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Dette extérieure : l’Algérie est-elle vraiment parmi les pays les moins endettés ?

Par Lynda NACER 22 décembre 2025
Façade de la Banque d’Algérie à Alger.
La Banque d'Algérie maintient une politique de faible endettement externe depuis les années 2000.

Fin 2024, le pays affiche un endettement externe officiel de 2,87 milliards de dollars selon la Banque d’Algérie, soit 1,3 % du PIB. La Banque mondiale évalue cependant l’encours total à 6,90 milliards USD. Un niveau historiquement bas qui positionne l’Algérie parmi les pays les moins endettés au monde.

L’Algérie a fermé l’année 2024 avec une dette extérieure totale de 2,87 milliards de dollars, selon les dernières données publiées par la Banque d’Algérie. La Banque mondiale rapporte pour sa part 6,898 milliards USD en utilisant sa définition standardisée internationale (dettes publiques, privées, garanties et engagements reportés) . Un montant qui marque une baisse continue depuis 2019, année où cet endettement s’établissait à 3,83 milliards de dollars.

Rapporté à la taille de l’économie, ce niveau d’endettement ne représente que 1,3% du PIB, un ratio qui place l’Algérie parmi les champions mondiaux du désendettement. Pour mettre ce chiffre en perspective, la plupart des économies émergentes affichent des taux d’endettement externe plusieurs fois supérieurs, souvent au-delà de 20 ou 30% de leur PIB. Cette situation découle d’une stratégie assumée par les autorités algériennes depuis le milieu des années 2000.

Après avoir connu une crise d’endettement sévère dans les années 1990, quand le service de la dette absorbait plus de 80% des revenus du pays, l’Algérie a profité de la manne pétrolière pour se désendetter massivement. Depuis, le principe du non-recours à l’emprunt extérieur est devenu une doctrine quasi immuable.

Qui sont les créanciers de l’Algérie ?

La dette à long terme est passée de 1,57 milliard de dollars en 2019 à 1,11 milliard de dollars en 2024, tandis que la dette à court terme a diminué de 2,26 à 1,76 milliard de dollars sur la même période. Cette dette de court terme représente désormais 61,2% du total et correspond essentiellement à des crédits commerciaux liés aux importations. Du côté des créanciers, les institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale constituent toujours la principale source d’endettement à long terme, même si leur part a reculé.

Les crédits multilatéraux sont passés de 1 milliard de dollars en 2019 à 718 millions de dollars fin 2024. Les prêts bilatéraux accordés par d’autres gouvernements ont connu une chute encore plus marquée, tombant de 385 à 130 millions de dollars. Seul un poste affiche une légère progression : le soutien des maisons mères à leurs filiales opérant en Algérie, qui est passé de 130 à 254 millions de dollars. Un signal qui pourrait indiquer une certaine continuité dans les investissements directs étrangers financés par les sièges sociaux des entreprises.

Point notable dans cette architecture financière : l’Algérie n’a procédé à aucune émission obligataire sur les marchés internationaux durant toute la période considérée. Le pays refuse catégoriquement de financer son déficit budgétaire via ce canal, contrairement à de nombreuses économies émergentes qui recourent régulièrement à ces instruments de dette.

Des réserves de change en chute libre

Cette politique de faible endettement externe offre à l’Algérie une relative protection contre les chocs financiers internationaux et les fluctuations des marchés de la dette. Le pays échappe ainsi aux conditionnalités souvent associées aux programmes d’aide ou de restructuration proposés par les institutions financières internationales.

Mais cette stratégie a son talon d’Achille : les réserves de change. Celles-ci se sont fortement érodées en 2025. Selon les données compilées par CEIC à partir des chiffres du FMI et de la Banque d’Algérie, elles sont tombées à 47,1 milliards de dollars en octobre 2025, contre 67,8 milliards fin 2024. Une chute de plus de 20 milliards en dix mois, avec un recul de 2,5 milliards entre septembre et octobre. Ces réserves ne couvrent désormais qu’environ 10 à 11 mois d’importations, contre 13 à 16 mois un an plus tôt.

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