Le paysage des transactions financières en Algérie connaît une transformation rapide avec une croissance spectaculaire des paiements électroniques en 2024, marquée notamment par un bond impressionnant des transferts entre particuliers via mobile, selon les dernières données du Groupement d’intérêt économique de la monétique (GIE Monétique).
Une croissance exponentielle des transferts P2P
Les transferts de fonds entre particuliers (P2P) via téléphone mobile ont enregistré une hausse remarquable de 109% en 2024, atteignant un montant total de 503 milliards de dinars, contre 241 milliards en 2023. Le nombre de ces transferts a également augmenté significativement, passant de 17,8 millions en 2023 à 36,2 millions en 2024 (+103%), principalement réalisés via les applications BaridMob et Wimpay.
Cette croissance témoigne d’un engouement croissant des Algériens, particulièrement les jeunes, pour des solutions de paiement plus rapides et pratiques qui répondent aux exigences de la vie moderne.
Des chiffres toujours en hausse
Au-delà des transferts P2P, indiqués dans le bilan 2024 de GE Monétique, l’ensemble du secteur des paiements électroniques affiche des résultats encourageants. En chiffres, la valeur totale des paiements électroniques (TPE, internet, mobile) a atteint 643,8 milliards de dinars en 2024, contre 332,6 milliards en 2023 (+48,3%), les paiements en ligne ont progressé de 61%, s’élevant à 51,9 milliards de dinars, les paiements par téléphone mobile destinés aux web marchands ont augmenté de 49% en volume (58,4 millions d’opérations) et de 56% en valeur (43,5 milliards de dinars) et les paiements par TPE ont connu une hausse de 41%, atteignant 44,6 milliards de dinars.
Le même document a fait savoir que le secteur des télécommunications reste le plus dynamique avec 9,83 millions de transactions en ligne sur un total de 19 millions. D’autres secteurs montrent également une forte progression : Grands facturiers (+125%), Vente de biens (+107%), Transport (+104%) et Assurances (+66%).
Un retard persistant malgré les avancées
Malgré ces chiffres encourageants, l’Algérie accuse toujours un retard considérable en matière de dématérialisation des paiements. Le ratio paiements électroniques/retraits d’espèces n’est passé que de 0,1 en 2023 à 0,2 en 2024, révélant une faible pénétration des solutions numériques dans les habitudes de consommation des Algériens.
En effet, l’usage des espèces reste largement dominant, comme en témoignent les 197,3 millions d’opérations de retrait sur distributeurs automatiques enregistrées en 2024 (contre 174,4 millions en 2023), pour un montant supérieur à 44,6 milliards de dinars.
Évolution progressive, mais lente !
Lancé en 2016, dont l’acteur principal est Algérie poste, l’e-paiement en Algérie a progressivement élargi son offre. Le paiement mobile, dont le lancement en 2022, n’a que peu d’effet dans le paysage des paiements. Ce lancement est suivi en juin 2024, par l’interopérabilité entre cinq banques de proposer ces services. Ces initiatives ont été suivies en novembre 2024 par la fixation, par la Banque d’Algérie, des conditions de création des banques digitale.
Le rapport du GIE Monétique note que « les porteurs de carte effectuent moins de retraits en espèces et se tournent progressivement vers les paiements électroniques », une tendance qui « pourrait s’accentuer avec la densification du réseau d’acceptation ».
Avec désormais 582 web marchands adhérant au système électronique interbancaire (107 de plus qu’en 2023) et un total cumulé de plus de 58 millions de transactions en ligne depuis 2016, l’écosystème numérique algérien continue de se développer, bien que le chemin vers une économie véritablement dématérialisée reste encore long.