Les deux appareils qui portent le nom trĂšs Ă©vocateur dâOum Dormane ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en AlgĂ©rie pour rĂ©paration, peu de temps aprĂšs le fameux match qui a opposĂ© lâAlgĂ©rie Ă lâEgypte dans la ville soudanaise dâOum Dormane en novembre 2009.
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Deux Boeings 737  appartenant Ă la compagnie aĂ©rienne soudanaise Sun Air sont parquĂ©s Ă lâaĂ©roport Houari BoumediĂšne dâAlger depuis au moins sept ans. Une intrigante affaire qui semble embarrasser aussi bien Air AlgĂ©rie que lâambassade du Soudan.
Les deux appareils qui portent le nom trĂšs Ă©vocateur dâOum Dormane ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en AlgĂ©rie pour rĂ©paration, peu de temps aprĂšs le fameux match qui a opposĂ© lâAlgĂ©rie Ă lâEgypte dans la ville soudanaise dâOum Dormane en novembre 2009, nous rĂ©vĂšle une source Ă Air AlgĂ©rie.
« Il sâagissait dâune sorte de cadeau offert par lâAlgĂ©rie aux Soudanais aprĂšs le soutien quâils ont exprimĂ© Ă notre Ă©quipe», explique notre source. Mais les Soudanais nâont  jamais rĂ©cupĂ©rĂ© leurs appareils. Notre source qui nâa pu nous dire si Air AlgĂ©rie a offert ses services gracieusement Ă la compagnie soudanaise, ajoute que les troubles quâa connus le Soudan, et qui se sont soldĂ©s par la scission du pays, en juillet 2011, Ă©taient Ă lâorigine de lâabandon des deux appareils.
Une autre source Ă Air AlgĂ©rie, parlant sous couvert dâanonymat pour des raisons Ă©videntes, nous dira que la rĂ©paration des deux Boeing devait ĂȘtre payante et câest prĂ©cisĂ©ment lâincapacitĂ© de la compagnie soudanaise Ă payer les frais de rĂ©paration qui lâont poussĂ© Ă abandonner ses appareils en AlgĂ©rie.
Air Algérie se mure dans le silence
Nous avons tentĂ© pendant prĂšs de quatre semaines dâavoir la version officielle de la compagnie Air AlgĂ©rie au sujet de cette affaire, mais sans succĂšs.
Au niveau de la direction de la maintenance dâAir AlgĂ©rie, on nous a promis de rĂ©pondre Ă nos questions Ă condition de passer par la direction de la communication. Celle-ci Ă©tait injoignable par tĂ©lĂ©phone et nâa pas non plus rĂ©agi Ă une demande Ă©crite.
Pourtant, le 19 fĂ©vrier dernier, au moment mĂȘme oĂč nous tentions dâentrer en contact avec la direction de la communication, le ministre des Travaux publics et des transports, Boudjemaa Talai avait clairement indiquĂ© que la gestion d’Air AlgĂ©rie devait ĂȘtre « transparente ».
« Le nouveau directeur gĂ©nĂ©ral par intĂ©rim doit rendre la gestion d’Air AlgĂ©rie transparente. Tout doit ĂȘtre visible, pas uniquement les comptes, pour que cette entreprise historique reprenne son droit chemin et son dĂ©veloppement », avait-t-il dĂ©clarĂ© Ă lâAPS, lors de l’installation du nouveau directeur gĂ©nĂ©ral par intĂ©rim.
Lâambassade du Soudan dans la gĂȘne
Lâambassade de la RĂ©publique du Soudan Ă Alger a tout simplement refusĂ© de rĂ©pondre Ă nos questions sans donner dâexplications Ă ce refus. « Les responsables de lâambassade nâont pas de rĂ©ponse Ă vous donner », nous a-t-on simplement annoncĂ© au niveau de lâambassade. La prĂ©sence des deux appareils sur le tarmac de lâaĂ©roport Houari BoumediĂšne dâAlger embarrasse ostensiblement les cadres de lâambassade dont la plupart ont Ă©tĂ© nommĂ©s, avons-nous appris,  bien aprĂšs la rĂ©ception de ces appareils soudanais par Air AlgĂ©rie.
Sun Air est une compagnie aĂ©rienne soudanaise privĂ©e basĂ©e Ă Khartoum qui a dĂ©marrĂ© ses activitĂ©s en 2008. Le fait quâelle appartienne au secteur privĂ© pourrait expliquer le peu dâintĂ©rĂȘt que lui accorde lâEtat soudanais.
Le site de la compagnie Ă©tant en construction, nous apprendrons sur Wikipedia que Sun Air assure des liaisons internes mais Ă©galement vers des pays dâAfrique et du Moyen-Orient et dispose de deux  Boeings 737-200 et dâun Boeing 737-300. Autrement dit, 66% de sa flotte est actuellement bloquĂ©e Ă Alger.
Ce que dit la loi algérienne
InterrogĂ© par Maghreb Emergent, Me Sofiane Abaoub, avocat Ă la Cour dâAlger assure que la loi algĂ©rienne est claire sur ce genre dâaffaires. « Il sâagit dâabord pour Air AlgĂ©rie de mettre en demeure la compagnie soudanaise au bout dâune certaine pĂ©riode qui doit ĂȘtre, en thĂ©orie, dĂ©terminĂ©e dans le contrat liant les deux compagnies », explique-t-il.
« Si la partie soudanaise ne rĂ©agit par Ă la mise en demeure, les deux appareils devront ĂȘtre saisis avant dâĂȘtre vendus aux enchĂšres », poursuit-il.
 « Ce quâil ne faut pas oublier, insiste Me Abaoub, câest quâAir AlgĂ©rie est perdante, puisque les deux appareils occupent, depuis des annĂ©es, un espace que la compagnie algĂ©rienne aurait pu rentabiliser ».