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Économie

Inégalités : le G20 s’inquiète d’un risque global, l’Algérie n’est pas épargnée

Par Mohammed Iouanoughene 4 novembre 2025

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Un rapport publié mardi par l’OCDE, intitulé « The G20 and the promotion of equal opportunies (Le G20 et la promotion des chances égales : s’attaquer aux causes profondes des inégalités, de l’exclusion et de la discrimination) », met en lumière l’urgence croissante liée aux inégalités sociales et économiques dans le monde, thème central à l’agenda du G20 sous la présidence sud-africaine en 2024. Supervisé par le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, ce travail souligne les risques de déstabilisation que connaissent les sociétés les plus inégalitaires.

Abordant les causes profondes des inégalités, de l’exclusion et de la discrimination, ce rapport apporte un diagnostic précis ainsi que des propositions concrètes pour des politiques publiques plus inclusives.

Diagnostic alarmant sur les inégalités mondiales

Le rapport souligne que, malgré une réduction des inégalités entre pays grâce à la croissance des économies émergentes, les écarts à l’intérieur des pays continuent de se creuser, menaçant la cohésion sociale et la stabilité des États concernés. Plusieurs pays ont récemment été secoués, tels que le Pérou, le Népal, le Sri Lanka, Madagascar ou encore le Maroc, sur fond de défaillance des services publics d’éducation ou de santé.

Les 10% les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses mondiales, tandis que la moitié la plus pauvre n’en possède qu’une part marginale. Ces déséquilibres se traduisent aussi par une forte précarité, notamment dans le secteur informel du travail, où les travailleurs sont sous-protégés et économiquement vulnérables.

Selon les auteurs du rapport, les pays les plus inégalitaires ont un risque sept fois plus élevé de connaître un déclin démocratique. « Les grandes richesses peuvent fragiliser la démocratie, car leurs détenteurs exercent souvent une influence disproportionnée sur l’économie et la vie politique », ajoutent les experts du G20.

L’emploi informel, un défi majeur

La périphérie de l’économie globale, où s’exercent une grande majorité de travailleurs informels, est une piste centrale d’analyse. Selon le rapport, les travailleurs informels, souvent exclus des systèmes de protection sociale contributifs, souffrent d’un accès limité aux dispositifs de sécurité sociale et sont fortement exposés aux risques économiques et sanitaires. Ce phénomène est particulièrement prégnant dans plusieurs régions d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, où la formalisation de l’emploi et l’élargissement de la couverture sociale sont des priorités politiques.

Recommandations pour des politiques inclusives

Pour remédier à cette situation, le rapport préconise une approche globale comportant des réformes fiscales progressives -notamment sur les successions, avec 70 000 milliards de dollars (60 000 milliards d’euros) qui devraient être transmis aux héritiers au cours des dix prochaines années-, la promotion d’une protection sociale universelle adaptée, l’amélioration des systèmes éducatifs et de formation professionnelle, ainsi que la lutte contre les normes discriminatoires, notamment de genre.

Le rapport propose également la création d’un comité ou d’un panel international de suivi des inégalités, calqué sur le modèle du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). « Le monde comprend que nous sommes confrontés à une urgence climatique, il est temps que nous reconnaissions que nous sommes également confrontés à une urgence en matière d’inégalités », explique Joseph Stiglitz.

Focus sur l’Algérie

En ce qui concerne l’Algérie, c’est l’ONG internationale OXFAM qui souligne, dans un rapport sur les inégalités sociales en Afrique publié en juillet 2025, l’écart qui se creuse entre les riches et les pauvres depuis 2013.

Parmi les indices de ces inégalités qui se creusent, le 1% des plus aisés en Algérie détenait 22% des revenus nationaux en 2023, tandis que 50% des plus pauvres détenaient 18% des revenus et les 10% des plus aisés détenaient plus de 48% des revenus. En 2010, les 50% des Algériens les plus pauvres détenaient plus de richesse que le 1% des plus aisés.

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