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Hamitouche et Soummam, l’autre histoire du capitalisme algérien

Par Ihsane El Kadi 22 avril 2025

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L’événement de ma semaine économique est la disparition du fondateur de Soummam, Hadj Lounis Hamitouche. Le raz de marée d’hommages unanimes qui a inondé les réseaux sociaux, cette sphère, peut renseigner sur plusieurs évolutions. Des groupes privés sont leaders de leur filière et impactent la vie économique.

L’opinion en a conscience et a changé son regard sur le rôle social des entreprises privées et des grands industriels. Les grandes marques vivent plus de la reconnaissance de leurs clients que de celle de l’État … à l’inverse du modèle dominant des années déclinantes de l’ère Bouteflika, territoire de l’enrichissement par la commande publique et la connivence.

Taieb Hafsi a fait de cet enjeu de la diffusion des succès d’entreprises une de ses clés de développement d’un capitalisme industriel producteur de richesse. Hadj Hamitouche et Soummam devait sans doute figurer dans la collection dédiée aux « Grands Bâtisseurs » algériens qu’a coordonnée le professeur de HEC Montréal chez Casbah Éditions.

32 ans après la création de la laiterie Soummam à l’amorce de la décennie noire, Hadj Hamitouche laisse un groupe de près de 500 millions de dollars de chiffre d’affaires, de plus de 40% de parts de marché, et de près de 2000 emplois directs. Il est le troisième des patriarches pionniers de l’investissement industriel de grande échelle qui ont hissé la vallée de la Soummam au rang de territoire prospère.

Les deux autres, ces prédécesseurs dans l’aventure entrepreneuriale à cette échelle, Mohand Batouche (Laiterie Djudjura) et Laid Ibrahim (Ifri), disparus avant lui, étaient également positionnés sur les produits du terroir avant de diversifier leur expansion. Les groupes qui ont reconfiguré durablement la géographie économique du pays se sont bien plus construits sur une relation de leurs produits avec leur public qu’en misant sur une proximité clientéliste avec le pouvoir politique.

Les fondateurs et les épigones

La disparition de Hadj Lounis Hamitouche exhume une inquiétude latente dans le capitalisme algérien : la trajectoire des grandes entreprises familiales avec l’arrivée aux commandes de la deuxième génération. Toutes ne réussissent pas le passage de témoin. Les fondateurs ont souvent des talents de visionnaires que leurs enfants, en général mieux formés, n’ont pas nécessairement. Là n’est pas le seul péril qui menace les successions.

Les divergences stratégiques sur la conduite des affaires minent souvent les fratries et affaiblissent les actifs légués. De grandes entreprises privées ont tenté de séparer actionnariat et management. D’autres ont introduit des fonds d’investissement étrangers dans leur tour de table pour grandir plus vite et hisser leur gouvernance aux meilleurs standards. Toutes les entreprises familiales ne se ressemblent pas au moment où le patriarche fondateur passe la main.

Dans la vallée de la Soummam, le groupe Soummam bien structuré peut espérer faire aussi bien que les familles Batouche (General Emballage, entre autres) et Ibrahim ( Ifri notamment) et poursuivre le développement engagé par les fondateurs. Ailleurs, d’autres sagas familiales cherchent le script des prochaines saisons. Les regards sont rivés sur Cevital vaisseau amiral du capitalisme algérien en phase de transition vers un management de 2e génération. Son sort va inspirer de nombreux « Grands Bâtisseurs » au moment où ils devront donner un nom, une forme à leur succession.

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