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A la veille d’une semaine décisive, le pétrole se maintient au-dessous de 50 dollars

Par Yazid Ferhat 24 mai 2016

Publication de l’état des stocks américains mercredi, réunion de l’OPEP le 2 juin : le prix du pétrole entre dans une zone d’incertitude, avec peut-être un tournant majeur avant la nouvelle saison.

 

Deux semaines après avoir franchi la barre des 45 dollars, le baril de pétrole peinait toujours, mardi soir, à dessiner une évolution nette, se maintenant toujours sous la barre des 50 dollars. En milieu d’après-midi, le baril de brent de la mer du nord frôlait de nouveau les 50 dollars, atteignant 48.92 dollars, après avoir gagné 1.16%, soit près de 56 cents. A New-York, le baril s’échangeait à peine un peu plus bas, à 48.80 dollars, gagnant 1.54%.

Peu d’éléments ont perturbé cette donne durant la semaine écoulée. L’attaque d’un site gazier au Nigeria a été le seul élément susceptible de pousser les prix vers le haut. A l’inverse, les incertitudes sur l’économie chinoise, la persistance d’une offre abondante, les déclarations iraniennes sur le refus de Téhéran de limiter sa production et la fin des gigantesques incendies de forêts au Canada, avec une prochaine reprise de la production, ont constitué autant de facteurs de pression sur les prix.

Un nouveau virage devrait être pris dès mercredi, avec la publication attendue sur les stocks américains. Il suffirait que ceux-ci soient en baisse pour que le prix puisse franchir la barre des 50 dollars. Plusieurs facteurs plaisent en ce sens, notamment la baisse continue des forages de schiste aux Etats-Unis, et l’arrêt, pendant une semaine, de la production dans l’Alberta, au Canada, suite aux feux de forêt qui ont forcé à l’évacuation de dizaines de milliers d’habitants.

Nouveau régulateur

A l’inverse, une hausse des stocks maintiendrait les prix dans une stagnation molle, entre 45 et 50 dollars, en attendant une évolution plus significative, peut-être à l’occasion de la réunion de l’OPEP, prévue le 2 juin.

En attendant, le marché a relativement bien résisté, tenant compte d’abord des fondamentaux, qui restent favorables à une évolution des prix à la hausse. Les spécialistes privilégient toujours deux facteurs essentiels. La baisse des prix à un niveau trop bas pendant plus d’une année a disqualifié la production de schiste américain, et risquait de l’éliminer complètement si cette tendance se maintient. Or, c’est précisément l’explosion du pétrole de schiste américain (plus de quatre millions de barils/jour en 2014) qui a provoqué le renversement du marché.

D’un autre côté, les investissements continuent de baisser, ouvrant même la porte, à terme, à un contre-choc pétrolier, selon le spécialiste algérien Mourad Preure, président du cabinet Emergy. Depuis 2013, année où ils dépassaient 400 milliards de dollars, les investissements ont baissé de moitié, selon Mourad Preure. L’impact a été rapidement ressenti, notamment aux Etats-Unis, sur la production de pétrole de schiste. Les puits de schiste, qui s’épuisent rapidement, étaient encore près de 1.500 l’année dernière, contre à peine un peu plus de 400 en 2016.

Nervosité

Par ailleurs, dès cette semaine, les prix devraient gagner en nervosité, anticipant les décisions de la réunion de l’OPEP, le 2 juin. L’Arabie Saoudite, premier acteur au sein de l’OPEP, pèsera fortement pour donner une orientation du marché. Mais le jeu de Ryad se complique de plus en plus. En plus de ses soucis de politique régionale, avec ses relations compliquées avec l’Iran, Ryad veut se lancer dans une ambitieuse nouvelle politique supposée réduire sa dépendance envers le pétrole, avec notamment la création d’un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars. Comment ce choix majeur va-t-il influer sur le marché dans l’immédiat ?

L’Arabie Saoudite a également le souci de sauver son alliance historique avec les Etats-Unis, sérieusement mise à mal ces derniers mois. Cette relation a été encore mise sous tension par la menace américaine de publier une partie du rapport sur les attentats du 11 septembre, jusque-là classé.

Mais contrairement à une idée répandue, Ryad n’a pas de soucis budgétaires. Il lui suffit de baisser sa production pour gagner plus d’argent. Mais cela va-t-il servir sa politique visant à garder le pétrole comme source d’énergie incontournable sur le long terme? Ryad veut garder la main : elle veut être le régulateur du marché, ce qui signifie qu’elle doit empêcher le pétrole de schiste américain de s’acquérir ce rôle.

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