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 Les ports pĂ©troliers libyens ont repris une activitĂ© presque normale, selon le gouvernement de Tripoli. Câest le signe dâune amĂ©lioration sur le terrain, mĂȘme si elle demeure prĂ©caire.
La Libye semble vivre une Ă©claircie, aprĂšs avoir frĂŽlĂ© le pire en fin de semaine, quand le parlement, en signe dâimpuissance, avait fait appel Ă une intervention Ă©trangĂšre pour rĂ©tablir lâordre et mettre fin au rĂšgne des milices qui ont pris le pays en otage. AprĂšs plusieurs semaines de dĂ©rive, marquĂ©es par des affrontements qui ont fait des dizaines de morts autour de lâaĂ©roport de Tripoli, le parlement, fraichement Ă©lu, a fait le constat de son impuissance, et pris une initiative controversĂ©e sous la forme dâun appel Ă lâaide Ă©trangĂšre.
Lâextension des combats avait provoquĂ© un exode massif de ressortissants Ă©trangers, la plupart des pays dĂ©cidant dâĂ©vacuer leurs ressortissants dans des conditions difficiles. Nombre dâentre eux transitaient par la Tunisie, qui sâest retrouvĂ©e en difficultĂ© face Ă un afflux massif de rĂ©fugiĂ©s. Tunis a envisagĂ©, Ă son tour, une fermeture de sa frontiĂšre avec la Libye en cas de persistance des affrontements.
Signe de cette incapacitĂ© de lâEtat libyen Ă faire face Ă la situation, le chef de la police de Tripoli, le colonel Mohamed al-Souissi, a Ă©tĂ© assassinĂ©, mardi dernier, dans une sorte de dĂ©fi des groupes armĂ©s Ă lâEtat libyen. LâĂ©volution Ă©tait telle que la « somalisation » de la Libye Ă©tait publiquement envisagĂ©e par de nombreux analystes.
Effet immédiat
Le cri dâalarme du parlement libyen a eu un effet presque immĂ©diat sur le secteur pĂ©trolier libyen. DĂšs jeudi, le gouvernement libyen a annoncĂ© que tous les ports du pays Ă©taient repassĂ©s sous contrĂŽle de l’Etat, et placĂ©s sous la direction des autoritĂ©s de supervision des ports. Le gouvernement prĂ©cisait, dans un communiquĂ© officiel, que le port de Benghazi, la grande mĂ©tropole de lâest, et son terminal pĂ©trolier, fonctionnaient de nouveau « dans les meilleures conditions », en offrant toutes les prestations, dont les activitĂ©s de dĂ©chargement des cargaisons de produits pĂ©troliers. Tous les types de navire et de pĂ©trolier Ă©taient autorisĂ©s Ă accoster au port de Benghazi, conformĂ©ment aux engagements contractuels passĂ©s avec les organismes libyens habilitĂ©s Ă cet effet, comme la Compagnie nationale libyenne de pĂ©trole, selon le gouvernement.
Les principaux terminaux pĂ©troliers Ă l’Est du pays Ă©taient fermĂ©s pendant plus de dix mois par des protestataires. Mais un accord a permis de lever, dans une premiĂšre phase, le blocus de deux ports, Al-Harrigua et Zueitina, avant ceux de Ras Lanouf et Al-Sedra.
InquiĂ©tude de lâONU et de lâUnion Africaine
Cette crise des ports, avec celle des champs pĂ©troliers, avait fait chuter la production libyenne Ă moins de 200.000 barils/jour, un dixiĂšme de la production du pays en temps normal. Ce recul nâa toutefois pas eu dâimpact sur le marchĂ© international du pĂ©trole, qui avait anticipĂ© cette Ă©volution, alors que le gouvernement en Ă©tait arrivĂ© Ă menacer de bombarder les navires qui chargeaient du pĂ©trole sans son aval, en passant des accords illĂ©gaux avec des chefs de milices.
Mais malgrĂ© cette relative accalmie, tout reste Ă faire pour les autoritĂ©s libyennes. Les affrontements dans les deux grandes villes du pays ont sĂ©rieusement affectĂ© des services publics dĂ©jĂ dĂ©faillants, alors quâau plan international, les Nations-Unies et lâUnion africaine «exprimaient leur inquiĂ©tude. LâONU a dĂ©pĂȘchĂ© une dĂ©lĂ©gation pour une mĂ©diation dans lâouest, alors que le Conseil de paix de lâUnion africaine appelait Ă la fin des affrontements Ă lâĂ©tablissement dâun dialogue national pour sortir de la crise.