À trois jours du duel Guinée–Algérie pour la 8ᵉ journée des éliminatoires du Mondial 2026, une grande partie du public algérien ignore encore que la rencontre ne se jouera pas à Conakry, mais à Casablanca. La CAF a officialisé la délocalisation le 25 juillet dernier, mais l’information est passée sous les radars. Les médias algériens ont surtout parlé d’un « match délocalisé » sans préciser le Maroc comme destination, laissant l’opinion publique dans le flou. La cause est pourtant simple : le stade de Conakry n’a pas été homologué, obligeant la Guinée à chercher un terrain supposé neutre.
Un match à fort enjeu sportif
Sur le terrain, la confrontation est capitale. L’Algérie, solide leader, après sa victoire (3~1) sur le Botswana, sait qu’un succès la rapprocherait à trois points d’une qualification directe, voire d’une place assurée selon les résultats de ses poursuivants. Pour la Guinée, victorieuse de la Somalie (3-0) lors de la même journée, il s’agit d’un dernier espoir. Battre les verts lui permettrait de rester en course pour les barrages. L’électricité est déjà palpable autour de ce choc.
Un choix aux résonances politiques
Mais le dossier dépasse le cadre sportif. Depuis la rupture diplomatique entre Alger et Rabat en 2021, le football s’est souvent retrouvé pris en otage par les tensions bilatérales. L’épisode de 2024 entre l’USM Alger et la RS Berkane a laissé des traces. Le club marocain avait arboré sur son maillot une carte ne respectant pas les frontières internationales reconnues par l’ONU entre le Maroc et le Sahara Occidental. Dans ce climat, voir la Guinée choisir Casablanca plutôt qu’Abidjan – une option jugée pourtant plus avantageuse sportivement et plus accessible – a de quoi alimenter les suspicions. L’affaire prend d’autant plus de relief que l’Algérie est en quête de revanche. Elle s’était inclinée chez elle à l’aller (1-2).
Une répétition avant la CAN
Ce rendez-vous aura aussi valeur de test. Le Maroc accueillera la CAN dans trois mois, et l’Algérie pourrait y retrouver une ambiance comparable à celle du match de lundi. Reste une incertitude majeure : les autorités algériennes permettront-elles à leurs supporters de se déplacer au royaume chérifien ? Pour l’instant, le brouillard demeure épais à ce sujet.
Guinée–Algérie n’est pas qu’un simple match de qualifications à la coupe du monde de 2026. Entre enjeux sportifs, tensions diplomatiques et répétition générale avant la CAN, ce déplacement de la sélection de Petkovic à Casablanca prend des allures de match-bascule. Il pourrait tout aussi bien se dérouler dans de bonnes conditions, accoucher d’une bonne nouvelle pour les Algériens et dégonfler l’appréhension qui couve la participation des verts à la CAN de décembre prochain