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Tourisme au temps de la Covid : les petites agences de voyages sont-elles vouées à disparaître ?

Par Kheireddine Batache 4 février 2021

Foudroyés par les conséquences économiques liées aux mesures de lutte contre la propagation du Covid-19 (suspension des vols et traversées en mer, annulation des Petit et Grand pèlerinages musulmans, restrictions en tout genre…), les voyagistes et lesprofessionnels du tourisme en Algérie crient leur désarroi face à l’assèchement de leurs sources de revenu, sans qu’ils puissent trouver une oreille attentive.

Alors que l’industrie touristique est au point mort, beaucoup redoutent le spectre d’un mouvement de remboursements massif des produits commercialisés en période post-Covid-19, notamment les billets d’avion.

C’est ce que nous a appris F.A, un agent agréé par l’État et gérant d’une agence à Alger. Selon ses déclarations, il ne serait pas très favorable à une reprise de son activité dans l’immédiat, car cela signifie davantage de charges pour sa trésorerie. « Comment voulez-vous que je puisse rouvrir mon agence si les premiers clients qui viendront seront ceux qui réclameront un remboursement de leurs billets inutilisés ?» S’interroge-t-il.

Pour mémoire, la fermeture de l’espace aérien et maritime intervenue à la mi-mars 2020 a cloué au sol tous les avions de ligne, ayant entraîné par un « effet dominos » déconcertant de réalisme, des annulations en masse de nombreuses dessertes par avion ou par bateau. Des milliers de voyageurs se sont retrouvés en possessions de billets d’avions achetés, pour certains aux prix forts, sans qu’ils puissent en profiter.

Nonobstant l’ouverture des lignes intérieures, cette situation s’aggrave de jour en jour, avec des frontières fermées depuis bientôt un an.

A.A est lui aussi gérant d’une jeune et dynamique agence de voyages, qui vient à peine de souffler sa première bougie. Le moral dans les chaussettes, il prend son mal en patience pendant que son rideau reste baissé. « Nous n’avons eu droit à aucune aide de la part l’État ni des assurances. Le hic ! C’est qu’on nous demande de payer des impôts ». Nous confie-t-il.

Et pour cause, sans réels produits à proposer à sa clientèle, le jeune entrepreneur rechigne à relancer son affaire, craignant lui aussi de se retrouver face à de longues files d’attente de clients réclamant qu’on les rembourse. «  Nous devons d’abord toucher l’argent de la part de nos partenaires pour pouvoir ensuite procéder aux remboursements. Ces derniers sont bel et bien accordés, mais sous forme d’avoirs bloqués. » nous détaille-t-il.

Désabusé par le manque de perspective quant à l’avenir proche, il poursuit son réquisitoire envers les responsables de son secteur : « Dans la mesure où nous n’avons aucun produit à proposer, ni même la vente de billets pour des dates relativement éloignées ou les prises de rendez-vous pour déposer les demandes de visa ou, nous ne savons pas quoi faire pour survivre à cette situation ubuesque. »

Face à l’inertie et l’attentisme des pouvoirs publics, une centaine de professionnels et jeunes diplômés de l’Ecole Nationale Supérieure de Tourisme (ENST), ont décidé, il y a quelques mois, de prendre le taureau par les cornes et parler d’une seule voix. Ils préparent, en effet, le lancement d’une initiative commune, qui les représentera officiellement et défendra leurs intérêts, avait , dès lors, appris Maghreb Émergent de source sûre.

Contacté par nos soins, le Syndicat national des agences de tourisme et de voyages (SNAV) s’est exprimé à plusieurs reprises par la voix de son président, qui nous a expliqué qu’environ 800 petites agences nouvellement créées sur les 3500 que compte le pays, risquent de mettre la clé sous le paillasson si la situation venait à perdurer.

Pour l’ancien haut fonctionnaire au ministère du Tourisme, la problématique des remboursements reste secondaire, dans la mesure où bon nombre d’agences n’ont pas eu le temps de commercialiser grand chose, avant que le Covid-19 frappe le pays de plein fouet. Il considère par contre que l’absence de produits à commercialiser peut contraindre beaucoup de professionnels à fermer boutique, notamment à cause des charges fixes qu’ils doivent assumer (salaires, impôts, loyer…)

Aujourd’hui, plus de 70% des agences de voyages du pays sont en faillite, selon le journal El Watan, mettant en péril tout un segment du secteur du tourisme en Algérie.

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