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Commerce : quand la facture des importations efface les gains à l’export

Par Djaffer Ouigra 16 septembre 2025

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Au deuxième trimestre 2025, le port d’Alger a enregistré une hausse de 42 % des exportations. Mais dans le même temps, les importations ont progressé de 16 %, confirmant une tendance lourde depuis le début de l’année. Loin de refluer, la dépendance extérieure s’installe et pèse sur la balance commerciale.

Entre mars et juin, 1,976 million de tonnes de marchandises ont été débarquées, contre 1,703 million un an plus tôt. Cette progression de près de 16 % prolonge l’augmentation déjà relevée au premier trimestre (+24 % selon l’ONS). Concrètement, l’Algérie dépense plus en devises qu’elle n’en génère par ses exportations hors hydrocarbures, un déséquilibre qui remet en cause les ambitions de substitution annoncées par le gouvernement.

Une dépendance extérieure qui se renforce

La modernisation des infrastructures portuaires, engagée par l’ex-PDG de SERPORT Mohamed Karim Eddine Herkati, devait fluidifier les échanges et stimuler les exportations. Mais la réduction du séjour moyen des navires, passé de 4,49 à 3,44 jours, profite aussi aux importateurs. Les gains d’efficacité logistique ne se traduisent donc pas uniquement par un surcroît de recettes, mais facilitent également les entrées de biens de consommation, de matières premières et d’équipements.

Les autorités expliquent en partie cette poussée par l’importation massive d’ovins pour l’Aïd El-Adha. L’Entreprise portuaire d’Alger évoque un volume additionnel de 273 millions de tonnes. Un argument qui ne convainc guère. Un afflux saisonnier, aussi important soit-il, ne suffit pas à expliquer une hausse régulière des importations depuis le début de l’année. La réalité est que la production locale reste incapable d’absorber une demande intérieure en forte expansion.

Ce décalage est particulièrement visible au premier trimestre : selon l’ONS, les importations de biens ont progressé de 26,3 %. Un chiffre en contradiction directe avec les promesses du ministre du Commerce, Kamel Rezig, qui assurait que la production nationale prendrait rapidement le relais.

En additionnant des exportations en hausse et des importations encore plus dynamiques, l’Algérie se dirige vers un déséquilibre croissant. Les réserves de change, déjà sollicitées, risquent de s’éroder rapidement. Plutôt que d’accompagner une réindustrialisation attendue, l’actuelle dynamique pourrait renforcer une dépendance chronique. Sans correction, le pays pourrait se retrouver confronté à une crise de devises qui menacerait à la fois sa stabilité économique et sa souveraineté.

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