Selon le quotidien espagnol Confidencial Digital, les côtes des îles Baléares ont vu débarquer, en seulement quarante-huit heures, plus de 600 migrants à bord de petites embarcations parties d’Algérie. Cette vague a été décrite par les autorités locales comme inédite dans la période récente.
Interceptions massives et accueil d’urgence
La Garde civile et les services de sauvetage maritime ont intercepté de nombreuses embarcations en haute mer et dans les environs de criques ou de ports. Les migrants ont été transférés vers des centres d’accueil temporaires, tandis que d’autres ont été conduits dans des dépendances de la police nationale pour vérification d’identité et ouverture de dossiers administratifs et juridiques.
Tensions entre Madrid et Palma
La présidente du gouvernement des Baléares, Marga Prohens, a exprimé sa colère face à ce qu’elle considère comme un abandon de la part de l’exécutif central de Pedro Sánchez. Elle a réclamé une intervention directe de l’Union européenne, estimant que la crise dépasse les capacités des autorités locales et relève d’un enjeu continental.
Lors de sa visite à Palma, Pedro Sánchez a reconnu que, contrairement à d’autres routes migratoires, la baisse générale des arrivées irrégulières en Espagne ne se vérifie pas aux Baléares. Il a souligné la nécessité de renforcer la coopération diplomatique avec l’Algérie pour endiguer ce phénomène, une demande également portée par le Parti Populaire baléare.
L’alerte des forces de sécurité
Des sources sécuritaires espagnoles mettent en garde contre l’essor de la route maritime algérienne, favorisé par les conditions estivales et l’activité croissante des réseaux de trafic d’êtres humains. Les experts en migration préviennent que la pression sur les Baléares risque de s’aggraver sans politiques coordonnées en matière de contrôle, d’accueil et de coopération internationale.
L’explosion des arrivées en 2025
D’après la presse espagnole (Hoy Aragón), la situation a pris une ampleur exceptionnelle en 2025. Jusqu’au 1er août, 4.316 migrants ont atteint les côtes baléares à bord de 230 embarcations, soit une hausse de 97,4 % par rapport à la même période de 2024 (2.186 arrivées).
La tendance laisse présager un chiffre record d’environ 11.600 migrants d’ici la fin de l’année, pratiquement le double des 5.882 arrivées enregistrées en 2024. Cette croissance spectaculaire confirme la place des Baléares comme l’une des principales routes migratoires vers l’Espagne.
Le poids de la migration algérienne
Toujours selon Hoy Aragón, sur ce total, 3.482 migrants sont originaires d’Algérie et de pays subsahariens, partis à bord de 182 pateras depuis les côtes nord-africaines. La proximité géographique, la fragilité économique en Algérie et l’efficacité des réseaux de passeurs expliquent en grande partie cette pression migratoire.
Les autorités espagnoles estiment que l’Algérie est désormais au cœur de la dynamique migratoire qui touche les Baléares. Ce constat a poussé Madrid à envisager un renforcement des négociations bilatérales avec Alger, afin de mettre en place des mécanismes de coopération et de réadmission des migrants en situation irrégulière.
Entre humanitaire et sécurité
Les organisations humanitaires, de leur côté, appellent à garantir des conditions d’accueil dignes pour les migrants, rappelant que le traitement de la crise ne doit pas se réduire à un durcissement de la surveillance mais inclure la protection des droits fondamentaux de ceux qui risquent leur vie en mer.
Parallèlement, le syndicat de police Jupol a demandé la signature d’accords de réadmission avec le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Sénégal, afin de permettre un renvoi automatique des migrants irréguliers et de mettre fin aux réseaux de migration clandestine.
Une crise qui redéfinit la carte migratoire espagnole
Le cas des Baléares illustre un changement dans les dynamiques migratoires vers l’Espagne. Alors que d’autres routes connaissent une baisse, l’archipel s’impose comme un nouveau point critique. La combinaison de facteurs géographiques, économiques et criminels en fait désormais un enjeu central dans le débat espagnol et européen sur l’immigration.