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Le CPP revient à ses fondamentaux : qui exerce le pouvoir en Algérie ? (audio-vidéo)

Par Yazid Ferhat 16 avril 2016

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Les images d’un président de la République très amoindri par la maladie, capturées lors de la visite à Alger du Premier ministre français Manuel Valls, le 10 avril dernier, ont relancé une « vieille question » quelque peu délaissée par le Café presse politique (CPP) : Qui gouverne l’Algérie ?

 

« Abdelaziz Bouteflika n’exerce pas le pouvoir, on l’a vu, on peut se demander qui gouverne à sa place ? » a interrogé la présentatrice du CPP, Souhila Benali, en ouverture de l’émission du jeudi  14 avril.

Cette question, posée avec insistance par le CPP au lendemain de la réélection d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat en avril 2014, avait disparu des radars avec mle temps. « Mais aujourd’hui, à la faveur de ces images, on est obligé d’exhumer cette affaire-là » a souligné Ihsane Elkadi, directeur d’Interface Médias, l’agence éditrice de Maghreb Emergent et Radio M, relevant que « même le CPP s’est un peu adapté au 4e mandat ».

 

Avertissement ou maladresse ?

 

Mais avant d’esquisser les scénarios de « qui gouverne ? », les journalistes présents sont revenus sur leurs lectures du tweet du Premier ministre français montrant une image affligeante du président Bouteflika. Si Tarik Hafid, directeur du site électronique Impact 24, y voit un avertissement de la France, Ihsane El Kadi est plus nuancé, interprétant plutôt cette image comme une « précipitation du community manager de Manuel Valls à rendre compte de la rencontre ».

Compte tenu de son état de santé ce jour-là, fallait-il que le président Abdelaziz Bouteflika reçoive le Premier ministre français, se sont ensuite interrogés les journalistes du CPP.  « Le régime aurait pu faire un sorte d’annuler la rencontre avec Manuel Valls », a estimé Ihsane El Kadi.  Impossible a répondu Abed Charef, journaliste politique free-lance, « c’est la seule activité du chef de l’Etat ». « Les visites des étrangers sont devenus la fiche de pointage d’Abdelaziz Bouteflika », a poursuivi dans le même sens Saïd Djaafer, directeur éditorial du Huffington Post Algérie.

« Quant aux gens à l’intérieur du régime, ils  mettent en parallèle la fin de règne du président français George Pompidou avec celle d’Abdelaziz Bouteflika pour dire que la situation n’est pas si grave que ça », a détaillé Akram Kharief, éditeur du site électronique « Secret dif3a » en se faisant l’avocat du pouvoir.

 

Un scénario institutionnel, un autre militaire

 

La vacance du pouvoir du président attestée, reste à « mettre des noms » sur les dirigeants effectifs. « Est-ce que Saïd Bouteflika est le seul responsable ? » a interrogé Souhila Benali.

« Le pouvoir est exercé en dehors des institutions », a avancé Abed Charef. « Depuis que Bouteflika n’est plus en mesure de diriger physiquement, son pouvoir a été réparti à travers un certain nombre de cercles informels : les gens supposés exercer des pouvoirs n’ont plus les instruments pour le faire », a-t-il poursuivi avant de livrer une première clé de sortie de l’impasse possible en la personne de Mourad Medelci, président du conseil constitutionnel.

Mais pour se faire il faudrait appliquer l’article 88 qui, en théorie, n’est pas applicable a relevé Saïd Djaafer. « C’est un article de fiction qui est mis là mais n’est pas opérationnel, c’est une chambre fermée sans fenêtre et sans porte » a déclaré le directeur éditorial du Huffington Post Algérie. « Il faudrait que Medelci soit poussé par l’armée pour l’appliquer ».

Or, moins il y a de mécanismes institutionnels ou politiques, plus le risque augmente d’avoir des arbitrages à l’extérieur qui se feront aux dépens de l’Algérie, s’inquiète Saïd Djaafer. « On est dans un pays totalement à l’arrêt ! Nous sommes comme on était au 18 avril 2014 au 18 rue de l’Impasse ! »

La deuxième clé pour sortir de l’impasse a été donnée par Ihsane El Kadi : c’est Gaïd Salah qui a un lien historique avec l’armée.

« Mais tant qu’aucune solution de rechange n’a été trouvée, le clan présidentiel va continuer à fonctionner tel que, ils vont rester sur cette orientation ! » a ajouté le directeur d’Interface Médias. « Dans la logique du régime, il n’y a pas d’arrêt, tant que Bouteflika est là, ils vont continuer le 5e, le 6e mandat », a poursuivi dans le même sens Tarik Hafid.

« Sauf qu’aujourd’hui le temps joue clairement au détriment du clan en place, plus il retarde la sortie de l’impasse, plus la transition sera difficile », a averti Ihsane El Kadi.  

Ecouter l’émission : 

Vidéo:

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