M A G H R E B

E M E R G E N T

Á la une

Diabète : un fléau pour 18 % des adultes algériens et 1,2 % du PIB national

Par Djaffar Ouigra 21 novembre 2025

blank

L’alerte a été lancée sans ambiguïté, jeudi 20 novembre à l’hôtel Marriott d’Alger. La rencontre organisée par l’ANPHA sur les « nouvelles frontières thérapeutiques » a servi de tribune à un diagnostic économique impitoyable : le diabète est en train de devenir un facteur de faillite sociale et budgétaire pour l’Algérie.

Les chiffres livrés par Miloud Kaddar, expert en économie de la santé, sont glaçants. Avec 18 % de la population adulte touchée — soit 4,8 millions de personnes — et une projection à 7,9 millions d’ici 2030, la maladie n’est plus une fatalité médicale mais une crise de santé publique qui coûte 2 milliards de dollars par an, l’équivalent de 1,2 % du PIB national. Une hémorragie sèche et constante.

Le poids sur les finances publiques est devenu insoutenable : 20 % du budget global de la santé s’y engouffre, sans parler des 54 milliards de dinars absorbés par la CNAS, soit près d’un tiers de ses dépenses. Douze mille vies sont perdues chaque année. La question n’est plus de savoir si l’on peut traiter le diabète, mais comment l’État peut financer durablement son aggravation alors que ses ressources se contractent.

L’addition fatale : sortir de la « consommation sociale » du médicament

Pour Miloud Kaddar, « la vraie question est celle de la soutenabilité. Peut-on financer durablement l’aggravation du diabète alors que les ressources publiques, elles, ne cessent de se contracter ? ». Son diagnostic est net : il faut sortir d’une gestion focalisée sur le médicament pour investir dans la prévention, la qualité du suivi et l’innovation.

Selon lui, 80 % des cas de diabète en Algérie découlent d’un suivi sanitaire insuffisant : manque de formation, inégalités d’accès à l’éducation thérapeutique, infrastructures inadaptées, et médication trop souvent choisie en fonction de la consommation sociale plutôt que de l’efficacité médicale.

Face à ce constat, l’expert appelle à des changements systémiques profonds. Première urgence : infléchir les comportements à la source en taxant de manière décisive le tabac, les produits sucrés et les produits gras — des leviers déjà activés avec succès dans plusieurs pays. L’État doit aussi moderniser sa prise en charge et encourager les innovations biomédicales et numériques. « Impossible d’éradiquer le diabète avec les seuls médicaments ; la clé réside dans les facteurs socio-économiques et organisationnels. »

Il faut, martèle l’expert, sortir d’une logique centrée sur le médicament pour investir dans le socio-économique et l’organisationnel.

La révolution numérique : l’intelligence artificielle contre la maladie

Face au mur, la solution d’avenir est la révolution numérique. Kaddar rappelle que les pays ayant investi dans l’intelligence artificielle et la télésurveillance ont généré jusqu’à 10 milliards de dollars d’économies tout en sauvant des vies.

Capteurs de glycémie en continu, pompes miniaturisées, télémédecine : ces technologies offrent un suivi personnalisé, une détection précoce des complications et renforcent l’autonomie du patient. Ces « codes d’accès » technologiques peuvent s’avérer plus efficaces que le remboursement systématique de la pharmacopée traditionnelle.

Mais pour que l’IA et le digital ne deviennent pas l’apanage de quelques privilégiés, il faut lever les barrières de coût, engager des réformes de fond, moderniser les infrastructures, former massivement et intégrer les innovations de manière souple dans un système d’information enfin cohérent.

ARTICLES SIMILAIRES

blank
Actualités

Port de Bejaia : forte hausse du trafic passagers en 2025

Le port de Bejaia enregistre une progression remarquable du trafic passagers durant les dix premiers mois de l’année 2025. Selon le Bulletin d’information officiel du port, couvrant la période du… Lire Plus

Flamme orange vif d'une torchère industrielle brûlant du gaz naturel sur fond de ciel bleu.
Actualités Energie

Torchage de gaz : l’Algérie réalise la deuxième meilleure performance mondiale

L’Algérie a réalisé en 2024 la deuxième plus forte réduction mondiale du volume de gaz torché. Une performance qui place le pays en tête des efforts internationaux, avec une baisse… Lire Plus

blank
À l'honneur Á la une

Le service de la dette étrangle les pays en développement : impacts contrastés au Maghreb (BM)

Un rapport de la Banque mondiale publié le 3 décembre 2025 lance l’alerte: dans de nombreux pays en développement, le remboursement de la dette absorbe plus de ressources que les… Lire Plus

blank
Actualités

Béni Abbès: 14 morts et 35 blessés dans le renversement d’un bus

Nouveau drame sur les routes : Le renversement d’un bus ce samedi à Béni Abbès, au sud-ouest du pays, a fait 14 morts et 35 blessés, selon un nouveau bilan de… Lire Plus

blank
Actualités

Grand sud : l’empire invisible de l’or interdit

En Algérie, la contrebande a changé de nature. Après le carburant, longtemps au cœur des trafics frontaliers, c’est désormais l’or qui attire réseaux criminels et migrants sahéliens dans les immensités… Lire Plus