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Brahimi, Belaïli : le plafonnement des salaires gêne le recrutement des stars algériennes

Par Samy injar 18 juillet 2025

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La prolongation, cette semaine, du contrat de Yassine Brahimi à Al-Gharafa (Qatar) a mis fin aux espoirs des supporters de la JS Kabylie de le voir venir jouer sous leurs couleurs en Algérie. L’international algérien, réhabilité chez les Verts au début de l’ère Petkovic puis écarté, était-il – à plus de 120 000 euros de salaire mensuel – financièrement inaccessible pour la JSK qui le convoite depuis deux saisons ? Peut-être, mais le choix de Brahimi met une croix sur de petites chances de briller en Algérie sous les yeux du sélectionneur et d’espérer revenir en Coupe du monde en 2026 après avoir joué celle de 2014. Cette prolongation, somme toute très confortable, illustre en creux la difficulté croissante pour les clubs locaux d’attirer ou de rapatrier les stars algériennes, alors que les rémunérations à l’étranger restent largement supérieures à ce que permet le championnat national. À l’image de Brahimi, d’autres internationaux algériens hésitent à retrouver la Ligue 1 Mobilis, freinés par le nouveau contexte financier.

Négociations bloquées et plafonnement salarial

Les négociations engagées entre le MC Alger (MCA) et l’ES Tunis pour rapatrier Youcef Belaïli butent notamment sur le montant de l’indemnité de transfert, mais aussi sur le salaire du joueur, incompatible avec le plafond fixé par la Fédération algérienne de football (FAF).

Belaïli touchait au MC Alger près de 20 millions de dinars par mois durant la saison 2023-2024. Cela était alors possible. Pour la prochaine saison 2025-2026, la FAF impose un plafond salarial mensuel de 250 millions de centimes (2,5 millions de dinars, soit environ 10 000 euros au taux parallèle), limitant la partie fixe des contrats.
Des primes liées aux performances sont autorisées mais ne compensent pas les attentes financières des joueurs. Soupape de tolérance, les salaires « hors gabarit » doivent être justifiés par un financement privé et non adossés à des subventions publiques.
Pour les clubs qui ont des actionnaires riches et généreux, le recrutement avec de grands salaires nécessite, de fait, des montages complexes pour rentrer dans les clous de la directive FAF sur le plafonnement.

Les retours de prêts de grandes figures telles que Islam Slimani (CR Belouizdad), Andy Delort (MC Alger) ou le retour au CRB de son enfant prodigue, Amir Sayoud, sont aujourd’hui compromis non seulement pour des raisons sportives.
Ces joueurs, qui perçoivent entre 9 et 15 millions de dinars par mois, pourraient manquer à l’appel de la reprise à cause des nouvelles règles de l’encadrement financier des clubs professionnels.

Une stratégie de recrutement bousculée à tous les niveaux

Jusqu’en 2024-2025, les clubs algériens ont misé avec plus ou moins de succès sur le retour ou la venue d’internationaux algériens de renom pour renforcer leurs effectifs, avec des recrutements marquants au MCA (Youcef Belaïli, Djamel Benlamri), au CRB (Slimani, Guedioura, M’Bolhi) ou encore Ryad Boudebouz à la JSK. Cette dynamique redonnait de la compétitivité et de l’attractivité à la Ligue 1 Mobilis en manque de notoriété.
Le mercato estival des deux saisons précédentes était parsemé d’annonces spectaculaires de recrutement de « célébrités » algériennes sur le retour. La tendance cet été est clairement à l’accalmie.

Le plafonnement des salaires – et leur déplafonnement conditionné – menace aussi de ralentir la venue des jeunes talents subsahariens, principal réservoir du renforcement des effectifs des clubs les plus forts du championnat algérien.

Ces joueurs, à l’inverse des internationaux algériens, ne reviennent pas de clubs du Khalij arabe ou d’Europe. Leurs mensualités se négocient bien plus bas, même s’ils perçoivent des salaires supérieurs à la moyenne algérienne. Un autre casse-tête pour les dirigeants, qui devront justifier les dépassements du plafond salarial fixé par la FAF.

Vers un difficile équilibre entre ambitions sportives et contraintes financières

Le plafonnement salarial, pensé pour assainir les finances des clubs et réduire la dépendance à l’argent public, risque en réalité de freiner la montée en qualité du championnat algérien. Les clubs sont confrontés à un dilemme : comment conserver ou attirer des joueurs de haut niveau sans dépasser les seuils imposés ? Peut-on espérer conserver l’équilibre financier tout en rehaussant le niveau sportif ?

Pour l’heure, la prolongation de Brahimi à Al-Gharafa symbolise les défis à venir. Le mercato estival 2025 s’annonce plus que jamais marqué par cette fracture entre ambitions sportives et réalités économiques. Les dirigeants devront désormais jongler entre réglementation, attractivité du championnat et politiques de recrutement, afin de garantir un avenir solide et compétitif au football professionnel algérien. Il reste un autre chantier à ouvrir du côté des revenus des clubs, en particulier des droits TV, sabordés par le monopole public.

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