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A la 103e réunion de l’OIT à Genève, l’Algérie a fait de la figuration

Par Maghreb Émergent 3 juin 2014
La délégation algérienne à la 103e réunion de l'OIT à Genève était particulièrement fournie, mais n'a formulé aucune proposition sur les thèmes retenus (DR)

La délégation algérienne à la 103ème session de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui s’est ouverte le 28 mai dernier à Genève, est de loin la plus nombreuse des représentations nationales.

Le site de cette organisation des Nations Unies, qui publie la liste des délégations nationales participant à ce rendez-vous tripartite indique que celle de l’Algérie comprend 89 personnes, dont 21 pour la seule UGTA. A titre de comparaison, l’Allemagne a envoyé 34 représentants, dont 8 syndicalistes, les Etats Unis 15, dont 9 militants de l’AFL-CIO, la Tunisie 25 dont 6 déléguées seulement pour l’UGTT, qui est sans doute plus préoccupée par le rôle central qu’elle joue dans la conduite de la transition dans son pays.
La réunion annuelle de l’OITa mis, cette année, à son ordre du jour l’examen de trois grands chapitres, à savoir, l’application des normes, le travail forcé et la transition de l’économie informelle.
L’UGTA est aussi le pompier exterieur du régime
Selon des représentants de syndicats autonomes, cette présence pléthorique de l’ex-syndicat unique est « un retour d’ascenseur, eu égard au rôle de pompier que joue la direction de l’UGTA dans la défense du gouvernement algérien au plan international». On s’en souvient que, sur la question des normes, l’Algérie a été pointée du doigt lors de la 100ème session. Les syndicats autonomes avaient émis une plainte contre l’Algérie pour la violation de l’article 87 à la Convention, qui stipule que «tout membre de l’Organisation internationale du travail pour lequel la présente convention est en vigueur s’engage à prendre toutes mesures nécessaires et appropriées en vue d’assurer aux travailleurs et aux employeurs le libre exercice du droit syndical».
Elle a échappé de peu à la traduction devant la Commission de l’application des normes de la Conférence internationale du travail (CIT), en grande partie grace au lobbying d’une délégation de l’UGTA conduite par son inamovible secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Said, qui n’a pas manqué d’ailleurs de se targuer de ce rôle qui n’honore en rien l’organisation de Aissat Idir.
Mais cela ne semble qu’un répit, car Human Rights Watch (HWR) et le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH), ont de nouveau saisi l’OIT pour relancer la procédure afin d’obtenir une condamnation de l’Algérie. « L’OIT devrait saisir cette opportunité pour rappeler à l’Algérie que le respect des droits du travail implique de laisser les travailleurs former des syndicats et mener des activités syndicales sans ingérence du gouvernement, » a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique de HRW, à la veille de cette conférence.
Pas de propositions algériennes concernant l’informel

Par contre, sur le de point de l’ordre du jour qui traite de l’économie informelle, dans le rapport qui recueille les propositions des membres et qui servira de base aux discussions, l’UGTA ne soumet aucune proposition ni remarque. Il en est d’ailleurs de même des organisations patronales algériennes ainsi que du gouvernement lui même. Cette question du passage de l’économie informelle vers l’économie formelle a été introduite par le conseil d’administration du Bureau International du Travail (BIT), en mars 2013 pour être traitée dans l’actuelle session de l’OIT. Dan son exposé des motifs, le BIT fait le constat que « dans le monde d’aujourd’hui, la majorité des gens travaillent dans l’économie informelle, parce que, pour la plupart, il leur est impossible de trouver un autre travail».

C’est ainsi qu’on retrouve plusieurs analyses et proposition de pays, de groupes de pays ou d’organisations syndicales ou patronales. A titre d’exemple, le Mali, le Sénégal, l’Ouganda, la Tunisie et les Etats-Unis notent, dans un commentaire commun, que « l’économie informelle regorge d’importantes opportunités d’emplois et de revenus qu’il faut sauvegarder et valoriser dans le cadre de la formalisation. C’est un secteur très fragile et toutes mesures inappropriées risqueraient de casser les dynamiques développées par ses acteurs ».
La Tunisie et le Maroc estiment, ensemble, qu’« il faut instituer des régimes de sécurité sociale qui soient adaptés aux travailleurs du secteur informel – procédures d’adhésion, paiements de cotisations, octroi des prestations, et qui tiennent compte de la capacité contributive de ces catégories.. ».

Un désintérêt sidérant à l’informel

Avec prés de 40% des activités économiques qui échappent au Fisc, selon des chiffres avancés par plusieurs experts et jamais démentis jusque-là, et des millions de travailleurs qui ne bénéficient d’aucune couverture sociale ou de droits à la retraite, il est pour le moins surprenant que l’UGTA n’ait aucune proposition à faire pour avancer dans la voie de l’insertion de ces activités économiques dans la sphère légale.
Sur un plan plus général, il est tout de même légitime que les travailleurs se demandent pourquoi on déplace une représentation de près d’une centaine de personnes ( un avion !) pour un séjours de plus d’une semaine au bord du Lac Leman si, au préalable, les différents acteurs tripartites n’ont pas pris la peine d’inscrire leur participation dans les dossiers importants que posent aujourd’hui la mondialisation, et qui sont ouverts par l’Organisation internationale du travail.

 

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