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Algérie

AlgĂ©rie – Le paiement par chĂšque obligatoire en juillet 2014 pour l’immobilier et les vĂ©hicules

Le gouvernement a fait une double marche arriĂšre Ă  propos du paiement par chĂšque

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Le gouvernement examinera, mercredi, un dĂ©cret exĂ©cutif pour l’instauration du paiement par chĂšque. La mesure concernera dans un premier temps, les transactions immobiliĂšres et l’acquisition de matĂ©riels roulants.

Selon une source au Premier ministĂšre, qui s’est confiĂ©e Ă  Maghreb Emergent, le dĂ©cret exĂ©cutif « fixant le seuil applicable aux opĂ©rations de paiements devant ĂȘtre effectuĂ©es par les moyens de paiement Ă  travers les circuits bancaires et financiers », qui sera prĂ©sentĂ© en conseil du gouvernement, a adoptĂ© une nouvelle approche. Il s’agit de fixer un seuil Ă  chaque type de transaction « susceptible de constituer un foyer pour le blanchiment d’argent ».
Le dĂ©cret fixe des seuils Ă  partir de cinq millions de dinars pour les transactions immobiliĂšres et un million de dinars pour l’acquisition du matĂ©riel roulant, d’équipement industriel neuf, de vĂ©hicules de tourisme et utilitaires, pour lesquelles le paiement par chĂšque sera obligatoire. D’autres biens de valeur auprĂšs de marchands de pierres et matĂ©riaux prĂ©cieux ainsi que d’objets d’antiquitĂ©s et Ɠuvres d’art sont Ă©galement concernĂ©s par ce dĂ©cret.
Entrée en vigueur aprÚs la présidentielle
Notre source ajoute que le dispositif vise, entre autres, Ă  contribuer « Ă  la lutte anti blanchiment, Ă  la lutte contre l’évasion fiscale et Ă  l’attĂ©nuation des activitĂ©s informelles » et, Ă  « limiter la circulation fiduciaire et attĂ©nuer l’usage du cash ». En dĂ©finitive le nouveau texte de loi vise Ă  « Ă©lever le niveau de bancarisation et d’insertion des transactions commerciales dans les circuits bancaires » en AlgĂ©rie.
Au plan pratique, le texte n’entrera en application que le 01 juillet 2014 «pour permettre aux opĂ©rateurs de se prĂ©parer Ă  l’application », ajoute notre source.
La double reculade du gouvernement 
Le nouveau texte est largement en retrait par rapport au dĂ©cret de 2010 qui fixait le seuil de l’obligation d’utilisation du chĂšque Ă  partir de 500.000 DA pour toutes les transactions commerciales. Mais le gouvernement Ouyahia avait Ă©tĂ© amenĂ© Ă  « diffĂ©rer » l’application de la mesure, au lendemain des Ă©meutes de janvier 2011 suite Ă  des hausses brutales des prix des produits alimentaires, l’huile et le sucre en particulier. Les pouvoirs publics soupçonnaient alors fortement des barons de l’informel, que la traçabilitĂ© financiĂšre inquiĂ©tait, d’ĂȘtre derriĂšre les Ă©meutiers.
Autre reculade du gouvernement, le texte proposĂ© aujourd’hui exclut tous les grossistes de l’informel et n’est applicable que pour deux secteurs (immobilier et matĂ©riel roulants) avec des seuils quasiment multipliĂ©s par 10.
35 milliards de dollars hors-circuit bancaire
Le secteur de l’informel domine largement l’économie algĂ©rienne au point d’en reprĂ©senter une grave menace pour les PME. Les statistiques sur la part du PIB qui Ă©chappe au Fisc avancĂ©s par des experts et jamais dĂ©mentis officiellement sont faramineux. Dans son intervention lors d’un colloque sur la relation entre les banques et les entreprises, organisĂ© le 15 octobre 2012 Ă  l’hĂŽtel El-Aurassi Ă  Alger, le PDG de la banque HSBC, Rachid Sekkak, avait estimĂ© que l’équivalent de plus de 35 milliards de dollars circule hors circuit bancaire en AlgĂ©rie. Cela reprĂ©sente 18% du produit intĂ©rieur brut (PIB).
Transactions informelles en hausse
Le gouvernement justifie la non application du dĂ©cret de 2010 « en raison de l’environnement qui n’a pas Ă©tĂ© suffisamment prĂ©parĂ© Ă  cette opĂ©ration, notamment en matiĂšre d’organisation des rĂ©seaux commerciaux ». Au vu de l’état des lieux aujourd’hui, les choses n’ont pas tellement changĂ©, estiment des Ă©conomistes qui considĂšrent que la progression des transactions illicites est vertigineuse et touche l’essentiel de l’économie hors secteur public.