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Maghreb

ColÚre en Tunisie contre un projet remanié du Conseil supérieur de la magistrature

Quinze juges affirment avoir appris leur révocation par téléphone

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Les magistrats tunisiens sont repartis au front de la contestation, et entendent empĂȘcher l’adoption d’un projet de loi portant crĂ©ation d’un Conseil supĂ©rieur de la magistrature  remaniĂ©, contraire selon eux ‘’à la Constitution’’. Une grĂšve gĂ©nĂ©rale a Ă©tĂ© observĂ©e jeudi pour protester contre ce projet de loi.

 

C’est mercredi que le Conseil des ministres Tunisien, prĂ©sidĂ© par Habib Essid, avait examinĂ© et adoptĂ© un avant projet de loi portant crĂ©ation du Conseil supĂ©rieur de la magistrature. Et l’a immĂ©diatement transmis au Parlement. Le mĂȘme jour, la corporation des magistrats tunisiens se mobilise contre ce projet de loi, envoyĂ© Ă  l’AssemblĂ©e des reprĂ©sentants du peuple (ARP, Parlement), et organise le lendemain jeudi un dĂ©brayage gĂ©nĂ©ral, avec prĂ©sence au travail. Ainsi, les magistrats des ordres judiciaire, financier et administratif dans tous les tribunaux de Tunisie avaient observĂ©  une grĂšve Ă  l’appel de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) et du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) pour protester contre ce projet de loi. La prĂ©sidente du SMT, Raoudha Laabidi, a appelĂ© d’abord  ‘’au respect de la Constitution’’, ensuite les dĂ©putĂ©s de l’ARP Ă  ‘’revoir ce projet de loi avant son adoption’’, Ă©tant donnĂ© les nombreuses lacunes qu’il comporte selon elle, dont celles qui ‘’ne garantissent aucunement l’indĂ©pendance du pouvoir judiciaire’’. Dans une dĂ©claration Ă  l’agence Tunis Afrique presse (TAP), elle a estimĂ© que ce projet de loi ‘’ confĂšre Ă  l’exĂ©cutif (PrĂ©sident de la RĂ©publique et Chef du gouvernement) des attributions qui ne sont pas Ă©noncĂ©es dans le texte de la Constitution’’. Quant Ă  la prĂ©sidente de l’AMT, Raoudha Karafi, elle a soulignĂ© de son cĂŽtĂ© que l’Association a appelĂ© Ă  la tenue, en urgence, d’une rĂ©union du Conseil national ce samedi au siĂšge de la Cour d’appel de Sfax pour examiner l’Ă©volution des Ă©vĂšnements et rĂ©flĂ©chir aux nouvelles formes de protestation. Pour elle, il doit y avoir un conseil supĂ©rieur de la magistrature ouvert et reprĂ©sentatif des diffĂ©rents corps du systĂšme judiciaire, dont la prĂ©sence de la sociĂ©tĂ© civile au sein de ce conseil.

Un texte ‘’illĂ©gitime’’

De son cĂŽtĂ©, Ahmed Rahmouni, prĂ©sident de l’Observatoire tunisien de l’indĂ©pendance de la magistrature, a estimĂ© que les interventions du ministĂšre de la Justice et du Conseil des ministres sur le texte original (du Conseil supĂ©rieur de la magistrature) sont « illĂ©gitimes », car les principaux acteurs qui ont travaillĂ© ce texte pendant une annĂ©e (juges, experts, membres de la sociĂ©tĂ© civile, commission technique) sous le gouvernement de transition de Mehdi Jomaa n’ont pas Ă©tĂ© consultĂ©s. Encore moins les organismes reprĂ©sentants les juges, a-t-il prĂ©cisĂ© dans une dĂ©claration au Huffington Maghreb. D’autre part, les remaniements effectuĂ©s sur le texte original par le gouvernement Essid ‘’sont contraires Ă  la Constitution pour plusieurs raisons, explique encore M. Rahmouni. Parmi ces raisons, il y a le fait que ‘’les membres du Conseil viennent seulement de trois professions: les juges, les avocats et les experts comptables, alors que le texte remaniĂ© va Ă  l’encontre de la Constitution en excluant environ 30 professions ayant un rapport avec la magistrature, comme les huissiers’’. La Commission de lĂ©gislation gĂ©nĂ©rale Ă  l’ARP a entamĂ© jeudi l’examen de ce projet de loi controversĂ©.