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La Libye veut plus de financements européens pour lutter contre les départs de migrants

Par Maghreb Émergent 3 février 2017

Le Premier ministre libyen Fayez al Sarradj a demandé jeudi des financements supplémentaires aux chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union européenne qui se réunissent vendredi à Malte pour aider son pays à endiguer le flux de migrants partant des côtes libyennes vers l’Europe.

L’UE a décidé de renforcer la formation des garde-côtes libyens et décidé d’augmenter son aide à la Libye et à d’autres pays africains pour qu’ils ferment leurs frontières aux migrants cherchant à quitter l’Afrique pour une vie meilleure en Europe.
Ces migrants sont considérés par l’UE comme majoritairement « économiques » et devant de ce fait être refoulés.
Mais Fayez al Sarradj estime que ce n’est pas suffisant. Il l’a dit dans des déclarations qu’il a faites conjointement avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui présidera le sommet européen de Malte vendredi.
« Nous espérons que les mécanismes de l’UE pour aider la Libye seront plus réalistes. Nous ne mentionnerons pas les montants accordés à la Libye pour cette aide parce qu’ils sont très modestes, très petits », a-t-il déclaré.
L’UE n’a pas publié de chiffre pour son aide à la Libye mais le montant devrait être faible par rapport aux six milliards
d’euros promis l’an dernier à la Turquie pour qu’elle endigue le flux de migrants partant de ses côtes vers la Grèce.
Depuis la fermeture de l’accès à l’Union européenne via la Turquie et la Grèce, la traversée de la Méditerranée des côtes libyennes vers l’Italie est la principale voie d’entrée des migrants dans l’UE. Plus de 180.000 personnes l’ont empruntée l’an dernier dont 25.000 mineurs isolés.
Cette route est en outre très dangereuse, les migrants étant contraints par les passeurs à s’entasser sur des embarcations trop petites pour leur nombre. Plus de 5.000 personnes se seraient noyées l’an dernier en voulant effectuer la traversée.
Mais la quasi-absence d’Etat en Libye rend difficile la conclusion d’un accord. Le gouvernement Sarradj a bien du mal à établir son contrôle à Tripoli et au-delà. Il est contesté par des groupes très divers et notamment par le puissant général Khalifa Haftar qui dirige l’Armée nationale libyenne (ANL) dans la bataille qui l’oppose aux islamistes pour prendre le contrôle de Benghazi, la deuxième ville de Libye.

En grand danger

Les responsables européens se disent conscients du problème. « Nous faisons ce qui est vraiment nécessaire (…) et nous le faisons efficacement. Est-ce que nous sommes en train de faire une contribution importante pour améliorer la situation ? Oui », déclare-t-on dans les milieux européens à Berlin. « Est-ce que cela résoudra tous les problèmes ? Non. »
L’Italie a annoncé mercredi la mise en place d’un fonds de 200 millions d’euros pour aider les pays africains à contrôler leurs frontières dans le cadre des mesures souhaitées par l’Union européenne.
« L’Europe a montré qu’elle est capable de fermer les routes illégales de la migration », a déclaré Donald Tusk, s’appuyant sur l’accord conclu en mars 2016 avec la Turquie. « Il est temps maintenant de fermer la route de la Libye vers l’Italie (…).
C’est à notre portée. Ce dont nous avons besoin est une pleine détermination à faire cela », a-t-il ajouté.
Fayez al Sarradj a également laissé entendre qu’il pourrait laisser les navires étrangers entrer dans les eaux territoriales libyennes en fonction de l’aide qu’il obtiendra pour renforcer
sa marine. Pour l’heure, l’UE n’est autorisée à intercepter les bateaux affrétés par les passeurs que dans les eaux internationales.
Réagissant au projet européen, l’organisation humanitaire Oxfam a déclaré qu’il revenait à « abandonner une nouvelle fois les droits des migrants, et donc des réfugiés ».
« Les projets de coopération plus étroite avec la Libye sont une externalisation délibérée du contrôle des migrations vers ce pays déchiré par les conflits où les migrants sont en grand danger de mauvais traitements, voire de mort », déclare Oxfam dans un communiqué.
« Les dirigeants européens jettent de l’argent aux autorités dans une Libye déchirée par la guerre sans les contrôles nécessaires (…) », ajoute l’organisation britannique.
L’EU s’interroge sur la nécessité d’accorder des financements supplémentaires au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour améliorer les conditions de vie des migrants dans les camps libyens,développer les retours volontaires des migrants arrivés en Libye dans leur pays d’origine et mieux aider ceux qui peuvent véritablement prétendre au droit d’asile en Europe.
Mais le HCR a fait savoir qu’il y une limite à ce que les organisations internationales humanitaires peuvent faire sur le terrain. Il explique qu’elles n’ont pour l’instant accès qu’à 15
des 34 centres de rétention recensés en Libye.

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