Les deux plus importantes transactions gaz du mois d’octobre ont été signées par l’Arabie saoudite et l’Algérie, selon les données du Tracker spécialisé Attaqa, bouleversant la hiérarchie habituellement dominée par le Qatar et l’Egypte. Le royaume wahhabite a levé 11 milliards de dollars pour développer le gisement de schiste de Jafoura, tandis qu’Alger a conclu un accord de 5,4 milliards avec la société saoudienne Madad North Africa Energy sur le permis Illizi Sud.
Jafoura : un projet clé pour la transition énergétique saoudienne
Le consortium réunissant le Fonds d’investissement public saoudien (PIF), Mubadala, le fonds souverain singapourien GIC et le Fonds arabe de l’énergie financera l’intégralité du développement du champ. Avec des réserves certifiées de 229 000 milliards de pieds cubes, Jafoura est le plus grand gisement non associé du royaume. L’objectif est de porter la production nationale de gaz de 18 à 28 milliards de pieds cubes par jour d’ici 2030, réduisant ainsi la part du pétrole dans la production d’électricité et libérant des volumes supplémentaires de brut à l’export.
Illizi Sud : Madad prend le risque, Sonatrach garde le contrôle
Le contrat de partage de production signé le 22 octobre prévoit un investissement global de 5,4 milliards de dollars sur trente ans, prolongeables de dix ans. Madad financera 100 % des opérations, y compris 288 millions de dollars pour la phase exploration. Le partenariat vise une production cumulée de 993 millions de barils équivalent pétrole, comprenant 125 milliards de mètres cubes de gaz commercialisable, 103 millions de barils de GPL et 101 millions de barils de condensats. Sonatrach reste opérateur et l’État percevra redevances et taxes selon la fiscalité en vigueur.
Egypte et Qatar : des stratégies de niche
L’Egypte a signé un accord de liquéfaction avec Chypre pour exporter le gaz du bloc Chronos (3,2 trillions de pieds cubes de réserves) vers l’Europe via ses terminaux d’Idku et Damiette. BP a également confirmé le forage de cinq nouveaux puits en Méditerranée à partir de la plateforme Valaris DS-12, avec l’objectif d’ajouter 800 millions de pieds cubes par jour d’ici 2027.
Le Qatar a sécurisé un débouché supplémentaire en Inde avec un contrat de 1 million de tonnes par an de GNL pendant 17 ans à compter de 2026, renforçant sa position sur le marché asiatique.
Irak : une première unité flottante pour réduire le torchage
Bagdad a signé avec Excelerate Energy l’installation d’une unité flottante de stockage et regazéification d’une capacité de 15 millions de mètres cubes par jour. Le projet vise à réduire le torchage de 18 milliards de mètres cubes annuels et à approcher l’autosuffisance électrique d’ici 2028.
Au total, plus de 20 milliards de dollars ont été mobilisés en un mois par six pays arabes. L’Arabie saoudite et l’Algérie, en tête du classement, affichent une stratégie commune : faire entrer des capitaux étrangers pour accélérer la mise en production de gisements non conventionnels ou sous-exploités, tout en préservant la maîtrise nationale des ressources. Une dynamique qui redessine la carte énergétique du monde arabe, du Sahara oriental à la Péninsule.