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Économie

Les marchés sont secoués par l’annonce d’un référendum sur les propositions des créanciers de la Grèce

Par Yacine Temlali 29 juin 2015
Le gouvernement a fait fermer les banques pendant une semaine de peur de retraits massifs de fonds.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, aurait transmis au Premier ministre grec une dernière proposition d’accord globale, de façon officieuse, dimanche soir. Alexis Tsipras devrait, s’il l’acceptait, faire campagne en faveur du « oui » lors du référendum, selon le journal belge Le Soir, et un sommet serait convoqué lundi pour en prendre acte.

 

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé, dimanche 28 au soir, la fermeture des banques et le contrôle des capitaux jusqu’au 6 juillet. La Grèce et ses créanciers ne sont par parvenus à s’entendre au terme de l’Eurogroupe, vendredi 26. Alors qu’un accord se profilait suite aux propositions hellènes du 22 juin, proches des exigences de la troïka (FMI, BCE, UE), si l’on les compare avec celles du 16 juin, l’option du Grexit a fait son retour. L’incertitude va régner jusqu’à la tenue, le 5 juillet, du référendum, portant sur les propositions des créanciers annoncé par Alexis Tsipras.

 

Referendum

 

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras a invoqué la tenue d’un référendum le 5 juillet. Les Grecs sont appelés à voter pour ou contre le plan d’aide européen tel qu’il résulte des propositions des créanciers. Dans la foulée, la réunion de l’Eurogroupe – la 11ème depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir – s’est terminée sans accord. Fait marquant, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a été exclu d’une partie des négociations. 

 

Dans son discours devant la Vouli, le Premier ministre grec estime que « les créanciers n’ont pas cherché notre approbation mais l’abandon de notre dignité, il faut le refuser ». Il a précisé qu’en cas d’acceptation par les Grecs, il « respectera ce choix et le fera respecter. » A Bruxelles, certains raillent la soumission au référendum d’un texte dépourvu de valeur normative et y décèlent une nouvelle fois l’amateurisme du gouvernement hellène. L’Eurogroupe s’est opposé au référendum. Sa tenue effective est encore hypothétique. De plus, les propositions des créanciers n’auront plus cours au 1er juillet, il conviendra certainement de reformuler la question.

 

Fermeture des banques

 

Dimanche 29 juin, au soir, un conseil de situation financière a réuni plusieurs ministres ainsi que Yannis Stournaras, le gouverneur de la Banque de Grèce. Le conseil a décidé de fermer les banques pour une durée d’une semaine. Ces mesures rappellent ce qui s’est produit à Chypre en 2013. Seules des sommes ne dépassant pas 60 euros par jour pourront être retirées, soit 5 fois moins qu’à Chypre.

Alexis Tsipras a expliqué que ce dispositif était justifié par « le caractère d’extrême urgence et la nécessité imprévue de protéger le système financier grec et l’économie grecque en raison du manque de liquidités entraîné par la décision de l’Eurogroupe du 27 juin de refuser l’extension de l’accord de prêt à la Grèce ». 1,3 milliards d’euros ont été retirés depuis vendredi soir. Des files interminables se sont formées autour des distributeurs en Grèce. Et depuis 2010, la fuite de capitaux s’élève à 80 milliards d’euros. Se voulant rassurant, Tsipras a déclaré que « les dépôts des citoyens dans les banques grecques sont totalement garantis », à l’instar du « versement des salaires et des retraites ».

La Banque centrale européenne a décidé dimanche de maintenir le niveau du plafond de la liquidité d’urgence (ELA) au même niveau que vendredi. Le prêt concédé par la BCE s’élèverait à présent aux alentours de 90 milliards d’euros. Des observateurs jugent que ce plafond, trop bas, a contribué à asphyxier les banques grecques. Le Bank run– fuite des capitaux -, mécanisme de pression lors des négociations, pourrait également compter lors de la campagne référendaire.

 

Incertitudes

 

Le défaut de paiement de la Grèce vis-à-vis du FMI est imminent. Selon les statuts de l’organisation internationale, un délai est encore possible. Toutefois, Christine Lagarde, la directrice générale de cette institution, brigue un deuxième mandat. Des dimensions électoralistes pourraient influer sur la prolongation du délai de remboursement. Il ne reste que 48 heures pour convenir d’un accord avant le 30 juin.

S’étant heurté au refus de l’Eurogroupe, Alexis Tsipras a indiqué avoir sollicité la prolongation du plan d’aide pour la Grèce auprès « du président du Conseil européen et des 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen. » Toute éventualité de compromis ne semblait pas enterrée ce matin. Pierre Moscovici a évoqué l’arrivée de propositions émanant dans la journée du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre britannique David Cameron confiait, au micro de la BBC, la difficulté d’envisager le maintien de la Grèce dans la zone euro. Le quotidien belge Le Soir, indique que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, aurait transmis au Premier ministre grec une dernière proposition d’accord globale, de façon officieuse, dimanche soir. Alexis Tsipras devrait, s’il l’acceptait, faire campagne en faveur du « oui » lors du référendum, selon Le Soir, et un sommet serait convoqué lundi pour en prendre acte.

Les banques privées ne seront pas touchées comme en 2012 car elles ne possèdent plus les titres de dette grecque. Toutefois, les marchés ne sont pas à l’abri d’un mouvement de panique irrationnel. A l’inverse, les banques grecques détiennent 30 milliards d’euros de créances grecques. Une banqueroute de l’Etat risque d’avoir des répercussions sur leurs filiales, nombreuses en Roumanie, en Bulgarie ou à Chypre. Des observateurs craignent une fuite de capitaux dans ces Etats en cas de faillite de la Grèce.

Par ailleurs, les Etats peuvent aussi pâtir des conséquences d’une déroute du marché des dettes souveraines. Or, la crispation des marchés peut mener à une récession. En tout état de cause, on ne sait encore s’il y aura une contagion, si la contagion se cantonnera au Portugal, ou si elle touchera également l’Espagne et l’Italie.

 

Fortes baisses sur les marchés obligataires

 

A l’ouverture, le CAC 40 enregistrait une baisse de 4,4%, à 12h20, il reculait de 3,58%. Les valeurs bancaires enregistrent de fortes chutes : BNP Paribas enregistre -5,08%, la société générale -4,53%, le crédit agricole -5,16%. Carrefour et Peugeot perdent respectivement -3,29% et -3,28%. Aucun titre n’était en hausse à la mi-journée. La bourse d’Athènes sera close jusqu’au 7 juillet. L’Euro Stoxx 50, qui rassemble les valeurs principales de la zone euro, baisse de 3,68%.

Les marchés obligataires ne s’affolaient pas aux Etats-Unis, vendredi, comme dans le reste des places financières. Toutefois, les marchés ne sont pas à l’abri d’un mouvement de panique irrationnel. De plus, EPFR Global évalue à 50 milliards d’euros de fonds d’actions le montant des retraits des investisseurs individuels lors des 26 semaines passées.

 

 

 

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