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5,4 milliards de dollars de capitalisation : la Bourse d’Alger est-elle vraiment compétitive ?

Par Yasser K 9 novembre 2025
Façade du siège de la Bourse d’Alger, un marché marqué par la faible liquidité et des échanges sporadiques.
Avec 5,4 milliards de dollars de capitalisation, la place d’Alger reste l’une des plus petites du monde arabe. (DR)

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Avec une capitalisation de 700 milliards de dinars (5,4 milliards de dollars), la Bourse d’Alger affiche une timide progression de 1,17% sur un an. Un chiffre qui interroge quand on le compare aux 4 312 milliards de dollars que pèsent collectivement les marchés financiers arabes.

Pendant que les 14 places financières arabes suivies par le Fonds monétaire arabe (FMA) enregistrent une hausse de 6% au troisième trimestre 2025, la Bourse d’Alger progresse au ralenti. Son indice atteint certes 3 658 points, en hausse de 1,17% sur un an selon le rapport du FMA, mais cette performance reste largement en deçà de la dynamique régionale.

Selon les chiffres du FMA, l’indice composite des bourses arabes a bondi à 530,7 points, soit une progression trimestrielle de 1,42%. La capitalisation totale atteint 4 312 milliards de dollars, en hausse de 97,9 milliards sur le seul troisième trimestre. Le volume des transactions explose également : 21,81 milliards de dollars échangés, correspondant à 357 millions d’actions.

Sur les 15 bourses analysées, 12 affichent des performances positives, portées notamment par les services, les télécommunications, les banques et les équipements industriels. Seules trois places accusent des baisses, impactées par les difficultés des secteurs de l’énergie, des transports, de l’assurance et de l’immobilier.

Un écart qui se creuse avec les places régionales

Les indicateurs publiés par le FMA révèlent un différentiel structurel entre l’Algérie et les autres marchés arabes. Avec ses 5,4 milliards de dollars de capitalisation, la Bourse d’Alger ne représente que 0,13% du poids total des marchés arabes. À titre de comparaison, le marché financier saoudien domine avec 2 484 milliards de dollars (57,6% du total), suivi d’Abou Dhabi avec 847 milliards de dollars et Dubaï avec 271 milliards de dollars.

Même des places considérées comme modestes dans la région affichent des performances nettement supérieures. La Bourse de Mascate a ainsi enregistré une hausse spectaculaire de 15,12% au troisième trimestre 2025, portant sa capitalisation à 79,3 milliards de dollars, soit près de 15 fois celle d’Alger. L’Égypte, avec 53,6 milliards de dollars de capitalisation, a progressé de 11,60%, tandis qu’Amman (32,5 milliards) et la Tunisie (11 milliards) ont gagné respectivement 9,21% et 7,14%.

Plus révélateur encore : la contribution algérienne au dynamisme régional est quasi inexistante. Selon le rapport, la Bourse d’Alger n’a contribué qu’à hauteur de -0,01% dans la variation trimestrielle de la capitalisation boursière totale des marchés arabes, contre 1,21% pour l’Arabie Saoudite, 0,18% pour le Qatar et 0,16% pour le Koweït et l’Égypte.

Des volumes trop faibles pour soutenir un marché actif

Sur le plan des transactions, l’écart est tout aussi important. La valeur des échanges sur la Bourse d’Alger a atteint à peine 29 millions de dollars au troisième trimestre 2025, contre 89,2 milliards pour l’Égypte, 86,9 milliards pour l’Arabie Saoudite et 22 milliards pour le Koweït. Même la Bourse de Mascate, pourtant de taille régionale modeste, a enregistré 3,9 milliards de dollars de transactions, soit plus de 130 fois le volume algérien.

Cette faible liquidité se traduit par un marché anémique : 1,9 million d’actions échangées sur le trimestre en Algérie, contre 140 milliards en Irak, 102 milliards en Égypte et 34,7 milliards au Koweït. Ce manque de profondeur limite drastiquement l’attractivité du marché algérien pour les investisseurs institutionnels, qu’ils soient locaux ou internationaux.

Le rapport du FMA souligne également le rôle moteur des secteurs porteurs dans les bourses performantes. En Arabie Saoudite, les services financiers ont progressé de 10,2% et les matériaux de base de 9,3%. En Égypte, les services financiers non bancaires, l’immobilier et l’agroalimentaire ont enregistré des hausses entre 7,5% et 11%. Cette diversification sectorielle fait cruellement défaut à Alger, où le marché reste dominé par quelques valeurs sans réelle profondeur.

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