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Maghreb

Des associations marocaines disent « non » au racisme anti-noir

Par Yacine Temlali 20 mars 2014
''Je ne m'appelle pas Azzi'' : une courageuse initiative anti-raciste des associations marocaines.

La campagne vise, selon ses promoteurs, à attirer l’attention sur le racisme primaire naissant au Maroc ». Elle se poursuivra jusqu’au 20 juin prochain. Le Maroc a lancé en janvier dernier une opération de régularisation des sans-papiers, en majorité des Subsahariens. Les conditions pour être régularisé demeurent toutefois, draconiennes.

 

Une campagne nationale contre le racisme et pour la régularisation des  »sans papiers » au Maroc sera lancée demain vendredi 21 mars, Journée mondiale pour l’élimination de la discrimination raciale. Organisée par la coordination  »Papiers Pour Tous », elle s’étalera jusqu’au 20 juin prochain, qui coïncide avec la Journée mondiale du réfugié. Elle aura pour slogan « Masmiytish Azzi » (je ne m’appelle pas  »Azzi », terme raciste qu’on peut rendre par le français  »nègre »). Elle se déclinera en plusieurs actions, dont, notamment, des conférences-débats avec des acteurs associatifs, des personnalités politiques, des sportifs et des parlementaires.

 »Par cette campagne, nous voulons contribuer à un meilleur accueil des migrants, avec ou sans papiers, et attirer l’attention de l’opinion publique, des médias et des décideurs sur le racisme primaire naissant au Maroc », indique un communiqué de cette coordination qui regroupe, entre autres organisations, l’Association marocaine des droits humains (AMDH), le Conseil des migrants subsahariens au Maroc (CMCM), le Forum des alternatives Maroc, et le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM).

Le nombre des  »sans papiers » au Maroc, en majorité des Subsahariens, serait entre 25.000 et 40.000, selon le ministre de l’Intérieur marocain Mohamed Hassad, ancien wali (préfet) de la ville du Détroit, Tanger.

 

Régularisation au compte-gouttes

 

Cette campagne est lancée alors que les Subsahariens en situation irrégulière sont harcelés par la police dans les zones frontalières avec l’Espagne. Au mois de février dernier, la mort de 12 d’entre eux alors qu’ils tentaient de franchir la frontière vers l’enclave espagnole de Ceuta avait provoqué un vaste mouvement d’indignation. L’AMDH, la Gadem, Amnesty, HRW et d’autres ONG de défense des droits de l’homme avaient pressé le gouvernement marocain de cesser de harceler ces migrants et de les refouler, et, surtout, de mettre fin aux campagnes d’arrestations, parfois musclées, qui les ciblent périodiquement.

Devant les pressions marocaines mais aussi celles des associations européennes, le Maroc avait annoncé, début janvier dernier, une vaste opération de régularisation des  »sans papiers » qui prendra fin le 31 décembre 2014. Les conditions pour être régularisé sont, toutefois, draconiennes.

Selon le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, seuls seront régularisés les étrangers conjoints de ressortissants marocains justifiant d’au moins 2 ans de vie commune, les étrangers conjoints d’autres étrangers en résidence régulière au Maroc et justifiant d’au moins 4 ans de vie commune, les enfants issus des deux cas susvisés, les étrangers disposant de contrats de travail effectifs d’au moins 2 ans, les étrangers justifiant de 5 ans de résidence continue au Maroc, et les étrangers atteints de maladies graves et se trouvant sur le territoire national avant le 31 décembre 2013. Les migrants subsahariens qui vivent cachés dans les forêts de Rosto Gordo, près de Tanger, ou à Gourougou (Oujda-Nador), pas plus que ceux qui vivent d’expédients dans les villes pourchassés par la police, sont ainsi exclus du bénéfice de cette régularisation.

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