M A G H R E B

E M E R G E N T

Maghreb

Libye – l’aprés Kadhafi n’a pas évité le chaos (Opinion)

Par Maghreb Émergent 21 octobre 2016

Il y a tout juste cinq ans, le 20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi a été assassiné. Depuis, le pays demeure dans un état déplorable. Désormais, la crise économique coïncide avec le chaos politique, sécuritaire et migratoire en Libye.

 

« Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort », avait lâché Hillary Clinton, alors secrétaire d’État américaine, après avoir appris la mort du colonel libyen Mouammar Kadhafi. En s’expliquant sur Fox News plus tard, elle avait assuré que Washington ne savait même pas ce qui s’était passé. Mme Clinton parlait alors de la nécessité d’enquêter sur la mort de Kadhafi. Et pourtant, aucune enquête n’a été menée.
La nouvelle Libye n’a pas su retrouver la paix, ni la stabilité politique. Il n’y a pas pour le moment un seul des trois centres de pouvoir en Libye qui contrôlerait le territoire du pays en entier.
Mme Clinton n’était pas la seule à vanter ses acquis en Libye. Selon le premier ministre britannique de l’époque David Cameron, c’est le Royaume-Uni et la France qui ont dû prêter main-forte à la Libye. « Maintenant, alors que votre courage a écrit le dernier chapitre de l’histoire libyenne, il doit écrire le prochain; et vos amis en Grande-Bretagne et en France seront à vos côtés alors que vous construisez votre démocratie et bâtissez votre pays pour l’avenir », a déclaré M. Cameron lors de sa visite en Libye juste après le renversement de Kadhafi.
Le président américain Barack Obama a été le premier à reconnaître que les Occidentaux n’avaient pas préparé comme il se doit « le jour d’après ». « Ma pire erreur aura probablement été de n’avoir pas mis en place un plan pour le « lendemain », après ce qui fut, je pense, une intervention justifiée en Libye », a confié le président américain dans un entretien accordé à Fox News.
Riche en ressources pétrolières et gazières, la Libye représente pour autant aujourd’hui un pays où la plupart de la population vit sous le seuil de pauvreté et souffre du chômage. Les salaires sont payés en retard, les projets d’investissements ont été gelés. En 2015, le déficit budgétaire a dépassé 60 % du PIB. Les revenus pétroliers ont chuté de 50 %.
Le Général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset compare la situation économique dans le pays sous Kadhafi et après: « Avant le déclenchement de la guerre civile en Libye, c’était quand-même un pays qui avait le meilleur indice de développement humain de tous les pays d’Afrique. Donc on était quand-même dans quelque chose qui fonctionnait relativement bien pour la grande majorité de la population… Globalement la situation était plutôt favorable à une bonne partie de la population. Et puis depuis le renversement de Kadhafi tout ce qui était considéré comme les progrès — progrès économique ou progrès social ou progrès santé ou progrès éducation — a disparu ».
Le chef de la Grande Jamahiriya a été assassiné de manière barbare et humiliante. Des forces rebelles soutenues par l’Otan seraient derrière sa mort. L’intervention militaire du Royaume-Uni en Libye en 2011 était fondée sur des « postulats erronés », estiment aujourd’hui des parlementaires britanniques ayant publié un rapport critique en septembre dernier. La préoccupation d’un nombre de plus en plus important d’Européens porte sur son héritage dont le coup dur est violement ressenti actuellement dans l’UE. Depuis le renversement de Mouammar Kadhafi, le pays s’est transformé en un foyer de radicaux, y compris de terroristes et est devenu le point de départ principal de réfugiés de toute l’Afrique vers l’Europe. Plus de 150 000 personnes ont quitté les côtes libyennes pour trouver refuge en Europe. « C’est largement les migrants qui viennent de toute Afrique et qui utilisent la Libye comme le point de passage en direction de l’Europe », explique Jean-Vincent Brisset. « Il est évident que s’il y était resté un régime fort en Libye, quel que soit ce régime, que ce soit celui de Kadhafi ou de quelqu’un d’autre, ces flux de migrants n’auraient pas été autorisés à passer et les passeurs, qui sont sur les côtes libyennes, dans le golfe de Syrte n’auraient pas pu travailler comme ils travaillent actuellement. Donc on peut considérer que le renversement du régime de Kadhafi ou le non-remplacement du régime de Kadhafi par un régime étatique solide est une des raisons qui causent ces flux de migrants », conclut l’expert.

 

ARTICLES SIMILAIRES

À l'honneur Á la une

L’Algérie invitée à une initiative pour protéger les cétacés en mer d’Alboran

L’Algérie est invitée à participer, aux côtés du Maroc, de l’Espagne et de Gibraltar, à une initiative visant à protéger les cétacés en mer d’Alboran, rapporte le site Nova Ciencia…. Lire Plus

Á la une Actualités

Maroc–Espagne : Pourquoi Sánchez n’a pas franchi la ligne Macron

La treizième Réunion de Haut Niveau entre le Maroc et l’Espagne, tenue les 3 et 4 décembre, s’est déroulée dans une atmosphère de retenue inhabituelle. Rabat espérait obtenir un soutien… Lire Plus

Á la une Actualités

Sommet Madrid–Rabat : idylle en haut, méfiance en bas

Le 13ᵉ sommet hispano-marocain de haut niveau qui se tient à Madrid les 3 et 4 décembre 2025 est présenté par Madrid et Rabat, comme l’expression d’une étape consolidée dans… Lire Plus

Actualités Maghreb

5G au Maghreb : trois pays, trois stratégies… à trois vitesses

Le Maghreb est en train de basculer dans l’ère 5G, mais à trois vitesses : l’Algérie vient tout juste de cadrer juridiquement le déploiement, la Tunisie a déjà lancé ses premières… Lire Plus

Actualités Maghreb

Après sa voisine algérienne, la Deglet Nour tunisienne obtient le label Codex Alimentarius

La variété tunisienne de la datte « Deglet Nour » a été inscrite aux normes Codex Alimentarius des spécificités aux dattes fraîches. Une annonce qui intervient quelques jours l’obtention du même label… Lire Plus