M A G H R E B

E M E R G E N T

Maghreb

Amnesty International : La situation des droits de l’Homme en Algérie reste « préoccupante » malgré « quelques avancées »

Par Yacine Temlali 25 février 2016
La conférence de presse d’Amnesty International Algérie hier à Alger (ph. HuffPost Algérie).

La présidente d’Amnesty International a salué hier l’adoption de la loi contre les violences faites aux femmes. « Cependant, nous avons des réserves concernant la clause de pardon », a déclaré Hassina Oussedik. Cette clause, a-t-elle expliqué, épargne au conjoint des poursuites judiciaires si la victime lui « pardonne » sa conduite.

 

 

En dépit de plusieurs améliorations législatives et constitutionnelles en 2015, la situation des droits de l’Homme en Algérie reste préoccupante, a estimé Hassina Oussedik, la présidente de Amnesty International Algérie, mercredi 24 février lors de la présentation du rapport annuel 2015-2016 de cette ONG.

Hassina Oussedik, accompagnée de Younes Saadi, directeur de Amnesty International Algérie, ont dressé un bilan mi-figue, mi-raisin de la situation des droits de l’Homme. S’ils ont salué certaines avancées, dont l’adoption de la loi contre les violences faites aux femmes, ils ont exprimé de nombreuses réserves, dénonçant par la même occasion plusieurs atteintes et restrictions des libertés fondamentales.

Hassina Oussedik a dénoncé les atteintes aux libertés de réunion, d’association et d’expression, notamment la vague d’arrestations arbitraires des militants pour les droits des chômeurs, dont Rachid Aouine et Belkacem Khencha.

 

« Oulach Smah »

 

La présidente d’Amnesty International a salué les avancées enregistrées dans la protection des droits des femmes, notamment l’adoption de la loi contre les violences qui leur sont faites. « Cependant, nous avons des réserves concernant la clause de pardon », a déclaré Hassina Oussedik. Cette clause, a-t-elle expliqué, accroît la vulnérabilité des victimes de violences conjugales en épargnant au conjoint des poursuites judiciaires si la victime lui pardonne sa conduite.

Amnesty International Algérie a souligné que cette clause « problématique » expose les femmes aux risques de pression ou de violence pour les contraindre à retirer leur plainte. « Connaissant le rapport de force entre l’homme et la femme, nous nous imaginons bien que nous allons avoir beaucoup de « pardons » », a-t-elle ironisé.

 

Principes fondamentaux sans réponses

 

Lors de cette conférence de presse, tenue à l’hôtel Sofitel, il a également été question de la révision de la Constitution.

La présidente de Amnesty International Algérie et le directeur de cette ONG, Younes Saadi, ont évoqué les dernières réformes constitutionnelles, adoptées par le Parlement en janvier 2016. Ils ont salué les réformes liées à la détention préventive et la liberté de la presse, exprimant une fois de plus leurs réserves quant à l’absence de « principes fondamentaux ».

Reconnaissant, avec retenue, les modifications du Code de procédures pénales, qui ont instauré le droit du garde à vue de contracter un avocat, Amnesty International Algérie a regretté l’interdiction de ce dernier d’assister aux interrogatoires. « Cette constitution renforce certaines garanties et en introduit de nouvelles, mais, malheureusement, laisse certains principes fondamentaux sans réponses », a fait remarqué Hassina Oussedik.

« Concernant la liberté de la presse, nous saluons l’article 41 qui consacre la liberté des médias sans aucune forme de censure préalable. Cependant, cette disposition renvoie au respect des constantes et des valeurs morales, religieuses et culturelles. Il est important qu’il n’y ait pas de renvois à des lois nationales pouvant restreindre durablement les lois constitutionnelles, surtout quant elles donnent lieu à de larges interpellations », a-t-elle ajouté.

 

Des infractions préoccupantes

 

Hassina Oussedik et Younes Saadi sont cette fois-ci formels, qualifiant de « préoccupante » la situation des droits de l’Homme, marquée par les atteintes aux libertés fondamentales, notamment celles d’expression, de réunion et d’association.

L’Algérie est, malheureusement, en totale conformité avec la région du Moyen-Orient et ses tendances des répressions des libertés d’expressions », a-t-elle noté.

« Durant l’année passée, un certain nombre de militants des droits de l’Homme, des journalistes, des blogueurs et des citoyens ont été harcelés et poursuivis juste pour avoir exprimé de manière pacifique leurs opinions », fait de son côté savoir M. Saadi. Rappelons-nous de Rachid Aouine, qui a passé 6 mois de prison pour avoir posté un commentaire sur Facebook et de Belkacem Khencha ».

Belkacem Khencha, militant des droits des chômeurs à Laghouat, condamné à six mois de prison ferme pour « attroupement non autorisé », a d’ailleurs été condamné à une amende de 100.000 dinars mercredi dernier pour avoir témoigné des conditions de sa détention.

Amnesty International a aussi évoqué ce mercredi le droit au rassemblement pacifique. Plusieurs manifestations ont été interdites et réprimées en Algérie l’année dernière », a rappelé Hassina Oussedik, citant, entre autres, le sit-in de la CNLTD contre l’exploitation du gaz de schiste.

ARTICLES SIMILAIRES

Á la une Actualités

Maroc–Espagne : Pourquoi Sánchez n’a pas franchi la ligne Macron

La treizième Réunion de Haut Niveau entre le Maroc et l’Espagne, tenue les 3 et 4 décembre, s’est déroulée dans une atmosphère de retenue inhabituelle. Rabat espérait obtenir un soutien… Lire Plus

Á la une Actualités

Sommet Madrid–Rabat : idylle en haut, méfiance en bas

Le 13ᵉ sommet hispano-marocain de haut niveau qui se tient à Madrid les 3 et 4 décembre 2025 est présenté par Madrid et Rabat, comme l’expression d’une étape consolidée dans… Lire Plus

Actualités Maghreb

5G au Maghreb : trois pays, trois stratégies… à trois vitesses

Le Maghreb est en train de basculer dans l’ère 5G, mais à trois vitesses : l’Algérie vient tout juste de cadrer juridiquement le déploiement, la Tunisie a déjà lancé ses premières… Lire Plus

Actualités Maghreb

Après sa voisine algérienne, la Deglet Nour tunisienne obtient le label Codex Alimentarius

La variété tunisienne de la datte « Deglet Nour » a été inscrite aux normes Codex Alimentarius des spécificités aux dattes fraîches. Une annonce qui intervient quelques jours l’obtention du même label… Lire Plus

Á la une Actualités

Algérie – Sahara occidental : le PP espagnol déplaît à Rabat, qui l’accuse de “jouer avec le feu”

Les choix politiques du Parti Populaire espagnol (PP), qui pourrait revenir au pouvoir en cas de chute du gouvernement Sánchez, inquiètent Rabat. Depuis plusieurs semaines, des médias proches du pouvoir… Lire Plus