M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Explosion de haine en Espagne : Murcie laboratoire xénophobe

Par Oussama Nadjib 9 août 2025

Chasse aux maghrébins à Torre Pacheco fin juillet, mesure outrageusement islamophobe début aout à Jumilla, la région de Murcie sert de laboratoire au parti raciste d’extrême-droite VOX qui contraint le Parti Populaire (PP) à le suivre dans une stratégie appelant à l’exclusion des étrangers et particulièrement des musulmans.     

Le 28 juillet 2025, le conseil municipal de Jumilla a adopté une mesure interdisant l’usage des infrastructures sportives pour les célébrations religieuses. Formellement, le texte ne cite aucune confession. Cependant, personne n’ignore en Espagne qu’il cible directement les prières de l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Adha, généralement célébrés à l’air libre, dans des stades ou des centres sportifs. La motion, présenté par le parti Vox exige de réserver ces espaces aux « activités sportives ou municipales », excluant toute pratique « étrangère à notre identité ».

Le PP, qui dirige Jumilla avec le soutien d’un élu Vox, fait dans le suivisme raciste au risque de brouiller son image. La maire de Jumilla, Severa González, a accepté la motion en échange du soutien de Vox pour faire passer le budget municipal. Une concession qui illustre la pression exercée par l’extrême droite sur les majorités locales en attendant la tendue d’élections générales. La mesure clairement islamophobe a suscité des vives réactions au sein du gouvernement et de la gauche. Le PP, fortement embarrassé, a tenté de minimiser la portée de la mesure prise à Jumilla. Elías Bendodo, coordinateur général du PP, a fait valoir qu’il n’y “a aucune référence à une religion ou à un rite. Nous sommes le parti de la liberté ».

“Chasse aux maures” à Torre Pacheco

Un argument qui laisse de marbre les représentants de la communauté musulmane en Espagne.  « C’est la première fois en trente ans que je ressens de la peur en Espagne » a déclaré le président de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques, Andaloussi Azhari. Francisco Lucas Ayala, secrétaire général du PSOE en Murcie, a accusé le PP de mettre “ en péril la cohésion sociale, uniquement pour s’accrocher au pouvoir. Il n’a rien appris de Torre Pacheco ». La coordinatrice régionale d’Izquierda Unida-Verdes, Penélope Luna, a qualifié la mesure de« racisme islamophobe déguisé en règlement administratif ». Podemos a annoncé son intention de saisir la justice, estimant que la motion viole l’article 16 de la Constitution espagnole, qui garantit la liberté religieuse.

Cette affaire intervient après l’odieuse “chasse aux maures” lancées en juillet Torre Pacheco (Murcie) par des acteurs d’extrême droite, dont Vox, après l’agression d’un homme de 68 ans par des jeunes d’origine maghrébine. L’affaire a été outrageusement exploitée par des figures de l’extrême droite,  de fausses vidéos ont été diffusées, attisant les tensions. Un groupe fasciste “Deport Them Now” a appelé sur  Telegram,  à « agir sans crainte des conséquences juridiques ». Torre Pacheco va ainsi connaitre du 11 au 14 juillet une campagne de violences racistes menées par des groupes cagoulés, armés de battes et de machettes.  La “caceria”, la chasse, a ciblé en particulier les travailleurs agricoles, majoritairement marocains, qui font la prospérité de cette région agricole. Des commerces sont vandalisés, des jeunes agressés, et des slogans haineux scandés dans les quartiers populaires. Le gouvernement espagnol déploie 120 gardes civils pour rétablir l’ordre et annonce le renforcement des unités spécialisées dans la lutte contre l’incitation à la haine raciale.

 Vox pousse ses pions, le PP dans un jeu dangereux

Cette radicalisation locale intervient alors que le gouvernement central, dirigé par le PSOE, est fragilisé par une série de scandales de corruption. Le numéro trois du parti, Santos Cerdán, est mis en examen pour des pots-de-vin liés à des marchés publics. Des voix s’élèvent pour réclamer des élections anticipées. Le Parti Populaire qui aura besoin des voix de VOX pour gouverner est amené à suivre la surenchère xénophobe et raciste. Jumilla est le symbole de ce phagocytage insidieux en devenant la première ville espagnole à interdire préventivement les prières de l’Aïd dans l’espace public, sans qu’aucune demande officielle n’ait été déposée. De fait, on est devant une stratégie de « blanchiment » de Vox par le PP. En acceptant des propositions clairement identifiées comme étant d’extrême droite, le Parti Populaire, traditionnellement de centre-droit, normalise des idées xénophobes et islamophobes.  Tactique dangereuse visant à récupérer une partie de l’électorat qui a migré vers Vox, notamment en adoptant des positions plus dures sur l’immigration. Cependant, cela risque de faire fuir les électeurs modérés et de créer une confusion sur l’identité du parti.

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités

Port de Bejaia : forte hausse du trafic passagers en 2025

Le port de Bejaia enregistre une progression remarquable du trafic passagers durant les dix premiers mois de l’année 2025. Selon le Bulletin d’information officiel du port, couvrant la période du… Lire Plus

Flamme orange vif d'une torchère industrielle brûlant du gaz naturel sur fond de ciel bleu.
Actualités Energie

Torchage de gaz : l’Algérie réalise la deuxième meilleure performance mondiale

L’Algérie a réalisé en 2024 la deuxième plus forte réduction mondiale du volume de gaz torché. Une performance qui place le pays en tête des efforts internationaux, avec une baisse… Lire Plus

À l'honneur Á la une

Le service de la dette étrangle les pays en développement : impacts contrastés au Maghreb (BM)

Un rapport de la Banque mondiale publié le 3 décembre 2025 lance l’alerte: dans de nombreux pays en développement, le remboursement de la dette absorbe plus de ressources que les… Lire Plus

Actualités

Béni Abbès: 14 morts et 35 blessés dans le renversement d’un bus

Nouveau drame sur les routes : Le renversement d’un bus ce samedi à Béni Abbès, au sud-ouest du pays, a fait 14 morts et 35 blessés, selon un nouveau bilan de… Lire Plus

Actualités

Grand sud : l’empire invisible de l’or interdit

En Algérie, la contrebande a changé de nature. Après le carburant, longtemps au cœur des trafics frontaliers, c’est désormais l’or qui attire réseaux criminels et migrants sahéliens dans les immensités… Lire Plus