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Deux avocats suisses évoquent le blocage des avoirs des Bouteflika et leur entourage (Le Temps)

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Les avocats Pascal de Preux et Daniel Trajilovic ont publiĂ© une opinion dans le Temps ou ils font le tour des conditions de la mise en Ɠuvre de la loi LVP dans le cas AlgĂ©rien.

Point de dĂ©part de la quĂȘte des deux juristes suisses publiĂ© dans le Temps,  « les liens Ă©troits qu’entretient le prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika avec la Suisse Â»  Lui mĂȘme ou ses proches pourraient donc  jouir  aussi « d’intĂ©rĂȘts financiers au sein de notre place financiĂšre Â» . Du coup, le prĂ©sident AlgĂ©rien sur le dĂ©part et son entourage pourrait tomber sous le coup de « la loi sur les valeurs patrimoniales d’origine illicite (LVP) est entrĂ©e en vigueur le 1er juillet 2016, en rĂ©ponse notamment aux Ă©vĂ©nements du Printemps arabe Â».  Les deux avocats rappellent que « lors de ces bouleversements survenus en Tunisie et en Egypte notamment, le Conseil fĂ©dĂ©ral avait immĂ©diatement rĂ©agi en bloquant les avoirs des prĂ©sidents Ben Ali et Moubarak ainsi que de leurs proches. Les procĂ©dures ouvertes ont rĂ©cemment abouti Ă  la restitution d’une partie des fonds sĂ©questrĂ©s Ă  la Tunisie et Ă  l’Egypte Â». La base lĂ©gale de l’intervention du Conseil FĂ©dĂ©ral en 2011 lors des rĂ©volutions en Tunisie et Egypte n’était pas celle de la LVP. « Il s’était alors fondĂ© dans l’urgence en vertu des prĂ©rogatives que lui confĂšre la Constitution pour sauvegarder les intĂ©rĂȘts du pays (art. 184 al. 3 Cst). DorĂ©navant, la loi sur les valeurs patrimoniales d’origine illicite constitue un puissant instrument juridique lors de la survenance de tels Ă©vĂ©nements Â».

Des conditions à remplir pour la mise sous séquestre

Pour MM Pascal de Preux et Daniel Trajilovic  Â« quelle que soit l’issue des tractations en cours, la lĂ©gislation suisse offre au Conseil fĂ©dĂ©ral la possibilitĂ© d’intervenir indirectement dans la crise institutionnelle qui frappe l’AlgĂ©rie, par le blocage des valeurs patrimoniales appartenant au prĂ©sident algĂ©rien et Ă  son entourage, en application de la loi fĂ©dĂ©rale sur le blocage et la restitution des valeurs patrimoniales d’origine illicite de personnes politiquement exposĂ©es Ă  l’étranger (LVP).  PrĂ©cision de taille « il s’agirait d’une situation inĂ©dite. Le Conseil fĂ©dĂ©ral n’a pas encore eu l’occasion d’user du pouvoir confĂ©rĂ© par ce texte lĂ©gal. Il faudrait pour que la LVP soit mise en Ɠuvre que la notion de potentat soit applicable au prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika. Les circonstances pacifiques de sa chute pourrait gĂȘner cette dĂ©nomination. Toutefois d’autres dĂ©finition plus larges de la loi peuvent soumettre le prĂ©sident Bouteflika et son entourage Ă  l’application de la LVP.  Â«les dirigeants Ă©trangers qui abusent de leur pouvoir pour s’approprier des valeurs patrimoniales par des actes de corruption ou d’autres crimes et les dĂ©tourner ensuite vers des places financiĂšres Ă©trangĂšres». La loi conditionne le blocage prĂ©ventif de valeurs patrimoniales qui appartiennent grosso modo au chef de l’Etat, aux membres de son gouvernement, aux personnes exerçant des fonctions rĂ©galiennes au sein du pays concernĂ© ainsi qu’à leurs proches.

Une concertation multi-latérale

L’opinion publiĂ©e par le Temps ajoute ; « si cette prĂ©misse est remplie, le blocage n’est admissible que si le gouvernement ou certains membres du gouvernement de l’Etat d’origine «ont perdu le pouvoir ou un changement de celui-ci apparaĂźt inexorable» (a); si le degrĂ© de corruption dans l’Etat d’origine est notoirement Ă©levĂ© (b); si les valeurs patrimoniales proviennent vraisemblablement d’actes de corruption ou de gestion dĂ©loyale ou d’autres crimes (c); et enfin, si la «sauvegarde des intĂ©rĂȘts de la Suisse exige le blocage de ces valeurs patrimoniales» (d) Â». Ultime condiition pour la mise en Ɠuvre de la LVP : « Avant d’ordonner le blocage, le Conseil fĂ©dĂ©ral est tenu de se renseigner sur la position des principaux Etats partenaires et des autres organisations internationales Â»  prĂ©cisent les deux avocats.