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Algérie

L’AlgĂ©rie a reconstituĂ© ses stocks de cĂ©rĂ©ales grĂące Ă  des importations massives

La dépendance de l'Algérie aux importations de céréales est structurelle (DR)

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Les rendements en Algérie sont médiocres (18-19 quintaux/ha) à cause de conditions de culture mauvaises : seuls 60% des semences utilisées sont relativement adaptées, les terres sont insuffisamment travaillées et le recours aux engrais et aux désherbants demeure insuffisant et anarchique.

 

  

La hausse des importations de cĂ©rĂ©ales en 2014 a permis Ă  l’AlgĂ©rie de reconstituer ses stocks. Les importations ont atteint un nouveau record Ă  5,4 milliards de dollars, compensant une production locale, la plus faible depuis prĂšs d’une dĂ©cennie.

Pour les autoritĂ©s algĂ©riennes, l’essentiel Ă©tait d’assurer la sĂ©curitĂ© d’approvisionnement. L’opĂ©ration de reconstitution des stocks a durĂ© plusieurs mois. Elle s’est faite selon la rĂšgle la plus pratiquĂ©e en AlgĂ©rie : l’importation. Ce qui permet Ă  Mohamed Belabdi, directeur gĂ©nĂ©ral de l’OAIC (Office interprofessionnel des cĂ©rĂ©ales, principal opĂ©rateur du secteur), d’affirmer que sur la question des stocks, « on est Ă  l’abri ».

Mais, parallĂšlement, se dĂ©veloppe un discours trĂšs critique sur la dĂ©pendance accrue dans le domaine des cĂ©rĂ©ales, alors que selon M. Belabdi, l’autosuffisance « est Ă  notre portĂ©e », au moins pour le blĂ© dur et l’orge.

Le constat est connu. Le rendement demeure faible, Ă  18-19 quintaux Ă  l’hectare, selon M. Belabdi. Son amĂ©lioration est lente, avec un quintal par annĂ©e, mais de brusques plongĂ©es ne sont pas exclues, comme cela s’est passĂ© en 2014, lorsque la sĂšcheresse a provoquĂ© une hĂ©catombe dans plusieurs wilayas du pays. PrĂšs de 800.000 hectares, soit le tiers des superficies cultivĂ©es, ont Ă©tĂ© abandonnĂ©es et transformĂ©s en pĂąturages.

 

Stagnation

 

A force de revenir sur le diagnostic, le mal a été identifié dans toute la filiÚre, de la production à la consommation. Les solutions ont été elles aussi vulgarisées, du moins dans les discours, mais les résultats demeurent toujours aussi aléatoires.

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, « les conditions de culture sont mauvaises », selon M. Belabdi. La qualitĂ© des semences utilisĂ©es est en cause. Seuls 60% des semences utilisĂ©es sont relativement adaptĂ©es. L’AlgĂ©rie n’a pas importĂ© de semences depuis 1996. En outre, les terres sont insuffisamment travaillĂ©es, les sols sont pauvres, et le recours aux produits chimiques (engrais, dĂ©sherbants) demeure insuffisant et anarchique.

En aval, se pose le problĂšme des prix et de la consommation. Les prix, trĂšs bas, provoquent trafics vers les pays frontaliers et gaspillages. Un chiffre souvent Ă©voquĂ© en AlgĂ©rie voudrait que le pays gaspille sept millions de baguettes de pain par jour. Ce qui a, d’ailleurs, donnĂ© lieu Ă  la naissance d’un « marchĂ© de pain rassis », selon la formule de M. Belabdi.

 

L’incontournable question des prix

 

En tĂȘte des solutions prĂŽnĂ©es figure l’irrigation d’appoint pour faire face Ă  une sĂ©cheresse endĂ©mique. Il suffit, en effet, d’une mauvaise passe, particuliĂšrement en fin de saison, entre mars-avril, pour que la rĂ©colte soit endommagĂ©e. Les expĂ©riences sur les terres irriguĂ©es, au prix de lourds investissements, ont Ă©tĂ© trĂšs concluantes : le rendement est largement au-delĂ  de 50 quintaux Ă  l’hectare, avec des points frĂŽlant les cent quintaux.

Sur l’irrigation, les chiffres divergent. TantĂŽt, le ministĂšre de l’Agriculture parle d’un objectif d’un million d’hectares Ă  atteindre, tantĂŽt des chiffres plus modestes sont Ă©voquĂ©s. Le directeur gĂ©nĂ©ral de l’OAIC a fait Ă©tat un objectif de 600.000 hectares, dont 40% seulement ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s.

Il restera aussi Ă  affronter le tabou des prix. La baguette de pain est officiellement Ă  huit dinars, un prix qui n’a pas changĂ© depuis deux dĂ©cennies. Au gaspillage interne se greffe un trafic aux frontiĂšres dont personne ne peut mesurer l’ampleur. Mais aucun haut responsable n’envisage une rĂ©vision, mĂȘme partielle, du prix. Bien au contraire, tous insistent sur le maintien des subventions.