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La Banque d’Algérie affirme avoir été contre la planche à billets et accuse des experts

Par Amar Ingrachen 8 avril 2019

La Banque D’Algérie, tout en justifiant le recours à la planche à billets depuis 2017, accuse, dans une récente note, la Task Force qui a travaillé avec le dernier Gouvernement de Abdelmalek Sellal d’en avoir été l’instigatrice.

 « La chute brutale des prix du pétrole, à partir de la mi-2014, avait fortement impacté les finances publiques, entrainant l’érosion rapide de l’importante épargne budgétaire accumulée sur plusieurs années, ainsi que la suspension de plusieurs projets publics en cours de réalisation.

En situation de rareté de sources de financements alternatifs, le financement extérieur étant exclu et face aux pressions croissantes sur les finances publiques, certains experts, faisant partie d’une « task force » installée auprès de la Primature, dans une note datée, d’avril 2017 et intitulée « le financement de l’économie : écueils et solutions possibles », avaient recommandé, avec insistance, comme une des solutions, face à la détérioration de la liquidité bancaire et aux difficultés de financement de l’économie, le recours au financement dit non conventionnel (planche à billets) », écrit la Banque d’Algérie dans la note publiée sur son site avant d’ajouter qu’elle a été contre le recours à ce type de financement.

En effet, selon la même note, la Banque d’Algérie considérait qu’il n’y avait aucune similarité entre la situation de l’Algérie et celle des pays cité dans le document de la Task Force, notamment le Japon, les Etats-Unis et les pays d’Europe pour justifier le recours au financement non conventionnel.

« Une telle option risque d’entraîner l’économie dans une spirale inflationniste et de dépréciation de la monnaie nationale, fortement dommageables. Cela explique son exclusion par la loi, qui encadre rigoureusement les avances de la Banque d’Algérie au Trésor », lit-on dans la note de la BA qui rappelle avoir suggéré, entre autres, « des démarches alternatives, telle que l’instrumentation, dans la phase intermédiaire, de l’article 53 de l’Ordonnance relative à la monnaie et au crédit, prévoyant la possibilité de placer une partie de ses fonds propres, en titres émis ou garantis par l’Etat »,  démarche qui était possible grâce « au versement de dividendes substantiels et prévisibles, au profit du Trésor (610 milliards de DA en 2016 ; 920 milliards de DA en 2017 et 1.000 milliards de DA en 2018) ».

Les avertissements de Leksaci et Baba Ammi

L’ancien Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Leksaci et, l’ancien ministre des Finances, Baba Ami, se sont farouchement opposés au recours à la planche à billets. Mais, Abdelaziz Bouteflika, qui a avait appelé à la mise en œuvre de cette option en se basant sur le rapport de la Task force engagée par Abdelmalek Sellal, agissait unilatéralement et a imposé cette démarche. Hadji Baba Ammi et Mohammed Leksaci ont été débarqués.

La Loi sur la monnaie et le Crédit a été amendée et le recours au financement non conventionnel a été effectué, malgré les mises en garde de plusieurs qui ont même évoqué un scénario à la Vénézuélienne.  Au moment des faits, Maghreb Emergent, citant une source de l’intérieur de la Banque d’Algérie, a écrit : « Pour avoir refusé de cautionner cette idée non pas pour des considérations politiques mais par exigence de ce que l’on appelle communément « le bon sens », Laksaci a été limogé le 31 mai 2016 et Hadji Baba Ammi, qui a été nommé le 11 juin 2016,  a été écarté du Gouvernement et remplacé le 25 mai 2017  par Abderrahmane Raouya dans l’éphémère Gouvernement  Tebboune. »

3441.8 Milliards DA sur les 6.556,2 milliards DA imprimés restent encore non utilisés

Se voulant transparente, la Banque d’Algérie a indiqué que les 6.556,2 milliards de DA mobilisés par le Trésor, auprès de la Banque d’Algérie, au titre de la mise en œuvre du financement non conventionnel, ont été utilisés d’une façon transparente.

 En effet, cette note indique qu’un montant de 2.470 milliards de DA, a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018 et partiellement, au titre de l’exercice 2019 ; un montant de 1.813 milliards de DA, a contribué au remboursement de la dette publique à l’égard des entreprises nationales, Sonatrach et Sonelgaz, ainsi qu’au financement du remboursement de l’emprunt obligataire pour la croissance ; un montant de 500 milliards de DA, destiné à la Caisse Nationale de Retraite (CNR) pour le refinancement de sa dette à l’égard de la CNAS ; un montant de 1.773,2 milliards de DA, destiné au Fonds National d’Investissement pour les opérations de financement des programmes AADL, du déficit de la CNR et de projets structurants.

Sur l’encours global de 6.556,2 milliards de dinars mobilisés, la BA affirme qu’un solde de 945,1 milliards de DA est abrité au compte de Trésor auprès de la Banque d’Algérie, et donc non encore injecté dans l’économie, et un montant de 656,7 milliards de DA est logé dans le compte du FNI auprès du Trésor dans la perspective de son utilisation, en fonction des besoins avérés et, enfin, un montant de 1.830 milliards de DA fait l’objet d’une stérilisation par la Banque d’Algérie, à travers ses différents instruments. Autrement dit, un montant total de 3441.8 milliards DA sur les 6.556,2 milliards DA imprimés reste encore non utilisé.

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