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Maghreb

Maroc: Empêché de former son gouvernement, Benkirane poussé vers la démission (Think Tank)

Par Yazid Ferhat 7 mars 2017

Le parti Justice et développement (PJD), qui a remporté les élections législatives marocaines du 7 octobre dernier, pour la seconde fois après la révision de la Constitution dans la foulée du Printemps arabe, n’arrive par à former une majorité gouvernementale. Pis, le chef de gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, est poussé par le Makhzen à la démission.

 

C’est la conclusion d’un rapport réalisé par le Centre arabe de la recherche et des études politiques, un Think tank qatari basé à Doha, intitulé  »crise de la formation du gouvernement au Maroc : mission impossible ? » Le Think Tank s’interroge sur les causes du retard (six mois) pour la formation du gouvernement marocain. N’ayant pas obtenu la majorité aux législatives du 7 octobre 2016, le PJD était dès lors obligé de composer avec les autres partis pour former un gouvernement de coalition. Mais, depuis octobre dernier, les tractations trainent en longueur. Acculé, Benkirane avait la semaine dernière menacé de démissionner, ou de dissoudre le PJD. D’autant que la nouvelle Constitution, décidée par Mohamed VI pour satisfaire l’opposition et la colère de la rue contre la monarchie, ne précise pas les délais pour la formation d’un gouvernement après des élections.

Impasse programmée ?

Selon le Think tank qatari, la victoire du PJD, la seconde d’affilée, aurait contrarié les objectifs du Makhzen. Le régime politique marocain, qui tablait sur la fin des conséquences des effets du Printemps arabes au Maroc, et donc une défaite électorale des islamistes, a  été surpris par la victoire du PJD.  Le Centre arabe de la Recherche et des Etudes Politiques, estime que le blocage de la formation d’un gouvernement confirme les doutes quant à l’existence d’un  »mouvement au sein des cercles de prise de décision, cherchant à empêcher le Parti de la Justice et du Développement de former un troisième gouvernement », en fait  »un droit garanti par la constitution au parti gagnant les élections, pour pousser à l’organisation de nouvelles élections. » Le Think tank qatari parle en outre d’une  »insatisfaction (qui) règne au sein du Makhzen depuis les résultats des élections du 7 octobre. » Pis, le Think tank qualifie de dépassé  »le circuit de mainmise électorale » adopté par le Makhzen, et géré par le ministère de l’Intérieur, alors qu »’une commission indépendante des élections » aurait été recommandée, estime le rapport, qui qualifie le Maroc  »de régime hybride », et qui  »ne devrait pas mélanger les pratiques démocratiques modernes avec d’autres cataloguées comme autoritaristes et traditionnelles. »

Calculs contrariés du makhzen ?

 »Le Maroc n’est ni un véritable régime démocratique ni un régime totalitaire authentique », soutient par ailleurs le Think Tank qatari. Dans cette situation de blocage de la formation d’une majorité gouvernementale par le Makhzen, selon ce rapport, il ne reste que deux scénarios possibles pour une sortie de crise. Soit parvenir à  »une nouvelle entente », pour mener  »la réforme à l’ombre de la stabilité et la monarchie comme garantie de l’unité du pays », ou une démission d’Abdelilah Benkirane, qui conduirait soit à l’organisation de nouvelles élections anticipées, soit à la nomination d’Ilias El Omari, secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), créée en 2008 par un proche du roi, et arrivé en seconde position aux élections d’octobre 2017. Ilias El Omari avait cependant, quelques heures après l’annonce des résultats du scrutin, confirmé sa décision d’entrer dans l’opposition et de ne jamais faire partie d’un gouvernement conduit par les Islamistes. Deux options déjà évoquées par Benkirane devant ses militants et le syndicat (UNTM) la semaine dernière.

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