Un mois après avoir affiché sa disponibilité, la Banque africaine de développement, passe à l’acte. Elle vient d’accorder à l’Algérie un prêt de 747 millions d’euros destiné à financer la première tranche de la ligne ferroviaire Laghouat- Ghardaïa- El Ménéa. Un geste qui traduit moins un basculement dans la dépendance financière qu’une reconnaissance discrète : certains chantiers, trop longtemps enlisés, méritent un coup de pouce extérieur pour enfin avancer.
Alger n’a pas renoncé à son dogme de l’autofinancement, mais elle admet désormais que quelques emprunts ciblés, auprès d’institutions multilatérales dont elle est actionnaire, peuvent servir de catalyseur. À la BAD, où l’Algérie détient 5,05% du capital et un siège au Conseil d’administration, ce type d’arrangements se négocie plus facilement.
Le pouvoir exclut toutefois formellement tout recours au FMI ou à la Banque mondiale, considérant leurs programmes d’ajustement structurel incompatibles avec la souveraineté nationale. L’approche retenue est tout autre : des prêts fléchés vers des infrastructures stratégiques, avec des contraintes limitées et des taux préférentiels.
Le tronçon Laghouat- El Ménéa en détail
Le projet ferroviaire dont il est question consiste à relier Laghouat à El Ménéa via Ghardaïa, soit 495 kilomètres de voies ferrées à travers le Sahara, incluant 27 viaducs, 52 ouvrages ferroviaires, un tunnel et des systèmes de signalisation modernes. Ce tronçon constitue une portion centrale du méga-projet Alger-Tamanrasset, une ligne de plus de 2 000 kilomètres censée désenclaver le Sud algérien et faciliter le transport de voyageurs comme de marchandises. Tebboune a promis sa livraison pour 2028, lors d’une visite à Béchar en avril dernier.
Deux segments sont déjà opérationnels, entre Alger et Blida, puis entre Boughezoul et Laghouat. D’autres tronçons, comme la ligne Gara Djebilet-Béchar ou Tébessa-Annaba, sont intégralement financés sur fonds propres. Mais pour accélérer le reste, l’État a visiblement choisi de mixer ressources internes et appuis extérieurs. L’objectif officiel est d’atteindre 6 800 kilomètres de réseau ferroviaire d’ici 2027, contre 4 700 aujourd’hui.