Auteur/autrice : said. b

  • Renforcement de la fiscalisation: une nouvelle étape dans la lutte contre l’économie informelle

    Renforcement de la fiscalisation: une nouvelle étape dans la lutte contre l’économie informelle

    Un nouvel arrêté interministériel, publié récemment au Journal officiel n° 24, vient apporter des modifications notables à la régulation des transactions commerciales informelles en Algérie. Signé par les ministres des Finances et du Commerce intérieur, ce texte vise à soumettre à l’imposition les opérations répétées à but lucratif réalisées par des particuliers, sans statut commercial officiel. Cette mesure suscite cependant des réactions contrastées, tant chez les experts que chez les citoyens concernés.

    Des transactions répétées désormais fiscalisées

    D’après ce nouveau cadre réglementaire, toute transaction effectuée au moins trois fois dans une même année civile par un particulier – qu’il s’agisse de ventes immobilières, automobiles ou autres – pourra désormais être considérée comme une activité commerciale imposable. L’administration fiscale se réserve le droit de contrôler ces opérations par tous moyens légaux et d’adresser des mises en demeure aux personnes concernées afin de régulariser leur situation.

    En cas de non-conformité persistante, un procès-verbal sera dressé et transmis aux services du ministère du Commerce pour d’éventuelles poursuites. Cette mesure s’appuie sur l’article 115 de la loi de Finances 2022, qui définit les critères d’appréciation du caractère habituel et répétitif des transactions. Toutefois, certains observateurs soulignent que la mise en œuvre de ces contrôles pourrait soulever des questions d’interprétation et de charge administrative, tant pour les particuliers que pour l’administration fiscale.

    Objectifs : élargir l’assiette fiscale et intégrer l’économie informelle

    L’initiative s’inscrit dans la stratégie multisectorielle des pouvoirs publics, qui cherchent à renforcer la lutte contre l’économie souterraine, à élargir l’assiette fiscale et à favoriser l’intégration progressive des activités informelles dans les circuits officiels. Elle vient compléter d’autres mesures prévues dans la loi de Finances 2025, notamment celles limitant l’usage du cash dans les transactions immobilières et automobiles.

    Si le renforcement de la fiscalisation des transactions entre particuliers pourrait permettre à l’État de sécuriser davantage ses recettes fiscales et de structurer le tissu économique national, certains s’interrogent sur les effets concrets de la mesure. D’aucuns craignent qu’elle ne freine certaines formes de petits échanges ou n’alourdisse les démarches administratives pour des particuliers dont l’activité commerciale n’est pas systématique. D’autres estiment au contraire qu’elle pourrait contribuer à plus de transparence et à une meilleure régulation du marché.

    Cette évolution réglementaire marque une étape supplémentaire vers une économie plus transparente et régulée, mais son efficacité dépendra largement de la manière dont elle sera appliquée sur le terrain et de la capacité des autorités à accompagner les citoyens dans cette transition.

     

  • Général Emballage : un virage stratégique vers la souveraineté industrielle et la valorisation des déchets en Algérie

    Général Emballage : un virage stratégique vers la souveraineté industrielle et la valorisation des déchets en Algérie

    En donnant corps à son projet d’usine de recyclage de carton à Naâma, Général Emballage (GE) confirme son engagement fort dans la valorisation des déchets de carton et la réduction de la dépendance aux importations de matières premières grâce à un de ses plus ambitieux projets industriels en Algérie.

    Un tournant stratégique dans la valorisation des déchets

    Lors de la foire de la Production nationale, GE a présenté pour la première fois la maquette de ce projet ambitieux qui matérialise le dernier maillon de la chaîne de récupération initiée depuis plusieurs années. Cette dynamique a fait progresser de 40 % le chiffre d’affaires de ce segment, en dépit d’une concurrence accrue.

    GE dispose actuellement de trois centres de récupération à Alger, Oran et Sétif, avec cinq nouveaux centres prévus en 2025, dès que les terrains seront attribués par les autorités.

    L’activité de récupération mobilise aujourd’hui près de 500 récupérateurs directs et impacte positivement entre 1 500 et 2 000 familles indirectement, avec un potentiel d’emplois indirects estimé à 4 000 personnes. Cette politique traduit l’engagement sociétal de GE en faveur de la protection de l’environnement et de la création de richesse locale.

    Un transfert technologique de pointe et une souveraineté industrielle

    Le 24 avril 2025 marque un moment historique avec la pose de la première pierre de la future usine de production de papier pour carton ondulé dans la zone industrielle de Harchaïa, à Naâma. Ce projet stratégique, piloté par GE, vise à couvrir 55 % de la demande nationale à l’horizon 2028, avec une production annuelle de 350 000 tonnes de papier (Testliner et Fluting).

    Cette usine permettra d’économiser environ 250 millions de dollars par an en importations, tout en introduisant un transfert technologique de pointe avec un investissement de près de 35 milliards de dinars algériens. Elle générera environ 4 000 emplois, dont 1 000 directs et 3 000 indirects, notamment dans les activités de récupération et de traitement des vieux papiers et cartons.

    Le projet s’inscrit également dans une logique écologique forte, en recyclant annuellement près de 400 000 tonnes de vieux papiers, contribuant ainsi à réduire la pression sur les collectivités locales en matière de gestion des déchets.

    Un virage industriel et environnemental majeur

    Selon Ramdane Batouche, Président-Directeur Général de Général Emballage, ce projet représente un virage à 180° pour l’industrie algérienne. GE, qui détient aujourd’hui 50 % du marché national du carton ondulé, passera d’importateur à exportateur de matière première grâce à cette nouvelle usine. Ce développement s’appuie sur une infrastructure nationale de récupération en pleine expansion, gage de la pérennité et de la souveraineté industrielle du pays.

    Le succès de ce projet, repose sur la mobilisation des pouvoirs publics qui accompagnent la réalisation du projet. A cet effet, M. Lounas Bouzakza, Wali de Naâma, accompagné du président de l’assemblée populaire de Wilaya, le médiateur de la République et des cadres de la wilaya, a effectué une visite de terrain pour s’informer sur les derniers préparatifs de la cérémonie de la pose de la première pierre de cet important projet d’investissement au profit de la wilaya. Le projet est également largement salué sur les réseaux sociaux par les internautes, soutenu par des opérateurs économiques et des communautés locales, témoignant ainsi d’une volonté collective de faire de l’économie circulaire un levier de développement durable et d’indépendance industrielle en Algérie.

     

  • Marché noir: l’euro entame une baisse face au dinar algérien

    Marché noir: l’euro entame une baisse face au dinar algérien

    Après plusieurs jours de hausse continue, l’euro amorce un recul sur le marché noir des devises en Algérie. Ce dimanche 4 mai 2025, le billet de 100 euros s’échange à 26 000 dinars algériens (DA) à la vente, soit le prix proposé par les cambistes aux particuliers. À l’achat, les mêmes cambistes récupèrent le billet européen contre 25 800 DA.

    Cette baisse marque une rupture avec la dynamique haussière observée depuis plusieurs séances. Pour rappel, la veille (samedi 3 mai), 100 euros s’échangeaient à 26 100 DA, et le mercredi 30 avril le taux de change avait atteint 26 200 DA, frôlant le record historique enregistré en décembre dernier.

    Une baisse liée au commerce parallèle

    Selon un acteur bien informé du marché parallèle des devises, cette baisse soudaine s’explique en grande partie par une mesure récente du ministère du Commerce intérieur, visant à éradiquer le commerce informel du « cabas ». Cette activité, bien connue des Algériens, consiste à transporter des marchandises de France et d’Espagne vers l’Algérie, que les transporteurs revendent ensuite en dinars. Les profits générés sont souvent échangés sur le marché noir contre des devises, principalement l’euro.

    Or, la récente décision des autorités de renforcer le contrôle et de sévir contre cette activité a eu un effet immédiat : plusieurs transporteurs ont suspendu leurs opérations, dans l’attente de clarifications ou d’un assouplissement de la réglementation. Cette suspension d’activité a réduit, selon les observateurs, une part importante de la demande sur le marché noir.

    Une demande affaiblie impacte directement le taux de change

    « C’est une réaction logique », commente un habitué du circuit parallèle. « Quand une source majeure de demande se retire temporairement du marché, la pression sur l’euro diminue, ce qui entraîne une baisse du taux de change. »

    La situation reste cependant volatile. Si d’autres segments de la demande — comme celle liée aux voyageurs, importateurs ou pèlerins — restent actifs, l’effet du ralentissement du commerce du cabas semble suffisant pour faire reculer l’euro, du moins temporairement.

    Une tendance baissière durable ?

    Reste à savoir si cette baisse marque le début d’un retournement durable de tendance ou s’il s’agit simplement d’une accalmie ponctuelle dans une dynamique toujours haussière. Le marché noir des devises en Algérie reste extrêmement sensible aux fluctuations de la demande informelle et aux décisions politiques ou administratives, même ponctuelles.

    En attendant, l’euro reste à un niveau historiquement élevé, malgré ce léger recul. Les cambistes surveillent de près l’évolution des réglementations et des flux de devises informels pour ajuster leurs taux.

  • 800 points de vente mobilisés pour les moutons de l’Aïd : pourquoi le prix de 40 000 DA fait débat?

    800 points de vente mobilisés pour les moutons de l’Aïd : pourquoi le prix de 40 000 DA fait débat?

    À l’approche de l’Aïd El-Adha, une fête symbolique pour les familles algériennes, le gouvernement a pris les devants. Face à l’inflation persistante sur le marché ovin et aux tensions récurrentes d’approvisionnement, les autorités ont annoncé l’importation d’un million de têtes d’ovins. Une initiative qui vise à garantir l’accessibilité de ce produit devenu, au fil des années, un véritable baromètre du pouvoir d’achat.

    Le dispositif est déjà en marche. Les premiers lots en provenance principalement de Roumanie ont commencé à débarquer depuis avril, marquant le début concret de cette opération sans précédent. Cette mesure exceptionnelle répond à un double objectif. Il s’agit de satisfaire la forte demande saisonnière tout en préservant le cheptel national, souvent décimé durant cette période de consommation intensive.

    L’arrivée échelonnée de ces ovins s’inscrit dans une stratégie visant à garantir un flux régulier vers le réseau de distribution. En effet, les services vétérinaires appliquent rigoureusement un protocole sanitaire qui impose une quarantaine de 3 à 5 jours pour chaque lot importé. Cette précaution essentielle garantit la qualité sanitaire des animaux avant leur acheminement vers les 800 points de vente disséminés à travers le territoire.

    800 points de vente déployés à travers le pays

    Pour assurer une couverture nationale équitable, près de 800 points de vente ont été stratégiquement répartis à travers les 58 wilayas du pays. Cette distribution géographique est calculée en fonction de la densité démographique et des besoins estimés de chaque région.

    Le groupe public AgroLog, maître d’œuvre de cette opération, coordonne l’ensemble du dispositif en étroite collaboration avec les autorités locales. L’opération de vente débutera début mai et se poursuivra jusqu’au 15 du mois, avec une possible extension jusqu’au 25 mai, selon l’évolution de la demande et des stocks disponibles.

    En complément de ces importations massives, AgroLog propose également environ 10 000 têtes issues du cheptel local, diversifiant ainsi l’offre proposée aux consommateurs et valorisant la production nationale.

    40 000 DA : le prix annoncé pose question

    Si l’organisation logistique semble méticuleusement planifiée, la politique tarifaire soulève certaines interrogations. Les sources officielles annoncent un prix fixe de 40 000 dinars par tête pour des moutons d’un poids supérieur à 45 kg. Toutefois, plusieurs zones d’ombre persistent dans cette communication.

    Les informations diffusées ne précisent pas clairement s’il s’agit d’un prix plafond ou d’un prix unique. La question des variations tarifaires selon le poids exact au-delà des 45 kg n’est pas abordée dans les communiqués officiels. Certaines déclarations mentionnent des “prix encadrés” sans détailler les marges autorisées, laissant planer un doute sur la transparence du dispositif.

    Cette relative opacité sur les modalités tarifaires précises suscite une légitime inquiétude chez de nombreux consommateurs, qui redoutent des ajustements de dernière minute ou des disparités entre les différents points de vente du territoire.

    Des modalités d’achat qui privilégient certaines catégories

    Sur le plan pratique, les autorités ont privilégié les paiements électroniques via les cartes Edahabia et interbancaires. Pour faciliter ces transactions, des bureaux de poste mobiles seront déployés à proximité des points de vente. Une mesure qui s’inscrit dans la politique nationale de promotion des paiements dématérialisés, tout en conservant la possibilité d’un paiement en espèces dans certaines zones, notamment rurales.

    Mais si l’opération est théoriquement ouverte à tous les citoyens sans restriction, plusieurs communes ont instauré des critères de priorité favorisant les familles à revenus modestes, les salariés en contrat stable, les bénéficiaires d’allocations sociales ou de pensions d’handicap, ainsi que les pères de famille. Plus surprenant encore, certaines localités ont explicitement exclu les célibataires du dispositif, une mesure dont la légalité pourrait être questionnée.

    Enfin, les autorités ont formellement interdit la revente des moutons acquis via ce programme, toute infraction exposant son auteur à des poursuites pour spéculation illicite.

  • Tunisie : le gouvernement prépare des réformes pour lever les freins à l’investissement

    Tunisie : le gouvernement prépare des réformes pour lever les freins à l’investissement

    Le ministre tunisien de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, a déclaré en fin de semaine que des freins juridiques et administratifs majeurs entravent le développement économique du pays.

    S’exprimant lors du premier forum régional sur l’élaboration du plan de développement 2026-2030, il a en effet, souligné que plusieurs législations en vigueur ralentissent les investissements, compromettant ainsi la croissance économique.

    Selon lui, le ministère travaille actuellement à simplifier les procédures et à réformer ces lois pour créer un environnement plus favorable aux investisseurs. « Ces réformes, inscrites dans le cadre du futur plan quinquennal, visent à dynamiser l’investissement, générer de nouveaux emplois et garantir un développement plus équitable à l’échelle nationale » a-t-il ajouté.

  • Marché noir: Stabilité du taux de change euro-dinar ce 3 mai

    Marché noir: Stabilité du taux de change euro-dinar ce 3 mai

    Aujourd’hui, samedi 3 mai 2025, le marché noir des devises affiche une stabilité notable du taux de change euro dinar algérien. Contrairement aux fluctuations observées en début de semaine, l’euro face au dinar algérien n’a pas connu de mouvement, les cambistes maintenant les cotations enregistrées jeudi.

    Les opérateurs du marché parallèle continuent ainsi de proposer la vente de 100 euros au prix de 26 100 dinars algériens (DA). Ce chiffre représente le prix auquel les cambistes vendent la monnaie européenne aux particuliers. Pour la vente de 100 euros par les particuliers aux cambistes, le taux reste fixé à 25 900 DA.

    Cette stabilité du taux de change euro dinar algérien marché noir intervient après une légère baisse constatée jeudi 1er mai 2025. Ce repli avait succédé à une journée de mercredi 30 avril 2025 marquée par un retour de l’euro à son record historique face au dinar algérien sur le marché noir, où 100 euros s’étaient échangés jusqu’à 26 200 DA à l’achat.

    L’évolution du taux de change euro dinar sur le marché parallèle semble être influencée par l’annonce récente du ministère du Commerce intérieur concernant l’interdiction de la vente des produits importés dans les « cabas ». Cette mesure a semé une certaine incertitude parmi les acteurs du marché noir des devises, traditionnellement lié à ce type d’activité commerciale. L’appréhension quant aux conséquences de cette interdiction sur la demande future d’euros pourrait expliquer la légère baisse observée jeudi et le maintien de la stabilité aujourd’hui.

    Les cambistes semblent adopter une attitude attentiste, préférant maintenir les cotations de la veille en l’absence de nouveaux signaux clairs. Les acheteurs et les vendeurs d’euros sur le marché noir observent avec attention l’évolution de la situation économique et les potentielles répercussions de la nouvelle réglementation sur le commerce informel.

  • Opep+ : huit pays, dont l’Algérie, annoncent une hausse de leur production pétrolière dès juin 2025

    Opep+ : huit pays, dont l’Algérie, annoncent une hausse de leur production pétrolière dès juin 2025

    Huit pays membres de l’alliance Opep+, dont l’Algérie, ont décidé d’une augmentation collective de leur production pétrolière de 411.000 barils par jour à partir de juin 2025, indique un communiqué du ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables.

    Cette mesure s’inscrit, selon la même source, dans le cadre d’un plan progressif de levée des réductions volontaires instaurées en avril 2023.

    L’Algérie augmentera sa production de 9.000 barils par jour, atteignant ainsi 928.000 barils en juin. Cette décision, « motivée par les prévisions d’une demande accrue au troisième trimestre 2025 et un marché jugé sain, reste toutefois adaptable en fonction de l’évolution des conditions » précise le ministère. « Les ministres ont convenu de maintenir des réunions mensuelles pour suivre le marché et ajuster les efforts de compensation » a-t-il ajouté.

  • La presse algérienne : entre pressions politiques et modèles économiques fragiles

    La presse algérienne : entre pressions politiques et modèles économiques fragiles

    À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, il est crucial de s’intéresser à l’état de la presse en Algérie. Bien que la liberté d’expression soit un principe fondamental, les médias algériens sont aujourd’hui confrontés à des défis majeurs, liés non seulement à la pression politique, mais aussi à un modèle économique fragilisé. Entre dépendance à la publicité publique, précarité des journalistes et manque de stratégies durables.

    Comme le soulignent de nombreux observateurs, « les médias en Algérie luttent pour leur survie dans un écosystème médiatique complexe où l’indépendance éditoriale se négocie souvent contre la survie financière ».

    Le contrôle économique des autorités algériennes : une réalité implacable

    Les autorités algériennes exercent un contrôle économique strict sur le paysage médiatique. L’Agence Nationale d’Édition et de Publicité (ANEP) détient un monopole sur la distribution de la publicité publique en Algérie, un levier puissant permettant de dicter les conditions de survie des médias. Cette agence gère l’essentiel des budgets publicitaires de l’État et des entreprises publiques. Cependant, les médias qui adoptent une ligne éditoriale critique à l’égard du gouvernement ou des entreprises publiques se voient souvent exclus de ces financements, ce qui met leur modèle économique à rude épreuve.

    Cette domination de la publicité publique sur le financement des médias en Algérie constitue une forme de contrôle indirecte, réduisant l’indépendance des journalistes et des rédactions. Les médias qui n’ont pas accès à ces fonds doivent chercher des alternatives financières, souvent précaires, dans un marché où la publicité privée reste insuffisante et les revenus numériques encore balbutiants.

    Les tentatives d’alternatives économiques : entre innovation et censure

    Face à cette dépendance écrasante à la publicité publique, certains médias algériens ont tenté de diversifier leur modèle économique. Des initiatives telles que les abonnements numériques, les dons et les contenus premium ont été explorées, mais ces alternatives se heurtent rapidement à plusieurs obstacles. Le modèle économique de Twala, par exemple, combinait abonnements payants et publicité, dans l’espoir d’atteindre une plus grande indépendance financière. Pourtant, ce modèle s’est trouvé confronté à des difficultés majeures, notamment une faible adoption des abonnements en raison de l’inefficacité du système de paiement électronique en Algérie. Les problèmes d’interopérabilité des systèmes de paiement, comme l’impossibilité d’utiliser la carte Edahabia pour les abonnements, ont également freiné la croissance de ce modèle.

    La législation : un obstacle à la diversification des financements

    En plus des difficultés techniques et économiques, la législation algérienne interdit aux médias nationaux de recevoir des financements étrangers directs ou indirects. Cette restriction empêche les médias de se diversifier et de trouver de nouvelles sources de financement. Des médias comme Radio M ont ainsi été accusés de recevoir des financements étrangers, ce qui a conduit à sa fermeture et à l’emprisonnement de son directeur, Ihsane El Kadi, qui a été libéré après près de deux ans de détention.

    Le cas de Twala : une illustration des défis économiques

    Le média en ligne Twala, lancé en 2020, illustre parfaitement les défis économiques rencontrés par les médias algériens. Son modèle, basé sur l’abonnement numérique et la publicité, était destiné à offrir une certaine indépendance vis-à-vis de la publicité publique. Mais malgré ses efforts, Twala a peiné à atteindre ses objectifs financiers, avec une faible base d’abonnés et des problèmes liés à la plateforme de paiement. Ce cas met en lumière les limites du modèle économique numérique dans un environnement où les infrastructures et les politiques publiques ne soutiennent pas suffisamment l’innovation des médias.

    Comparaison avec la presse en Tunisie et au Maroc : des modèles alternatifs

    Contrairement à l’Algérie, la presse en Tunisie et au Maroc a expérimenté des modèles économiques plus diversifiés, bien que confrontée à des défis similaires. En Tunisie, après la révolution de 2011, la libéralisation du secteur médiatique a permis une certaine ouverture. Des médias privés comme Nessma ou Shems FM ont prospéré grâce à des revenus publicitaires privés et des abonnements numériques. Cependant, la dépendance à la publicité privée reste un problème majeur, et ces médias sont encore confrontés à des pressions politiques.

    Au Maroc, la presse reste largement tributaire de la publicité institutionnelle. Des médias comme TelQuel ou Le360 utilisent un modèle mixte alliant abonnements et publicité, mais se heurtent également à la censure lorsque les critiques du gouvernement deviennent trop virulentes. Le modèle marocain, bien que plus diversifié, reste fragile face aux pressions économiques et politiques, tout comme celui de l’Algérie.

  • Algérie : les criquets pèlerins deviennent une menace réelle

    Algérie : les criquets pèlerins deviennent une menace réelle

    Les criquets pèlerins  deviennent une menace réelle pour l’agriculteur algérienne. Dans un communiqué publié le 29 avril 2025, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte sur une activité acridienne anormale en Afrique du Nord, notamment en Algérie, en Tunisie et en Libye. L’organisme signale l’arrivée de groupes d’adultes et de petits essaims dans le centre algérien, conséquence directe de conditions écologiques favorables dans la région.

    « La reproduction printanière connaît une dynamique exceptionnelle, en raison de vents et de précipitations ayant facilité la migration des criquets depuis le sud de l’Algérie, le Mali, le Niger et le Tchad », explique Cyril Piou, spécialiste des prévisions acridiennes à la FAO. Des signes précoces de ponte et de bandes larvaires ont déjà été détectés, annonçant une probable multiplication des essaims dès le mois de mai.

    Une grave menace pour les récoltes et la sécurité alimentaire

    Une menace plane désormais sur la période de récolte céréalière en Algérie, habituellement concentrée entre mai et juillet. Les essaims de criquets pèlerins, capables de dévaster des cultures entières en quelques heures, pourraient aggraver les pertes agricoles dans un contexte déjà tendu. Un seul kilomètre carré d’essaim peut contenir jusqu’à 80 millions d’insectes, dévorant autant de nourriture qu’une ville moyenne.

    Dans son rapport « Perspectives des récoltes et situation alimentaire » de mars 2025, la FAO avait déjà anticipé une récolte céréalière inférieure à la moyenne des cinq dernières années pour l’ensemble de l’Afrique du Nord, notamment en raison de la sécheresse. L’apparition d’essaims vient donc renforcer les risques de perturbation de l’offre alimentaire.

    L’Algérie appelée à une réponse rapide et coordonnée

    Face à cette situation, la FAO exhorte les pays concernés — dont l’Algérie au premier plan — à intensifier les prospections au sol et à mobiliser des équipes de lutte antiacridienne. Les autorités doivent agir rapidement pour éviter une crise agricole majeure. Car au-delà de la menace sur les récoltes, c’est aussi la stabilité économique et sociale qui est en jeu : des pertes agricoles importantes pourraient accroître la dépendance aux importations, épuiser les stocks nationaux et exercer une pression sur les prix, affectant en priorité les ménages les plus vulnérables.

    La crise actuelle met en lumière l’urgence pour l’Algérie d’investir davantage dans les systèmes d’alerte précoce, la surveillance écologique et les capacités de réponse rapide. Dans un environnement de plus en plus incertain, seule une approche proactive permettra de préserver la souveraineté alimentaire du pays.

  • Port de Béjaïa : forte hausse des exportations en 2025

    Port de Béjaïa : forte hausse des exportations en 2025

    Le port de Béjaïa a enregistré une hausse significative de ses exportations durant les trois premiers mois de l’année 2025, confirmant sa dynamique de reprise et son rôle stratégique dans le commerce extérieur de l’Algérie. Selon le dernier  bulletin d’information publié par l’autorité portuaire, le volume global des exportations a atteint 674 408 tonnes au premier trimestre 2025, contre 519 250 tonnes à la même période de 2024. Cela représente une progression notable de 29,88% en un an.

    Cette performance est largement portée par la hausse des exportations d’hydrocarbures, qui constituent une part importante des échanges du port. Sur les trois premiers mois de l’année, 552 378 tonnes d’hydrocarbures ont été exportées, contre 411 139 tonnes à la même période en 2024, soit une augmentation de 34,35%.

    Mais les exportations hors hydrocarbures ne sont pas en reste. Elles sont également en progression, traduisant une diversification des produits exportés via le port de Béjaïa. Le volume est passé de 108 111 tonnes au premier trimestre 2024 à 122 030 tonnes sur la même période en 2025, soulignant l’intérêt croissant des opérateurs économiques pour cette infrastructure portuaire.

    Outre la progression du volume d’exportations, le port de Béjaïa enregistre aussi une amélioration logistique majeure. Le bulletin du port met en avant une réduction significative des délais d’attente des navires sur rade, passés de 9 jours au premier trimestre 2024 à seulement 6 jours en 2025. Ce gain d’efficacité est en grande partie attribué au nouveau rythme de travail 24h/24 et 7j/7, instauré suite à une directive du président de la République au début de l’année.

    Ce changement de cadence a permis de fluidifier les opérations portuaires, d’accélérer les rotations des navires et de répondre plus efficacement aux demandes croissantes d’exportation, notamment en période de pic d’activité.

    Le port de Bejaia renforce sa position

    Grâce à ces résultats, le port de Béjaïa renforce sa position parmi les infrastructures portuaires les plus performantes d’Algérie. Sa capacité à traiter à la fois des flux énergétiques stratégiques et des produits hors hydrocarbures en fait un levier clé du commerce extérieur national.

    Si la tendance se confirme sur les trimestres à venir, le port de Béjaïa pourrait s’imposer comme un modèle de performance portuaire et logistique dans la région.