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Hydrocarbures

L’Iran dĂ©ment les pronostics des experts et revient en force sur le marchĂ© pĂ©trolier

Photo publiée par La Tribune.fr (crédits : Mohammed Ameen).

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Un mois Ă  peine aprĂšs la levĂ©e des sanctions occidentales, l’Iran a rĂ©ussi Ă  augmenter sa production de pĂ©trole de 400.00 barils/jour. De quoi bouleverser toutes les expertises.

 

 

L’Iran a pris Ă  contre-pied la plupart des analystes pĂ©troliers. Alors qu’un retour significatif du pĂ©trole iranien sur le marchĂ© international n’était attendu que vers la fin de l’annĂ©e 2016, ce pays a annoncĂ©, dĂšs dĂ©but mars, qu’il avait dĂ©jĂ  mis sur le marchĂ© 400.000 barils/jour supplĂ©mentaires, malgrĂ© un marchĂ© saturĂ© et des difficultĂ©s supposĂ©es ralentir son effort.

Soumis Ă  des sanctions internationales en raison de son programme nuclĂ©aire controversĂ©, l’Iran a conclu un accord avec les principaux pays occidentaux en vue de permettre un contrĂŽle Ă©troit de ce programme, en contrepartie d’une levĂ©e des sanctions. Celles-ci ont commencĂ© Ă  ĂȘtre levĂ©es Ă  partir de la mi-janvier, ouvrant la voie Ă  un retour en force du pĂ©trole iranien sur le marchĂ© international.

Toutefois, la plupart des spĂ©cialistes ont affirmĂ© que l’Iran n’était pas en mesure de reprendre l’exploitation de ses immenses champs de pĂ©trole dans l’immĂ©diat. L’augmentation de la production se ferait progressivement, et il faudrait plusieurs annĂ©es Ă  TĂ©hĂ©ran pour revenir Ă  un niveau de production conforme Ă  ses capacitĂ©s thĂ©oriques, autour de quatre millions de barils/jour, assuraient les spĂ©cialistes, dont plusieurs experts algĂ©riens rĂ©putĂ©s.

 

Retour soigneusement préparé

 

Ces experts insistaient sur la vĂ©tustĂ© des installations iraniennes, sur l’absence d’entretien des grands gisements et sur le dĂ©sinvestissement imposĂ© au secteur du pĂ©trole iranien en raison des sanctions occidentales contre ce pays.

Toutes ces prĂ©visions se sont rĂ©vĂ©lĂ©es erronĂ©es. Le ministre iranien du PĂ©trole, M. Bijan Namadar Zanganeh, a, en effet, annoncĂ© lundi dernier que les exportations de pĂ©trole avaient atteint 1,75 millions de barils/j (MB/J) sur un mois, ce qui “reprĂ©sente une hausse de 400.000 barils/j par rapport Ă  la mĂȘme pĂ©riode” de l’annĂ©e 2015». La production globale de pĂ©trole et de condensat, qui Ă©tait lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  2,8 millions de barils/jour, dĂ©passe dĂ©sormais les 3,2 MB/J.

L’excĂ©dent de production a Ă©tĂ© entiĂšrement affectĂ© aux exportations, a prĂ©cisĂ© le ministre iranien. L’Iran est donc sur le point d’atteindre les objectifs annoncĂ©s dĂšs la levĂ©e des sanctions: augmenter sa production d’un demi-million de barils/jour dans l’immĂ©diat, et un autre demi-million d’ici la fin de l’annĂ©e.

Le rĂ©sultat obtenu montre que les Iraniens avaient anticipĂ© ce retour sur le marchĂ© du pĂ©trole et qu’ils l’avaient soigneusement prĂ©parĂ©. Ils disposent aussi de capacitĂ©s et de compĂ©tences largement sous-estimĂ©es par les experts.

 

Ambiguïtés

 

La dĂ©claration du ministre iranien n’est toutefois pas dĂ©nuĂ©e d’ambiguĂŻtĂ©s. Elle va clairement Ă  l’opposĂ© de ce que veut l’Arabie Saoudite, qui n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  nĂ©gocier avec la Russie un accord pour geler la production de pĂ©trole au niveau du mois de janvier 2016. Le Qatar et le Venezuela avaient Ă©tĂ© associĂ©s Ă  l’accord.

MalgrĂ© sa proximitĂ© avec la Russie, l’Iran montre clairement qu’il ne se sent pas liĂ© par cet accord. Il considĂšre qu’il a le droit de revenir Ă  son niveau de production d’avant les sanctions, en rĂ©cupĂ©rant un quota “lĂ©gitime”. Pour TĂ©hĂ©ran, le quota iranien a Ă©tĂ© accaparĂ© par l’Arabie Saoudite et certains pays du Golfe, et c’est donc Ă  Riad de rĂ©duire sa production pour aller Ă  un Ă©quilibre du marchĂ©.

A posteriori, la proposition de l’Arabie Saoudite de geler la production au niveau de janvier 2016 semble aussi avoir objectif de ligoter l’Iran Ă  un niveau de production trĂšs bas, ce qu’un haut responsable iranien avait d’ailleurs qualifiĂ© de “plaisanterie”.