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En Algérie, le cloud est trop galvaudé et la sécurité informatique mal prise en charge (experts)

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La sĂ©curitĂ© informatique est-elle nĂ©gligĂ©e au sein des entreprises et institutions algĂ©riennes ? C’est l’avis de Wahiba Kebir, General Manager de MTS Solution et instructeur chez Cisco AlgĂ©rie. Les pares feux et les mots de passe musclĂ©s ne suffisent pas, selon elle.

 

L’universitĂ© des Sciences et des Technologies d’Oran « Mohammed Boudiaf » (USTOMB) a initiĂ© un cycle de journĂ©es scientifiques en coopĂ©ration avec « MTS Solution », une sociĂ©tĂ© partenaire de l’amĂ©ricain CISCO, spĂ©cialisĂ©e dans la formation, le conseil et les solutions dans le domaine des TIC. La premiĂšre journĂ©e scientifique de ce cycle de rencontres s’est tenue le 22 octobre dernier en partenariat avec le laboratoire « LAMOSI » du dĂ©partement d’Informatique avec au menu deux communications portant sur le « Cloud Computing » et la « Cyber sĂ©curité », prĂ©sentĂ©es respectivement par Mlles Fatima Zohra Filali, doctorante Ă  l’universitĂ© Oran1 « Ahmed Benbella » et Wahiba Kebir, General Manager Ă  MTS Solution, instructeur CISCO.

Des opportunités de recrutement pour les étudiants

Pourquoi ces deux thĂ©matiques ? Pour Wahiba Kebir, le monde entier se dirige vers la virtualisation des systĂšmes et des infrastructures. Et l’AlgĂ©rie n’est pas en reste avec l’installation de nouveaux Ă©quipements par AlgĂ©rie TĂ©lĂ©com tel que le MSAN et d’autres technologies. Mais il y a un enjeu de taille Ă  gĂ©rer, a-t-elle soulignĂ©. Celui de la sĂ©curitĂ© pour prĂ©venir les risques d’intrusion. La question qui s’impose dĂšs lors : Est-ce que notre pays est en mesure de se protĂ©ger contre ces intrusion ou pas ? Franchement et malheureusement non, a-t-elle affirmĂ©. « Par manque d’infrastructure et par manque de vigilance », mĂȘme si, a-t-elle prĂ©cisĂ©, les compĂ©tences ne font pas dĂ©faut. Pour elle, le problĂšme est surtout dans notre aptitude Ă  « faire preuve de vigilance ». « Rares, sinon inexistantes sont les entreprises ou les organismes qui font aujourd’hui des simulations de sĂ©curitĂ© en AlgĂ©rie ». GĂ©nĂ©ralement, dit-elle, l’on se contente de mettre en place des « pares feux et des mots de passe et on croit ĂȘtre assez protĂ©gé ». Or, « on ne peut pas se contenter de ça tant qu’on n’a pas testĂ© notre systĂšme de protection ». L’approche CISCO dans ce domaine consiste Ă  « simuler des attaques pour tester la fiabilitĂ© des remparts utilisĂ©s pour protĂ©ger les rĂ©seaux ». C’est comparable, explique-t-elle, aux « fausses alertes » et autres exercices militaires ou de la protection civile utilisĂ©s pour tester la rĂ©activitĂ© des troupes. Pour tester les systĂšmes en simulant des attaques, il suffit de mettre en place les infrastructures nĂ©cessaires et de les doter d’un systĂšme de sĂ©curitĂ© fiable.

Pourquoi alors le choix de l’universitĂ© comme cadre de prĂ©sentation Ă  ce type de thĂ©matiques ? « Parce qu’il nĂ©cessaire d’établir des passerelles entre l’universitĂ© et l’entreprise. Parce que les Ă©tudiants d’aujourd’hui sont les experts de demain et parce qu’on veut encourager la prospection de l’excellence et du gĂ©nie, aller Ă  la rencontre des Ă©tudiants les plus brillants. D’ailleurs, pour la deuxiĂšme journĂ©e scientifique prĂ©vue dans le cadre de ce cycle, on a invitĂ© les Ă©tudiants en fin de cycle) prĂ©senter leurs projets de fin d’étude. Il y aura des opportunitĂ©s de recrutement en collaboration avec nos partenaires », affirme Mme Kebir.

 

Le Cloud Computing : Un thÚme trop récurent !

 

Pour sa part, Fatima Zohra Filali, doctorante Ă  l’UniversitĂ© Oran 1 « Ahmed Benbella » qui a prĂ©sentĂ© une communication sur le Cloud Computing juge ce thĂšme assez rĂ©curent dans le milieu universitaire. Un peu trop mĂȘme à son goĂ»t. « Beaucoup de thĂšses de doctorat ont justement mis le focus sur ce sujet. Mais la question qui s’impose aujourd’hui est la suivante : Est-ce que cet intĂ©rĂȘt est totalement justifiĂ© eu Ă©gard au contexte algĂ©rien des TIC ? Autrement dit, est-ce que notre pays offre actuellement les conditions idoines pour le dĂ©ploiement de cette technologie ? Et surtout est-ce que cet intĂ©rĂȘt apporte un plus pour les utilisateurs TIC et les entreprises algĂ©riennes ? », s’interroge-t-elle. Avant de rĂ©pondre : « Le Cloud, ce n’est pas encore pour nous. La raison est toute simple : nos infrastructures rĂ©seaux sont si faibles qu’elles ne permettent pas un dĂ©ploiement de qualitĂ©. Par infrastructures rĂ©seau, j’entends bien Ă©videmment la qualitĂ© du dĂ©bit et nos capacitĂ©s Ă  gĂ©rer les dĂ©faillances surtout ». Ces Ă©lĂ©ments constituent, selon elle, de « sĂ©rieux freins » pour le dĂ©ploiement Ă  grande Ă©chelle Ă  cette technologie. Elle suggĂšre que d’adapter les thĂšses des doctorants « à ce contexte particulier ». Des thĂšmes comme « la gestion des dĂ©faillances » ou encore la « sĂ©curitĂ© des rĂ©seaux » paraissent Ă  ce titre plus que pertinents. « Nous avons assez travaillĂ© sur les thĂ©matiques gĂ©nĂ©rales qui pourraient certainement convenir Ă  un autre pays mais sĂ»rement pas Ă  l’AlgĂ©rie. Une thĂšse de fin d’étude, Ă  plus forte raison dans ce domaine des TIC, n’est pas faite pour rester dans l’usage purement thĂ©orique et acadĂ©mique. La finalitĂ© d’une thĂšse doit ĂȘtre son intĂ©gration aux infrastructures afin que son utilisation apporte un plus aux usagers et surtout Ă  l’entreprise », affirme notre interlocutrice. Enfin, le professeur Mohamed Benyettou, directeur du Laboratoire de ModĂ©lisation et d’Optimisation des SystĂšmes Industriels (LAMOSI), du dĂ©partement d’Informatique, partenaire de cette rencontre, a estimĂ© que cette journĂ©e scientifique n’est qu’à sa premiĂšre Ă©dition et qu’elle sera suivie par d’autres. « Les thĂšmes du Cloud Computing et de la cyber sĂ©curitĂ© intĂ©ressent aussi bien les enseignants que les Ă©tudiants. C’est pour cela qu’on espĂšre que ce type de collaboration entre l’universitĂ© et les entreprises, notamment celles spĂ©cialisĂ©es dans les TIC, soit davantage renforcĂ© dans l’avenir », a-t-il conclu.

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