « cette correspondance s’inscrit en faux par rapport Ă la solution proposĂ©e par le gouvernement ». Le gouvernement estime qu' »il n’y a nul besoin d’Ă©mettre un dĂ©cret ou une dĂ©cision fixant les conditions et les modalitĂ©s d’un concours de recrutement des laurĂ©ats des centres rĂ©gionaux des mĂ©tiers de l’Ă©ducation et de la formation au titre de l’annĂ©e scolaire 2016-2017″.Â
En clair, le gouvernement maintient « sa » solution, qui consiste en l’organisation d’un premier concours, dans le cadre des postes budgétaires prévus par la loi de finances 2016, alors que le deuxième se fera dans le cadre des postes budgétaires qui seront créés en 2017.
En plus, Abdelilah Benkirane dĂ©savoue Mohamed Boussaid en affirmant qu' »aucun ministre n’a le droit d’agir en dehors de ce cadre, quelle qu’en soit la forme ».
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Des recrutements en deux vagues, propose le gouvernement
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Selon un projet d’accord adoptĂ© par les enseignants stagiaires et les autoritĂ©s, le gouvernement devrait revoir les conditions de recrutement des 10.000 enseignants stagiaires ayant rĂ©ussi l’examen d’accès au Centre de formation Ă l’enseignement et qui prĂ©voyaient que seuls 7.000 devaient ĂŞtre recrutĂ©s. Selon MĂ©dia24, « le gouvernement est prĂŞt Ă recruter les Ă©lèves de cette promotion en deux vagues, après concours Ă chaque fois: la première en aoĂ»t 2016 et la seconde au plus tard quatre mois après ».
Ils Ă©taient des milliers Ă Casablanca, Tanger, Marrakech, Fès, Oujda, Tanger, Inezgane et dans tout le Maroc, Ă manifester et se faire tabasser jeudi 7 janvier dernier, pour rĂ©clamer l’annulation de deux dĂ©crets du ministère de l’Education nationale portant sur la sĂ©paration entre la formation et le recrutement. Le clash entre le chef du gouvernement et son ministre des Finances a incitĂ© la coordination des enseignants stagiaires Ă programmer prochainement des marches et des sit-in Ă l’appui de leur revendication.