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Maghreb

Maroc-Le débat parlementaire sur la légalisation de la culture du cannabis est lancé

PrÚs de 48.000 agriculteurs versés dans la culture du cannabis vivent dans la plus grande clandestinité dans les montagnes du Rif

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L’idĂ©e de lĂ©galiser  la culture du cannabis progresse au Maroc, premier producteur mondial de cette drogue. LancĂ©e par un parti dont le  »patron » est proche du Roi, le dĂ©bat parlementaire sur la lĂ©galisation de cette culture a commencĂ©.

 

 

Le dĂ©bat sur la lĂ©galisation de la culture du cannabis, lancĂ© la semaine derniĂšre sous forme de journĂ©e d’Ă©tude organisĂ©e par les groupes de la majoritĂ© au parlement, a commencĂ©, mĂȘme si officiellement, le thĂšme de cette rencontre parlementaire portait sur  »les perspectives de dĂ©veloppement dans le monde rural ».  L’objectif de cette journĂ©e d’Ă©tude portait sur l’identification  »des dysfonctionnements cumulĂ©s depuis plusieurs annĂ©es, en dĂ©pit des efforts fournis » dans le monde rural, selon un dĂ©putĂ© du PJD (islamiste, au pouvoir). Pour autant, l’ordre du jour de la rencontre portait sur les positions des partis sur le dĂ©bat autour de la lĂ©galisation de la culture de cannabis, une idĂ©e lancĂ©e et dĂ©fendue par le parti de l’AuthenticitĂ© et de la ModernitĂ© (PAM), et de l’Istiqlal, un des plus vieux partis du Maroc. En fait, la proposition de dĂ©bat parlementaire lancĂ©e par ces deux formations politiques sur la lĂ©galisation de la culture du cannabis, notamment Ă  des fins thĂ©rapeutiques, avait pris de court la majoritĂ© parlementaire, en particulier le PJD de Abdelilah Benkirane. Le dĂ©bat devenait d’autant musclĂ© entre l’opposition et la majoritĂ© au parlement dĂšs lors que le PAM et l’Istiqlal dĂ©fendent ouvertement la lĂ©galisation de la culture du cannabis et rĂ©clament une amnistie au profit des agriculteurs poursuivis par la justice.

Le PJD out du débat sur le cannabis

Mais, cette idĂ©e est farouchement combattue, pour le moment, par les dĂ©putĂ©s du parti au pouvoir. Abdallah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD, estime, lors de cette rencontre, que  »la prĂ©sentation de la lĂ©galisation de la culture de cannabis dans le Rif comme outil de dĂ©veloppement social est plutĂŽt liĂ© Ă  des surenchĂšres Ă©lectorales. Surtout que les mĂȘmes positions ont Ă©tĂ© affichĂ©es par ces partis avant les Ă©lections de 2009 ».  CitĂ© par l’Economiste, il souligne que le PAM et l’Istiqlal veulent  »renforcer les rangs de leurs Ă©lecteurs en profitant de la misĂšre des gens, ou encore de chercher des sources de financement de leurs campagnes Ă©lectorales en donnant des promesses de lĂ©galiser la culture de cannabis ».  Et  puis,  »le traitement de ce dossier est l’affaire de l’Etat, et non pas d’un parti politique », relĂšve-t-il. Le PJD serait-il en perte de vitesse par rapport Ă  l’opposition sur ce dossier ? Le PAM, selon la presse marocaine, serait en passe de dĂ©poser une proposition de loi au Parlement portant sur la lĂ©galisation de la culture du cannabis Ă  des fins thĂ©rapeutiques.

Une loi pour les producteurs de cannabis

Le PAM, dont le fondateur, Fouad El Himma, ancien ministre dĂ©lĂ©guĂ© Ă  l’intĂ©rieur est un des proches du roi Mohamed VI, va plus loin et veut fĂ©dĂ©rer Ă  ses efforts de lĂ©galiser la culture d cannabis le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). Il a transmis, selon la presse marocaine, une lettre Ă  son prĂ©sident, Driss El Yazami, l’invitant Ă  constituer une commission d’enquĂȘte sur les abus dont les agriculteurs-producteurs (de cannabis) seraient victimes. Selon le PAM, des dizaines de milliers de cultivateurs seraient actuellement poursuivis dans des affaires relatives Ă  la culture du cannabis. A l’hiver dernier s’Ă©tait tenue Ă  Brrered, dans l’Atlas, une rĂ©union qui avait regroupĂ© plus de 2.000 petits et grands cultivateurs de cannabis, Ă  l’initiative du PAM et l’Istiqlal. Objectif:  »trouver des rĂ©ponses aux problĂšmes de ces cultivateurs d’un genre particulier », dont l’insĂ©curitĂ© et la clandestinitĂ©. Selon le ministĂšre marocain de l’IntĂ©rieur, prĂšs de  48.000 agriculteurs versĂ©s dans la culture du cannabis vivent dans la plus grande clandestinitĂ© dans les montagnes du Rif, entre Nador, Koutama et El Hoceima. Le rapport 2014 de l’office des Nations Unies contre le crime et la drogue indique le Maroc est toujours le premier producteur mondial de rĂ©sine de cannabis (Kif). La production marocaine de cannabis a Ă©tĂ© de 38.000 tonnes, avec 760 tonnes de kif. La production marocaine de cannabis s’étale sur un peu plus de 47.000 hectares, principalement dans les montagnes du Rif.