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Hydrocarbures

Retour du pétrole iranien en l’Europe : Téhéran veut faire pression pour rediscuter ses quotas (Amor Khelif)

Par Yazid Ferhat 8 mars 2016

« Le fait que les iraniens réussissent à placer un million de baril de pétrole dans le marché européen en un temps record signifie que leur stratégie diplomatique est excellente. Mais tout n’est pas gagné, nous devrions attendre pour voir si les autres grands producteurs sont prêts à lui faire de la place ».

 

Contre toute attente, l’Iran  vient d’introduire un million de barils de pétrole brut en Europe. Une première depuis quatre ans. Cette quantité est arrivée le 06 mars au port espagnol d’Al Jaciras, rapporte l’agence Bloomberg. Les observateurs de la scène énergétique n’avaient pas tranché sur la capacité  de l’Iran à vendre les 500.000b/j prévus d’être augmentés aussitôt les sanctions levées. Cette première livraison pétrolière iranienne à l’Europe annonce donc une nouvelle donne stratégique mondiale, d’autant plus que le pays s’est frayé un chemin dans le marché turc avant même cette levée des sanctions. En effet, l’agence iranienne IRNA a annoncé le 05 mars, que le pays est devenu le deuxième fournisseur pétrolier de la Turquie après l’Irak. 110.000 barils/j étaient vendus à ce pays au cours de la dernière année, permettant à l’Iran d’avoir 22% des parts de marché pétrolier turc.

Augmenter ses exportations  à 2 millions de b/j

Interrogé par Maghreb Emergent sur l’arrivée brutale du pétrole iranien en Europe, l’expert en énergie Amor Khelif y voit  une prouesse de la diplomatie iranienne qui est parvenue à vendre une quantité inattendue  dans un temps record. « Le fait que les iraniens réussissent à placer un million de baril de pétrole dans le marché européen signifie que leur stratégie diplomatique est excellente », a-t-il estimé. Et d’ajouter : « Cela signifie surtout que les iraniens sont décidés à faire pression sur les grands producteurs à savoir l’Arabie Saoudite et le Qatar pour les pousser à revenir à la table des négociations et revoir les quotas de production ». M Khelif explique que cette pression s’exercera  de manière « indirecte », par l’inondation du marché de pétrole iranien, au moment où les grands producteurs (l’Arabie Saoudite, Russie, Qatar et le Venezuela) s’apprêtent à discuter un gel de production dans les prochaines semaines.

Téhéran projette d’augmenter sa production journalière à 3.6 millions de barils/j. Les exportations pétrolières du pays seront bientôt élevées à 2 millions de b/j, selon les déclarations du ministre iranien de l’économie et des finances Ali Tayebnia. Bloomberg révèle que d’autres navires pétroliers iraniens se dirigent vers l’Europe, dont un prend la destination de la Roumanie, un autre de la France et un troisième qui se dirigera vers un port méditerranéen non défini. Toutefois, la tache ne sera de tout repos pour l’Iran, qui doit s’attendre aux ripostes des grands producteurs pétroliers mondiaux. «  Nous devrions attendre pour voir si la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Irak et d’autres fournisseurs sont prêts à lui faire de la place », conclut-il.

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