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Coup de colère de Abderrezak Mokri, qui ne croit plus à la réforme de l’intérieur du pouvoir

Par Maghreb Émergent 17 septembre 2014
Mokri s'en prend au pouvoir et à ses

 

Abderrezak Mokri ne croit plus à une transition avec le pouvoir. Il pique un coup de colère et s’en prend au FFS et à l’ancien premier ministre Mouloud Hamrouche, à qui il reproche d’être bons « pour le travail de charité mais pas pour la politique ».

 

Le président du MSP, Abderrezak Mokri, s’est vivement attaqué mercredi au pouvoir et à « ceux qui croient encore qu’il est possible d’aller à une transition négociée ». Réagissant au refus de ses anciens alliés de l’alliance présidentielle d’admettre les partis de l’opposition au sein des instances de l’Assemblée Nationale, et du rejet d’une proposition de loi sur les associations présentées par « l’alliance verte », une coalition de partis islamistes, le chef du MSP affirme qu’il s’agit là de « signes forts pour ceux qui prêtent encore au pouvoir de bonnes intentions ».

«Il n’y pas de place à la réforme de l’intérieur du pouvoir », affirmé, tranché, M. Mokri. « Le pouvoir n’a pas l’intention d’élargir le champ des libertés », et « il n’est pas disposé à libérer la société civile ». Sur un autre plan, le pouvoir agrée les partis « pour préserver des équilibres favorables », dit-il. Ces partis sont, du reste, contrôlés par le biais du trafic électoral, ajoute-t-il, avant de s’en prendre à ceux qui défendent l’idée d’une transition dans laquelle le pouvoir serait associé.

«Certains de nos amis ne sont pas encore guéris de la maladie qui les pousse à se rapprocher du pouvoir », écrit M. Mokri, sans citer nommément ces partenaires. Ces alliés persistent dans leur démarche « malgré l’échec du pouvoir à assurer le développement du pays, malgré l’ampleur de la corruption, malgré le gaspillage des richesses du pays, et malgré la menace contre le présent l’avenir du pays », ajoute-t-il. Pour lui, beaucoup de ceux qui veulent amener le pouvoir à négocier « sont animés de bonnes intentions ». Toutefois, « ils sont bons pour le travail humanitaire et la charité, mais ils ne sont pas qualifiés pour la politique », dit-il.

Nostalgie

L’idée d’une transition négociée est défendue par de nombreux acteurs politiques, notamment par le FFS et l’ancien premier ministre Mouloud Hamrouche, qui a appelé l’armée à déclencher un processus de changement. M. Mokri semble d’ailleurs faire allusion à Hamrouche, en affirmant que «certains sont nostalgiques de stratégies de changement dépassées par le temps, et qui ne sont plus défendables ». D’autres ont rejoint cette démarche « par mimétisme, ou par manque de confiance en eux », dit-il cette fois à propos du FFS, et d’autres « parce qu’ils ont perdu des privilèges  matériels».

Pour M. Mokri, le pouvoir a donné « une preuve irréfutable qu’il n’est pas qualifié pour diriger le pays, et qu’il est impossible de faire confiance à ses prétentions de mener des réformes ».  En refusant la présence de l’opposition dans les structures de l’APN, le pouvoir a montré qu’il « ne croit pas au consensus », qu’il « n’hésite pas à recours au trafic », qu’il est hostile à toute idée de contrôle, malgré la domination écrasante des partis du pouvoir au sein du parlement.

Coup de colère

M. Mokri accuse le bureau de l’Assemblée Nationale d’avoir trafiqué un procès-verbal de réunion au sein de l’APN. Un représentant de « l’Alliance verte » avait affirmé la volonté de la coalition d’intégrer ou réintégrer les structures de l’APN, alors que le procès-verbal de la réunion indique un choix opposé, selon le chef du MSP. « Peut-on encore compter faire quelque chose pour le pays, en jouant l’apaisement » face à un tel pouvoir, se demande M. Mokri.

Ce coup de colère de M. Mokri intervient au lendemain du refus de la présidence de l’Assemble Nationale d’accorder des postes de vice-présidents et de président de commissions aux élus de l’Alliance verte, alors que le règlement intérieur du parlement prévoit clairement une participation de l’opposition à différentes structures, y compris au profit de partis à faible représentation. Mais il traduit aussi l’exaspération de M. Mokri, arrivé à la tête du parti il y a un an, et qui se trouve pris au piège de l’opposition, alors que son parti a toujours vécu à l’ombre du pouvoir, participant au gouvernement pendant deux décennies, sans interruption.

Au centre d’une initiative destinée à regrouper l’opposition au sein d’une coalition qui veut se présenter comme alternative au pouvoir, M. Mokri a joué un rôle central dans l’organisation de la conférence de Zéralda, en juin, durant laquelle l’opposition avait convenu d’agir de manière coordonnée face au pouvoir. Le gouvernement n’a cependant pas répondu à cette offre, poursuivant son propre agenda comme si rien ne s’était passé.

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