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Nationalité espagnole pour les Sahraouis : le PSOE accusé de blocage

Par Oussama Nadjib 5 novembre 2025
La députée espagnole d’origine sahraouie Tesh Sidi, membre du groupe parlementaire Más Madrid et de la coalition de gauche Sumar. (DR)

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À l’approche du 50e anniversaire du retrait de l’Espagne du Sahara occidental, la députée espagnole d’origine sahraouie Tesh Sidi dénonce le blocage d’une loi visant à rétablir la nationalité espagnole aux Sahraouis nés avant 1976. Elle accuse le PSOE, partenaire de la coalition gouvernementale, de freiner une réparation historique au nom de ses choix diplomatiques.

La députée espagnole d’origine sahraouie Tesh Sidi, membre du groupe parlementaire Más Madrid et de la coalition de gauche Sumar, a accusé, mardi, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de « bloquer une réparation historique » pour le peuple sahraoui et de « suivre depuis des années les théories de Rabat » sur le Sahara occidental. Au cœur de la polémique : une loi visant à rétablir la nationalité espagnole aux Sahraouis nés avant 1976, toujours paralysée au sein de la commission Justice, présidée par le PSOE.

« Le PSOE s’en tire impunément »

Tesh Sidi n’a pas mâché ses mots. « À mon avis, le Parti socialiste s’en tire impunément avec son opposition au peuple sahraoui », a-t-elle lancé. Elle exige que le PSOE lève le blocage de cette loi, soulignant que « le Parti socialiste a présenté des amendements tout à fait raisonnables, que nous aurions pu accepter, mais il empêche la commission de rédaction de finaliser le texte et de rétablir la nationalité sahraouie pour les Sahraouis nés citoyens espagnols sous le régime colonial ».

Cette loi, présentée par le parti Sumar et admise à l’examen parlementaire le 25 février dernier, vise à réparer ce que Sidi qualifie de « dette historique » envers ceux qui étaient sujets espagnols jusqu’au retrait officiel de l’Espagne du Sahara occidental, le 26 février 1976. Depuis, des milliers de Sahraouis vivent dans un vide juridique, privés de reconnaissance nationale malgré leur passé sous administration espagnole.

Une loi prête, mais bloquée

Selon des sources parlementaires, le projet de rapport est prêt depuis juin, mais reste en attente de validation. Le PSOE, qui contrôle le calendrier de la commission, n’a pas encore permis l’approbation de l’avis nécessaire pour que le texte soit soumis au Congrès, puis au Sénat.

La mesure bénéficie du soutien de groupes minoritaires et d’une grande partie de la gauche, mais se heurte à la résistance du PSOE, dont les positions diplomatiques sont de plus en plus critiquées.

« Cinquante ans d’abandon »

Cette semaine marque le 50e anniversaire de l’abandon du Sahara occidental par l’Espagne. Pour Tesh Sidi, le moment est propice à une reconnaissance officielle. « Je crois que c’est une manière de reconnaître et de réparer les torts », a-t-elle affirmé. Elle a salué les excuses présentées récemment par le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares pour les crimes commis durant la période coloniale au Mexique, mais a souligné l’absence de geste similaire envers les Sahraouis.

« Il y a 50 ans, nous occupions le Sahara occidental, et toutes les actions entreprises par le Parti socialiste au cours de ces 50 années, depuis la mort de Franco, ont été conformes à la position de Rabat », a-t-elle déclaré.

Une fracture politique qui ne menace pas la coalition

Depuis 2022, le gouvernement de Pedro Sánchez a renversé la position traditionnelle de l’Espagne sur le Sahara occidental en soutenant la proposition marocaine d’autonomie. Ce changement a provoqué une fracture au sein de la gauche espagnole et une profonde déception parmi les Sahraouis.

Mais malgré la virulence des critiques, cette divergence ne remet pas en cause la coalition gouvernementale. Sumar et le PSOE poursuivent leur collaboration dans le cadre d’un programme commun, même si ce désaccord révèle des tensions idéologiques persistantes, notamment sur les questions de politique étrangère et de mémoire coloniale.

Tesh Sidi a réaffirmé que Sumar « défendra toujours le droit inaliénable du peuple sahraoui à décider de son avenir » et a appelé les partis progressistes à se montrer « plus exigeants » envers le PSOE. « Nous ne pouvons pas détourner le regard alors que la reconnaissance est refusée à des personnes qui étaient légalement citoyennes espagnoles », a-t-elle averti.

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