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Bio algérien : “Les gens adorent nos produits mais ne peuvent pas les acheter”

Par Djaffar Ouigra 28 juin 2025
L'entreprise Nari Nature, spécialisée dans le savon artisanal, propose plus de 35 produits différents et emploie trois salariés permanents.

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Les petites entreprises spécialisées dans les produits biologiques et écologiques peinent à trouver leur place sur un marché difficile. Présentes à la FIA 2025, ces entreprises locales développent des produits de qualité en respectant des principes éthiques et environnementaux. Leur passion reste intacte, mais les difficultés économiques et sociales freinent leurs ambitions d’expansion.

NARI Nature : quinze ans d’engagement pour les savons naturels

NARI Nature a été fondée par Debbah Nariman, une jeune diplômée en biologie, en 2010. Elle a lancé sa gamme de savons naturels par « amour pour ce domaine ». L’entreprise propose désormais plus de 35 produits différents et emploie trois salariés permanents. Son activité se concentre sur le marché local, même si elle expose ses produits lors de salons internationaux.

« Les gens adorent nos produits, mais le pouvoir d’achat ne permet pas une utilisation quotidienne de nos produits par le simple citoyen », explique Debbah Nariman. Malgré la qualité reconnue de ses savons, l’accessibilité reste problématique. L’absence de soutien financier et d’infrastructures adaptées complique le développement. La faiblesse du pouvoir d’achat empêche l’élargissement de la clientèle et limite la présence à l’international.

Djura Naturels : les frères Ikheteah misent sur le savon au lait d’ânesse

Djura Naturels a démarré en 2022 sous l’impulsion des frères Salim et Khaled Ikheteah. L’entreprise de Boumerdes produit des savons artisanaux à l’ancienne, notamment des savons au lait d’ânesse qui rencontrent un succès croissant. La demande augmente chaque année, sur les marchés national et international.

« Chaque année, on enregistre une demande supplémentaire, que ce soit pour le marché local ou l’exportation. D’ici septembre, nous espérons pouvoir participer à des foires internationales et toucher le marché européen », déclare Khaled Ikheteah. Pourtant, les obstacles persistent : manque d’infrastructures adaptées, coûts logistiques élevés et barrières réglementaires compliquent l’accès aux marchés étrangers.

NAMIRA Handmade Soap : quand les matières premières se raréfient

NAMIRA Handmade Soap a été créée par Mme Drioueche en 2017 à Ghardaïa. Après une formation à Tunis, elle est revenue dans sa région pour lancer son entreprise. Ses produits se vendent principalement lors de foires et via son site internet.

« La rareté des matières premières, que nous achetons principalement à Ghardaïa, est un problème récurrent. Chaque année, les prix augmentent de manière imprévisible, ce qui influe directement sur le coût de nos produits et leur rend de plus en plus inaccessibles pour les consommateurs », explique Amin Drioueche. Cette hausse des prix, combinée aux fluctuations du marché local, freine l’expansion. Bien que ses produits soient entièrement naturels, la concurrence avec des alternatives moins chères constitue un obstacle à la croissance.

BONTI : 25 ans dans la chaussette et des projets d’expansion

BONTI fabrique des chaussettes depuis 1999. Dirigée par Walid Tichouchai, l’entreprise emploie 80 personnes dans son usine privée d’Alger. Elle prévoit d’élargir sa capacité de production et de créer jusqu’à 200 nouveaux postes dans une zone d’activité.

« Nous attendons un lot dans une zone d’activité, ce qui nous permettrait d’agrandir notre production et de créer de nouveaux emplois. Nous avons même lancé une étude pour exporter nos produits à l’international », souligne Walid Tichouchai. L’exportation représente un objectif prioritaire pour BONTI, mais l’entreprise doit affronter les mêmes défis : logistique complexe, réglementations contraignantes et coûts opérationnels élevés.

Des obstacles communs, des ambitions intactes

Ces entreprises bio et artisanales de la FIA 2025 partagent les mêmes difficultés : rareté des matières premières, hausse des coûts de production, difficulté à toucher une clientèle plus large et environnement économique local défavorable. Elles continuent pourtant de se battre, portées par leur passion commune pour la nature et l’innovation.

Le marché local demeure leur terrain principal, mais avec des produits de haute qualité, elles sont prêtes à élargir leurs horizons. Leur détermination à surmonter ces défis montre une réelle persévérance. Pour atteindre leurs objectifs, un soutien renforcé en infrastructures, financement et simplification administrative serait nécessaire.

L’avenir de ces petites entreprises dépendra largement de l’évolution de l’environnement économique et réglementaire local. Si des solutions émergent pour encourager leur croissance, elles pourraient bien devenir des acteurs importants sur les marchés internationaux.

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