
Un amendement de la loi organisant la justice militaire a Ă©tĂ© adoptĂ© par le gouvernement et sera soumis bientĂŽt au Parlement. Les tribunaux militaires n’auront plus la compĂ©tence de juger des militaires coupables d’infractions de droit commun.
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Les « délits » ou « crimes » commis pas des opposants politiques marocains ou par des militants sahraouis ne seront plus jugés par des tribunaux militaires au Maroc si le projet de loi n° 108-13, approuvé jeudi en Conseil des ministres, est adopté par les deux Chambres du Parlement.
Selon le porte-parole du gouvernement marocain et ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, citĂ© par lâagence Maghreb Arabe Presse (MAP), ce projet a pour but dâadapter la loi organisant la justice militaire  »aux dispositions de la Constitution et de la lĂ©gislation (…) visant Ă renforcer les bases dâune justice indĂ©pendante et spĂ©cialisĂ©e garantissant les droits et les libertĂ©s ».
Aux termes de ce mĂȘme projet, les tribunaux militaires nâauront plus la compĂ©tence de juger des militaires coupables d’infractions de droit commun. De mĂȘme, les personnes accusĂ©es d’atteinte Ă la sĂ»retĂ© extĂ©rieure de l’Etat seront dĂ©sormais poursuivies devant des juridictions ordinaires.
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Pressions US
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C’est sous la pression des Etats-Unis que  »le Maroc a changĂ© de cap en matiĂšre de justice », indiquent des militants associatifs citĂ©s par la presse marocaine. Lors de sa rencontre, au mois de novembre dernier Ă Washington, avec Mohamed VI, le prĂ©sident amĂ©ricain Barack Obama avait insistĂ© sur le respect des droits de l’Homme au royaume. Dans le communiquĂ© commun rendu public Ă l’issue de cette visite, rappelle samedi le quotidien Al Ahdath Al Maghribya, il avait appelĂ© le Roi Mohamed IV  »à mettre un terme Ă la poursuite de civils devant des tribunaux militaires ».
Tout en se montrant satisfaite de ce progrĂšs, la secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la fĂ©dĂ©ration internationale des droits de l’Homme, Amina Bouayach, a souligné : « Nous allons prĂ©senter nos remarques Ă ce sujet aprĂšs examen approfondi du contenu de ce projet de loi ». Elle a souhaitĂ© que cette rĂ©forme puisse rĂ©ellement mettre fin  »à toute poursuite de civils devant la justice militaire, quels que soient les chefs d’accusation ».Â
Pour Hicham Rachidi, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Groupe antiraciste de dĂ©fense et dâaccompagnement des Ă©trangers et migrants (GADEM), la fin des tribunaux militaires pour juger des civils au Maroc  »est une grande avancĂ©e ».
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MĂ©fianceÂ
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Lâadoption de ce projet de loi rappelle la condamnation, en fĂ©vrier 2013, de 24 Sahraouis supposĂ©es ĂȘtre impliquĂ©s dans les affrontements de Gdim Izik, Ă Layoune, au Sahara occidental, entre manifestants indĂ©pendantistes et forces de lâordre marocaines. Ils avaient Ă©tĂ© jugĂ©s par le tribunal militaire de Rabat et condamnĂ©s Ă des peines allant de deux ans dâemprisonnement Ă la perpĂ©tuitĂ©. Leur jugement par une juridiction d’exception avait Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© par Amnesty, HRW, et de nombreuses associations marocaines et sahraouies des droits de lâhomme.
Entre 1958, date de l’instauration de ces juridictions d’exception pour juger les civils, et la fin des  »annĂ©es de plomb » dans la dĂ©cennie 2000, des centaines de militants et opposants de la gauche marocaine ont Ă©tĂ© jugĂ©s et condamnĂ©s par des tribunaux militaires Ă de lourdes peines dans des camps de concentration.