M A G H R E B

E M E R G E N T

Algérie

« Gaz de schiste, le débat algérien est relancé sur les RS en attendant les officiels »

Par Samy Injar 29 mai 2025
Chevron et ExxonMobil sont aujourd'hui en négociation avancée avec les autorités algériennes pour obtenir chacun un périmètre d'exploitation non conventionnelle dans cette région saharienne stratégique.

blank

La chronique d’Ihsane El Kadi, publiée sur Maghreb Émergent sous le titre « Algérie, que faire avec les 3e réserves de gaz de schiste au monde ? », n’a pas tardé à faire réagir la toile algérienne et au-delà . Dès sa mise en ligne, le débat sur l’exploitation du gaz de schiste, longtemps enfoui sous la poussière des controverses passées, a ressurgi avec force sur les réseaux sociaux, révélant une opinion toujours profondément divisée sur la question.

Un débat exhumé, une opinion divisée

Dès les premiers commentaires, le ton est donné : la méfiance et l’opposition dominent. « On ne veut pas du gaz de schiste, ni à In Salah, ni ailleurs. L’eau du Sud est notre vie, pas un business ! », s’indigne un internaute, tandis qu’un autre, en arabe, martèle : « لا للغاز الصخري ! حماية البيئة أولاً وقبل كل شيء. » (Non au gaz de schiste ! La protection de l’environnement avant tout). Ces réactions, les plus fréquemment relayées, rappellent le traumatisme des mobilisations d’In Salah en 2015, où la population du Sud avait déjà crié son inquiétude face à un projet jugé opaque et menaçant pour les nappes phréatiques.

Mais la chronique d’El Kadi ne se contente pas de réveiller les peurs. Elle met aussi en lumière l’impasse stratégique dans laquelle se trouve l’Algérie : « Doit-on exploiter notre immense potentiel de gaz de schiste … pour enrayer le déclin désormais avéré du gaz conventionnel ? Ou au contraire, doit-on tourner la page du tout-gaz, refuser cette voie contestée et miser, une fois pour toutes, sur le soleil dont regorge le pays ? ». Ce dilemme, repris par de nombreux commentateurs, alimente une autre frange du débat. Certains, plus pragmatiques, insistent sur la nécessité de garantir la sécurité énergétique du pays : « On ne peut pas rester dépendants du gaz conventionnel alors que nos réserves baissent chaque année », écrit un internaute, tandis qu’un autre, en anglais cette fois, s’interroge : « If we don’t invest in shale gas now, how will we face the energy crisis tomorrow? »

Transparence et appel à un débat national

Entre ces deux pôles, une constante revient : la dénonciation du manque de transparence et de débat public. « Pourquoi le gouvernement refuse-t-il un vrai débat ? Les Algériens ont le droit de savoir ce qui se passe sous leurs pieds », déplore un commentaire parmi des dizaines d’autres. Le sentiment d’un choix imposé, confiné « aux cercles fermés de l’exécutif », nourrit la défiance. « Ce sujet mérite un référendum national, pas une décision prise en coulisses », réclame un autre, tandis que certains appellent à « organiser des assises citoyennes sur l’énergie et l’environnement ».

C’est précisément ce déficit de dialogue que pointe la chronique d’El Kadi : « Ce qui manque, ce n’est pas l’information technique ou les projections de production. C’est le dialogue. Depuis les protestations d’In Salah en 2015, rien n’a été fait pour apaiser, ni pour expliquer ». Un constat largement partagé sur les réseaux, où l’appel à un débat national, transparent et inclusif, fait consensus au-delà des clivages. « Let’s have a real national conversation about shale gas before it’s too late », résume un internaute anglophone, tandis qu’un autre conclut, en arabe : « أين هي الشفافية؟ الشعب يريد الوضوح في مثل هذه القضايا الحساسة. » (Où est la transparence ? Le peuple veut de la clarté sur ces questions sensibles.)

En définitive, la relance du débat par Maghreb Émergent n’a pas seulement réveillé les passions : elle a mis en lumière l’urgence d’un choix collectif, qui ne saurait être tranché sans la société. À l’heure où l’Algérie hésite entre urgence énergétique et transition écologique, la société civile, elle, exige d’être enfin entendue.

ARTICLES SIMILAIRES

blank
Actualités

Port de Bejaia : forte hausse du trafic passagers en 2025

Le port de Bejaia enregistre une progression remarquable du trafic passagers durant les dix premiers mois de l’année 2025. Selon le Bulletin d’information officiel du port, couvrant la période du… Lire Plus

Flamme orange vif d'une torchère industrielle brûlant du gaz naturel sur fond de ciel bleu.
Actualités Energie

Torchage de gaz : l’Algérie réalise la deuxième meilleure performance mondiale

L’Algérie a réalisé en 2024 la deuxième plus forte réduction mondiale du volume de gaz torché. Une performance qui place le pays en tête des efforts internationaux, avec une baisse… Lire Plus

blank
À l'honneur Á la une

Le service de la dette étrangle les pays en développement : impacts contrastés au Maghreb (BM)

Un rapport de la Banque mondiale publié le 3 décembre 2025 lance l’alerte: dans de nombreux pays en développement, le remboursement de la dette absorbe plus de ressources que les… Lire Plus

blank
Actualités

Béni Abbès: 14 morts et 35 blessés dans le renversement d’un bus

Nouveau drame sur les routes : Le renversement d’un bus ce samedi à Béni Abbès, au sud-ouest du pays, a fait 14 morts et 35 blessés, selon un nouveau bilan de… Lire Plus

blank
Actualités

Grand sud : l’empire invisible de l’or interdit

En Algérie, la contrebande a changé de nature. Après le carburant, longtemps au cœur des trafics frontaliers, c’est désormais l’or qui attire réseaux criminels et migrants sahéliens dans les immensités… Lire Plus