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Arabie Saoudite-USA : le torchon brûle entre Biden et la famille royale

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Le torchon brĂ»le entre la Maison Blanche et la famille royale d’Arabie Saoudite, autrefois l’un des alliĂ©s les plus fidĂšles de Washington au Moyen-Orient, suite Ă  la derniĂšre dĂ©cision de l’Opep+ d’opĂ©rer des coupes drastiques dans sa production.

Washington a mis des pieds et des mains pour empĂȘcher la rĂ©duction de la production de l’Opep et dĂ©pĂȘchĂ© plusieurs Ă©missaires en Arabie saoudite afin de convaincre la famille royale de surseoir au projet de rĂ©duire Ă  nouveau la production de pĂ©trole. L’enjeu n’est pas des moindres pour l’administration de Joe Biden. Le PrĂ©sident amĂ©ricain espĂšre endiguer la hausse des prix de l’essence aux États-Unis avant les Ă©lections de mi-mandat et de limiter, par la mĂȘme, les revenus de la Russie tirĂ©s de la vente de ses hydrocarbures. Plusieurs hauts responsables amĂ©ricains en charge de l’énergie, de la politique Ă©trangĂšre et de la sĂ©curitĂ© nationale ont sĂ©journĂ© ces derniers jours en Arabie saoudite dans le but d’empĂȘcher une rĂ©duction de l’offre pĂ©troliĂšre de l’Opep. Ces tentatives se sont avĂ©rĂ©es vaines.

L’Opep+ a dĂ©cidĂ© de rĂ©duire sa production de 2 millions de barils par jour, faisant fi des pressions amĂ©ricaines et des pourparlers engagĂ©s par de hauts responsables US avec leurs homologues saoudiens. Cette dĂ©cision a encore tendu les relations entre la Maison Blanche du prĂ©sident Joe Biden et la famille royale d’Arabie saoudite. Il faut dire que la gestion par Washington de l’accord sur le nuclĂ©aire iranien et le retrait de son soutien aux opĂ©rations militaires d’une coalition dirigĂ©e par l’Arabie saoudite au YĂ©men ont fĂąchĂ© les responsables saoudiens. Ces deux facteurs ont Ă©tĂ© Ă  la source de l’entĂȘtement saoudien Ă  perpĂ©tuer l’option de la rĂ©duction de la production de l’Opep+ contre les pressions amĂ©ricaines en faveur d’une hausse de l’offre et d’une baisse des prix du pĂ©trole.

Le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz Ben Salman, n’a pas hĂ©sitĂ© de dĂ©cocher certaines flĂšches Ă  l’adresse des Etats-Unis qui tentent de faire aboutir l’option d’un plafonnement des prix du pĂ©trole russe, y voyant une source d’incertitude, notant, sur Bloomberg TV, un « manque de dĂ©tails et de clarté » quant Ă  la maniĂšre dont ce plafonnement sera mis en Ɠuvre. La dĂ©cision de libĂ©rer 180 millions de barils de pĂ©trole Ă  partir de la rĂ©serve stratĂ©gique amĂ©ricaine a exercĂ© une pression Ă  la baisse sur les prix du pĂ©trole. En mars, l’Opep+ a annoncĂ©, en reprĂ©sailles, qu’elle cesserait d’utiliser les donnĂ©es de l’Agence internationale de l’Ă©nergie (AIE) en raison des prĂ©occupations saoudiennes selon lesquelles les États-Unis avaient trop d’influence sur cette agence.

Le dernier Ă©pisode en date de cette relation tendue entre Washington et l’Arabie saoudite remonte Ă  jeudi ; Joe Biden qualifiant la dĂ©cision saoudienne de plaider en faveur d’une rĂ©duction de la production de l’Opep de « dĂ©ception », ajoutant que Washington pourrait prendre de nouvelles mesures sur le marchĂ© pĂ©trolier. Au CongrĂšs amĂ©ricain, les dĂ©mocrates de Biden ont appelĂ© au retrait des troupes amĂ©ricaines d’Arabie saoudite et le gel des ventes d’armes aux Etats de la rĂ©gion. Le ministre saoudien aux Affaires Ă©trangĂšres, Adel Al-Jubeir, a dĂ©clarĂ©, vendredi, Ă  Fox News,  que « l’Arabie saoudite ne politise pas le pĂ©trole ou les dĂ©cisions pĂ©troliĂšres ». Ces quelques propos de responsables US et saoudiens tĂ©moignent d’une relation dĂ©sormais compliquĂ©e entre les deux alliĂ©s. La dĂ©cision de l’Opep+ de rĂ©duire sa production aprĂšs que la Russie ait appelĂ© Ă  opĂ©rer une coupe d’un million de barils par jour n’a fait qu’envenimer les relations entre la Maison Blanche et la famille royale d’Arabie saoudite.

Ali. T.