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Code pénal : la majorité parlementaire approuve des dispositions préoccupantes

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Les dĂ©putĂ©s de l’AssemblĂ©e populaire nationale ont adoptĂ©, mardi, Ă  la majoritĂ© le projet de loi portant amendement du code pĂ©nal. Certaines dispositions qui ont soulevĂ© des prĂ©occupations ont Ă©tĂ© maintenues.

En prĂ©paration depuis trois ans, le texte devant complĂ©tant l’ordonnance n° 66-156 du 8 juin 1966, a Ă©tĂ© soumis au vote, hier. Les parlementaires l’ont approuvĂ© Ă  la majoritĂ©, Ă  l’exception des dĂ©putĂ©s du MSP qui se sont abstenus.

Le texte n’a pas fait l’objet de rĂ©el dĂ©bat que ça soit Ă  l’intĂ©rieur ou en dehors de l’APN, Ă  l’exception de certains avocats qui ont exprimĂ© des rĂ©serves quant Ă  quelques articles. MalgrĂ© quelques propositions d’amendements soulevĂ©s par des dĂ©putĂ©s, il n’y a pas eu de retrait ou de modifications significatives sur les articles jugĂ©s dangereux comme c’est le cas de l’article 163 bis 24 relatif Ă  la protection des forces de l’ordre pendant l’exercice de leur fonction. Cet article considĂšre le recours Ă  la force et l’usage des armes “justifiĂ©s pour mettre un terme Ă  un crime en cas de lĂ©gitime dĂ©fense”. Il a Ă©tĂ© approuvĂ© Ă  la suite d’un consensus.

Le texte apporte de nouveaux articles formulĂ©s de maniĂšre vague et prĂ©voyant des peines sĂ©vĂšres. Il introduit notamment un article inquiĂ©tant relatif Ă  la “haute trahison” qui prĂ©voit la prison Ă  la perpĂ©tuitĂ© Ă  l’encontre de quiconque “transmet des informations ou des documents classĂ©s secrets”, relevant de “la sĂ»retĂ© nationale, de l’armĂ©e et de l’économie nationale via les rĂ©seaux sociaux, au profit d’un État ou d’un agent agissant pour un autre État” (Article 63). Il introduit aussi un article relatif Ă  l’entrave Ă  l’investissement prĂ©voyant une peine pouvant aller jusqu’à 12 ans de prison, sans apporter de dĂ©finitions claires de ces actes.

Le texte criminalise certains actes comme la profĂ©ration d’injures et d’insultes dans l’espace public. AjoutĂ© la veille du vote, cet article prĂ©voit une peine de six mois de prison et une amande atteignant 100 000 dinars. Parmi le autres actes criminalisĂ©s, le cas d’injures et la diffamation envers les symboles de la rĂ©volution nationale avec des peines pouvant atteindre cinq and de prison.

Outre le durcissement des peines relatives au charlatanisme et Ă  l’agression sexuelle sur mineur, le texte prĂ©voit d’augmenter Ă  vingt ans la peine prĂ©vue dans l’article 175 relatif la sortie du territoire national d’une maniĂšre illĂ©gale. Le texte modifie Ă©galement les articles relatifs Ă  la protection des enseignants et des imams. Concernant ces dernier, l’exigence que « les violences doivent ĂȘtre commises Ă  l’intĂ©rieur de la mosquĂ©e » a Ă©tĂ© supprimĂ©e.

MalgrĂ© la mention du respect des conventions internationales ratifiĂ©es par l’AlgĂ©rie, les dispositions du texte semblent nĂ©gliger les recommandations Ă©mises par les organisations de dĂ©fense des droits de l’homme et les Nations Unies. Cela est particuliĂšrement Ă©vident dans l’article 87 bis relatif au « terrorisme », par lequel sont poursuivis de nombreux dĂ©tenus d’opinion. De plus, d’autres articles liĂ©s Ă  l’atteinte Ă  la sĂ»retĂ©, l’intĂ©gritĂ© et l’intĂ©rĂȘt de l’État n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s conformĂ©ment aux suggestions des Rapporteurs spĂ©ciaux, tels qu’exprimĂ©es lors de leurs visites en AlgĂ©rie.