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Maghreb

La jeune militante du mouvement du 20 février Wafa Charaf écope de deux ans de prison en appel

La jeune militante marocaine des droits humains wafa Charaf ( Ă  gauche) , lors d'une manifestation ouvriĂšre

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Finalement, la jeune militante marocaine des doits humains wafa Charaf a été condamnée mardi à deux ans de prison ferme par le tribunal de Tanger, dans le nord du Maroc.

 

JugĂ©e en appel par le tribunal de Tanger, la jeune militante du mouvement du 20 FĂ©vrier, qui avait appelĂ© en 2011 Ă  un changement politique au Maroc en plein  Printemps arabe, a Ă©tĂ© condamnĂ©e mardi Ă  deux ans de prison ferme pour « allĂ©gation mensongĂšre de torture », rapporte le prĂ©sident de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Ahmed el Haij. En aoĂ»t dernier, Wafaa Charaf, militante du parti de gauche Ennahdj Eddimocrati (La Voix dĂ©mocratique) avait Ă©tĂ© dĂ©jĂ  condamnĂ©e Ă  un an de prison et 50.000 dirhams (prĂšs de 4.500 euros) de dommages et intĂ©rĂȘts, ainsi qu’une amende de 1.000 dirhams.

Les faits remontent au mois d’avril dernier lorsque Wafa Charaf a dĂ©posĂ© une plainte contre la police TangĂ©roise pour enlĂšvement et torture. La militante de 26 ans a affirmĂ© notamment que le 27 Avril 2014, elle a Ă©tĂ© enlevĂ©e par des policiers en civil et jetĂ©e dans une voiture banalisĂ©e Ă  la fin d’une manifestation ouvriĂšre contre le licenciement de travailleurs d’une sociĂ©tĂ© privĂ©e. Elle a Ă©galement affirmĂ© avoir Ă©tĂ©  »sĂ©questrĂ©e plusieurs heures, torturĂ©e et insultĂ©e avant d’ĂȘtre abandonnĂ©e » au bord d’une route Ă  12 Km du centre ville. Le 4 aoĂ»t, Charaf est arrĂȘtĂ©e par la police Ă  son domicile, et prĂ©sentĂ©e devant un juge d’instruction, avant d’ĂȘtre accusĂ©e « d’allĂ©gation mensongĂšre de torture » et d' »atteinte Ă  la police ».

Verdict politique

 Selon l’hebdomadaire Telquel, le parquet de Tanger a fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’existence « d’enregistrements tĂ©lĂ©phoniques » et de tĂ©moins contredisant les « allĂ©gations » de la jeune femme. L’avocat de la jeune militante Me Mohamed Sadqo, avait dĂ©noncĂ© la premiĂšre condamnation qu’il a qualifiĂ©e de « verdict politique injuste », en « violation de la constitution marocaine et des conventions internationales contre la torture que le Maroc a signĂ©es ». Dans un appel international pour la libĂ©ration de Wafa Charaf lancĂ© le 19 septembre dernier, la ligue internationale des droits de l’homme avait dĂ©noncĂ© le procĂšs de la militante du mouvement du 20 fĂ©vier.

  »Le procĂšs de Wafaa est un procĂšs politique. Il montre la complicitĂ© entre les autoritĂ©s marocaines et les grands groupes industriels qui veulent faire taire la voix des dĂ©fenseurs des droits des travailleurs », indique cet appel de la Ligue. Ce procĂšs, est-il Ă©crit,  »s’inscrit dans un contexte marquĂ© par la rĂ©pression sauvage des militants et de tout citoyen Ă©pris de justice et de libertĂ© (…) il montre le vrai visage du rĂ©gime marocain (…) ». Officiellement, les autoritĂ©s marocaines rĂ©cusent toute torture systĂ©matique et Ă  grande Ă©chelle dans le pays.  Pour autant, elles reconnaissent  »des cas isolĂ©s » de torture, mais  »il n’existe plus de pratique systĂ©matique ». Un autre militant du mouvement du 20 fĂ©vrier, jugĂ© dans la mĂȘme affaire pour complicitĂ©, Boubker Khamlichi, a  étĂ© condamnĂ© Ă  un an de prison avec sursis.