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Vifs Ă©changes sur la situation en Libye au CPP, oĂč on soupçonne lâanimatrice, Souhila Benali, de sympathie pour le prĂ©sident Bouteflika.
Faut-il se fĂ©liciter quâun mauvais pouvoir prenne une bonne dĂ©cision ? La question a divisĂ© le CPP, jeudi 12 mars. Au CafĂ© Presse Politique de Radio M, El Kadi Ihsane a estimĂ© que la loi sanctionnant les violences contre les femmes, dĂ©cidĂ©e par Bouteflika, est « une avancĂ©e certaine sur le plan juridique ». Câest « plus que ce que jâattendais », sâest exclamĂ©e Souhila Benali, lâanimatrice de lâĂ©mission. A lâinverse, Khaled Drareni y a dĂ©celĂ© « un trĂšs grande hypocrisie ». Il a relevĂ© quâil a fallu 16 ans de pouvoir au prĂ©sident Bouteflika pour le faire, alors que des dĂ©cisions similaires ont Ă©tĂ© prises en 1956 en Tunisie et en 2002 au Maroc.
Dans le mĂȘme sens, Abed Charef trouve que cette loi est « contre-productive, inutile ». Il y dĂ©cĂšle « une posture, pas une position ou un choix politique », se demandant ce qui a changĂ© pour quâune « lumiĂšre » Ă©claire le gouvernement. Pour lui, le pouvoir « veut sĂ©duire pour acheter la paix. Il utilise tous les moyens, et pense acheter une frange de la sociĂ©té » par cette loi, quâil trouve inapplicable. « Il vaut mieux une mauvaise loi appliquĂ©e plutĂŽt quâune bonne loi non appliquĂ©e », dit-il. Pour Abed Charef, lâAlgĂ©rie a « un problĂšme de relation avec la loi, pas de contenu de la loi. Le pays doit rentrer dans la loi », a-t-il dit, affirmant que « le prĂ©sident de la rĂ©publique lui-mĂȘme fonctionne en dehors de la Constitution ».
Makri, islamiste « borné »
Mounir Boudjemaa signale que câest prĂ©cisĂ©ment le cas en Tunisie. La loi y est trĂšs avancĂ©e, mais les associations signalent quâelle nâest souvent pas appliquĂ©e. Il souligne « lâimpact de cette loi au plan international », oĂč la situation des femmes est « un indice trĂšs important » sur le dĂ©veloppement et les libertĂ©s. Il rappelle que le prĂ©sident Bouteflika « a toujours travaillé » sur cette voie, comme en atteste lâAssemblĂ©e Populaire Nationale qui comprend 30% de femmes. Bouteflika a « le souci de donner lâimage dâun prĂ©sident progressiste. Hillary Clinton lâa fĂ©licitĂ© sur cet aspect » lors dâun sĂ©jour Ă Alger.
SaĂŻd Djaafar refuse cet argumentaire sur le cĂŽtĂ© inapplicable de la loi. « Une loi promulguĂ©e peut toujours servir », dit-il. « Rien ne dit quâelle ne sera pas appliquĂ©e ». Il tire Ă boulets rouges sur le MSP et son prĂ©sident Abderrezak Makri, quâil qualifie dâislamiste « borné », avec ses discours et ses Ă©crits sur le sujet. Il dĂ©plore que le MSP soit le seul Ă sâexprimer au sein de la CNLTD. Khaled Dradreni a rappelĂ© que le MSP est allĂ© jusquâĂ demander aux maris de ne pas respecter cette loi.
Il restait au CPP Ă savoir si le point de vue de Souhila Benali sur le prĂ©sident Bouteflika a changĂ© avec lâadoption de cette loi. Question lui a Ă©tĂ© dĂ»ment posĂ©e. Elle a bottĂ© en touche, refusant de rĂ©pondre. Mais on aura notĂ© quâelle avait auparavant affirmĂ© : « Câest plus que ce que jâattendais », ce qui montre bien quâau CPP, il arrive que des actions du chef de lâEtat soient apprĂ©ciĂ©es positivement.
Lâimmense gĂąchis Chakib Khelil
Le CPP a aussi Ă©voquĂ© lâinĂ©vitable crise de In Salah, notamment aprĂšs les propos de lâancien PDG de Sonatrach, Nazim ZouiouĂšche, selon lesquels des quantitĂ©s de gaz dâune valeur de 450 milliards de dollars risquaient dâĂȘtre perdues Ă jamais en raison du non-respect des rĂšgles dâexploitation durant lâĂšre Chakib Khelil. « Ce quâa dit ZouiouĂšche est trĂšs grave. Câest autrement plus important. Câest lâargument le plus lourd jamais avancĂ© contre le gaz de schiste ». MĂȘme si « ce nâest pas nouveau, personne nâa donnĂ© autant de dĂ©tails sur les pertes ».
« Je suis sous le choc des rĂ©vĂ©lations de M. ZouiouĂšche », a dĂ©clarĂ© Abed Charef. La vĂ©ritĂ© de lâĂšre Khelil commence Ă apparaitre. Mais que nous cache-t-on encore ? », se demande-t-il, ajoutant que « M. Yousfi est un homme fini dans la gestion, Ă moins quâil nous dise ce qui sâest passĂ© durant lâĂšre Khelil. Quâest-ce qui sâest passĂ© au gisement de Hassi RâMel ? ».
El Kadi Ihsane tente de positiver, en relevant un fait positif avec la crise dâIn-Salah. Le premier ministre Abdelmalek Sellal a Ă©voquĂ© le besoin de relancer le projet Desertec, qui prĂ©voit de grands investissements algĂ©ro-europĂ©ens, pour exporter de lâĂ©nergie solaire. El Kadi Ihsane nâa pas exclu que ce soit « un plan B », et que cela constitue « une remise en cause de lâarbitrage que Yousfi a fait seul en faveur du schiste ». Il reconnait toutefois que lorsque « câest Sellal qui le dit, ça fait sourire ». Plus tranchĂ©, affirme quâil « ne faut pas prendre au sĂ©rieux ce que dit le premier ministre ».
Lâaccord inter-libyen : lâimage qui frappe
Le CPP est revenu aussi sur lâaccord inter-libyen paraphĂ© Ă Alger. Mounir Boudjemaa a affirmĂ© que lâimage qui lâa frappĂ©, câest celle du libyen Belhadj, ancien dâAl-QaĂŻda, participant Ă une rĂ©union officielle Ă la rĂ©sidence officielle Djenane El-Mithaq. « Sur le plan moral, câest difficile, mais la politique impose ce genre de situation », dit-il.
Le CPP sâest cependant attardĂ© sur le cĂŽtĂ© encore prĂ©caire de cet accord. « Quand on Ă©coute la radio algĂ©rienne, on a lâimpression que tous les problĂšmes ont Ă©tĂ© rĂ©solus », a dĂ©clarĂ© Khaled Drareni, qui regrette quâil nây ait pas de « coordination » entre efforts algĂ©riens et marocains. A lâopposĂ©, Mounir Boudjemaa estime que la diplomatie marocaine veut torpiller ce que fait lâAlgĂ©rie. « La Libye et le Mali sont partis en miettes. En Libye, on est Ă lâĂ©tape oĂč il fat ramasser les morceaux. Il y a beaucoup dâacteurs Ă©trangers prĂ©sents », a rappelĂ© Abed Charef.
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